Togo : Les résultats de l’étude sur les impacts de l’inculturation des droits et devoirs de l’enfant validés

Société Civile Médias
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(Société Civile Médias) – Elaboré grâce à l’ONG CREUSET Togo et ses partenaires KiRA et la coopération allemande puis, diffusé depuis 2017 dans les régions Centrale et de la Kara, le guide d’inculturation des droits et devoirs de l’enfant a permis de traduire quelques droits et devoirs des enfants en langues locales, les rendant ainsi plus accessibles au sein de plusieurs communautés togolaises. Il s’agit notamment de celles où sont parlées les langues Kabyè, Ewé, Tem, Moba, Lamba, Bassar et Nawda. Plus de trois ans après la diffusion de ce document, une étude externe commanditée par Creuset Togo a permis d’évaluer son effet sur le terrain, en vue de tirer les enseignements nécessaires pour une bonne duplication de cette approche dans les nouvelles zones d’intervention. Les résultats de cette étude ont été présentés ce mardi 28 décembre à Lomé aux acteurs clé de la protection de l’enfant. Il s’agit d’obtenir leurs contributions en vue de son amélioration.

Pourquoi un guide d’inculturation des droits et devoirs de l’enfant ?

L’élaboration du guide d’inculturation des droits et devoirs de l’enfant, il faut le rappeler, se situe dans le cadre de la mise en œuvre du « Projet de renforcement des mécanismes institutionnels, communautaires et participatifs pour la protection des enfants contre la violence et les pratiques culturelles néfastes comme le mariage précoce et forcé, la traite des enfants et l’exorcisme au Togo ».

Elle est partie du constat qu’en dépit de l’arsenal juridique dont dispose le Togo, beaucoup d’enfants sont toujours victimes de diverses violations de leurs droits au sein des communautés.

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Le consultant au cours de la présentation du rapport de l’étude

« Les ONG KiRA, CREUSET Togo et leurs partenaires se sont rendus compte, au cours de leurs actions de promotion des droits de l’enfant en milieu rural, que les populations villageoises méconnaissaient encore fortement les droits des enfants, voire les rejetaient carrément. Intrigués par cette situation de rejet, ces acteurs de protection ont cherché ce qui pouvait heurter les populations et susciter les réactions hostiles constatées », explique Juste Nimnora, chargé de projet et assistant juridique à l’ONG Creuset Togo.

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D’après M. Nimnora, l’expression « droits de l’enfant » existe ou est traduite dans certaines langues, mais ce qu’elle exprime réellement diffère d’une localité à une autre ou d’une langue à une autre selon le langage utilisé par les animateurs pour faire comprendre le concept.

« Dans d’autres langues vernaculaires, cette expression « droit de l’enfant » n’existe pas, parce qu’il parait absurde de dire qu’un enfant a des droits. Il en est de même pour les concepts tels que l’intérêt supérieur de l’enfant, la participation, la promotion, la dignité ou le respect ; il n’existe pas de mots correspondants. Pour la plupart des populations rurales, du fait des traductions approximatives faites qui sont culturellement inacceptables parce que semblant vouloir nier l’autorité des parents sur leurs enfants, les droits de l’enfant sont rejetés dans leur globalité comme venant des blancs et totalement inadaptés pour les populations rurales et leurs réalités », fait savoir l’assistant juridique de Creuset Togo.

Estimant important de rendre les textes légaux plus accessibles à tous, Creuset Togo a donc travaillé à l’élaboration, en 2017, du guide d’inculturation des droits et devoirs de l’enfant. Ce document explique quelques droits importants en mots simples et compréhensibles ainsi qu’en sept langues locales courantes du Togo, notamment le Kabyè, Ewé, Tem, Moba, Lamba, Bassar, Nawda. Il a été utilisé par tous les acteurs de promotion des droits des enfants lors des campagnes de sensibilisation à l’endroit des populations, et particulièrement celles des villages et campagnes.

Aussi, il a servi de guide depuis quelques années pour les acteurs locaux de protection des enfants, notamment les organisations de la société civile, les médias, les autorités traditionnelles, religieuses et étatiques ainsi que les leaders de jeunes et autres multiplicateurs.

« En se servant des langues locales et des expressions appropriées, ils ont pu faciliter auprès de leurs concitoyens une plus grande compréhension et adhésion aux textes légaux. Ils ont également pu plus facilement mobiliser leurs groupes cibles pour défendre ces normes dans leur quotidien et mener des initiatives concrètes pour la protection des enfants », indique Juste Nimnora.

Vue des participants au cours de l’atelier

Evaluer l’impact du guide pour bien mener de nouvelles expériences

Après sa diffusion et son utilisation pendant plus de trois ans, quels impacts ce document a-t-il eu sur le terrain ? Une étude commanditée par Creuset Togo et KiRA a permis de l’évaluer.

« Cette étude a permis d’avoir une idée des répercussions de l’utilisation de ce document sur chaque groupe cible associé à sa vulgarisation en l’occurrence les enfants vulnérables, les acteurs de la société civile et les acteurs étatiques », explique Mathieu N’kota, consultant en développement à la base, entrepreneuriat et communication sociale, qui a conduit l’étude.

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Les résultats de cette étude ont donc été présentés aux acteurs clé de protection de l’enfant ce mardi au cours d’un atelier d’une journée organisé à Lomé. La rencontre a permis aux participants d’avoir une idée du degré d’utilisation du document, son efficacité, son efficience et les changements induits.

« Le travail a consisté à leur présenter le rapport de cette étude pour qu’ensemble, nous puissions relever les forces, les faiblesses, les opportunités, les menaces de ce document d’inculturation afin de sortir un rapport final devant permettre à chaque acteur de mieux cadrer ses actions si l’ONG Creuset Togo répliquait le même projet dans d’autres régions du Togo ».

Au terme de l’atelier, les résultats de l’étude ont été validés par les participants.