Togo : Pour leur autosuffisance alimentaire, l’ONG PASDIB en appui aux femmes paysannes du canton de Bombouaka

Société Civile Médias
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(Société Civile Médias) – Au Togo, les femmes de Bombouaka (commune de Tandjouaré 2), en majorité des cultivatrices, sont reconnues comme faisant partie des plus dynamiques du pays. Elles excellent notamment dans la production d’oléagineux (arachide, sésame et soja), une activité grâce à laquelle elles subviennent à leurs besoins et à ceux de leurs familles. Mais en dépit de leurs efforts, ces femmes sont, depuis une quinzaine d’années, confrontées à plusieurs difficultés dans l’exercice de leurs activités agricoles. Appauvrissement des sols, mévente des produits et problèmes liés à leur conservation, telles sont les obstacles majeurs relevés par un diagnostic mené par l’ONG PASDIB (Programme d’Appui à la Société Civile pour un Développement Intégré à la Base). Des obstacles que cette organisation veut aider les femmes à surmonter à travers le projet « Renforcement des capacités de production des femmes du canton de Bombouaka ». L’initiative se veut un canal pour aider les femmes de cette localité à atteindre leur autosuffisance alimentaire.

Les laborantins lors de la visite référentielle qui a conduit au choix des champ-écoles

A Bombouaka, plusieurs centaines d’hectares de terres sont exploités chaque année par les femmes en vue de la culture de l’arachide, du sésame et du soja. Trois produits sur lesquels ces braves dames se focalisent généralement pour générer des ressources propres à elles, vu que la culture du maïs, du sorgho et du mil est contrôlée par leurs maris, chefs de ménages.

Mais ces dernières années, les femmes de Bombouaka se heurtent à de nombreuses difficultés qui les empêchent d’avoir le rendement escompté après les récoltes.

Etape de préparation du sol, notamment le labour

«Sur un hectare de terre par exemple, nous ne récoltons qu’environ une tonne de soja, d’arachide et de sésame, alors que la même surface nous en rapportait beaucoup plus il y a quelques années », se plaint une des femmes rencontrées dans le milieu.

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Plusieurs facteurs sont à l’origine de ces difficultés qui ne permettent pas aux cultivatrices de Bombouaka de vivre de leur travail.

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Etape de la semence

« Il s’agit, entre autres, de la faiblesse des sols cultivables. Cette faiblesse est due à l’utilisation dangereuse des engrais chimiques. A cela, s’ajoutent le manque de matériels de transformation et surtout les problèmes liés à la conservation des produits et à leur commercialisation », fait savoir Edi Afi Kpogan-Amouzou, Directrice exécutive de l’ONG PASDIB.

Reportage de la TVT sur le lancement du projet

Accompagner les femmes, une nécessité

Face à ces obstacles, PASDIB a donc jugé nécessaire d’accompagner les femmes cultivatrices de la localité par le biais du projet « Renforcement des capacités de production des femmes du canton de Bombouaka ». L’initiative s’étant sur deux ans et reçoit l’appui financier du Programme Microfinancements du Fond pour l’environnement Mondial (PMF/FEM) à hauteur de 10 920 000 Fcfa. A travers elle, il s’agit pour cette organisation de renforcer les capacités de 150 femmes, membres de 10 groupements, en technique de restauration rapide des sols, en technique de conservation de l’arachide, du sésame et du soja et en technique de recherche de marché pour les écouler.

Vue du champ de soja

C’est ainsi que le projet a été lancé en mars 2021. Un lancement qui a également été pour l’ONG PASDIB l’occasion de sensibiliser les autorités locales, les groupements de femmes et la communauté de Bombouaka sur son importance.

Formation des femmes en agriculture biologique

La première étape de la mise en œuvre du projet a consisté en la formation des bénéficiaires sur de nouvelles techniques culturales, notamment celles privilégiant l’agriculture biologique.

En effet, face aux dangers liés à l’utilisation d’engrais chimiques, le projet encourage les femmes agricultrices de Bombouaka à opter pour l’usage d’engrais biologique obtenu à base de fientes d’animaux et de fertilisants verts, pour une pratique agricole sans danger, à la fois pour le sol et pour les consommateurs.

Vue du champ de sésame

« Il s’agit de leur faire comprendre que les engrais chimiques nuisent beaucoup à la santé, surtout en ce qui concerne les produits de consommation rapide comme l’arachide ou le sésame », explique la Directrice exécutive de l’ONG PASDIB.

C’est ainsi que, grâce à un laboratoire botanique sollicité pour l’occasion, trois champ-écoles ont été créés par les femmes sur la base du degré de fertilité de leur sol et de leur position par rapport à l’érosion. Ceci a été suivi de la formation des femmes en technique de préparation du sol, qui a consisté en un mélange du sol avec du compost naturel constitué de fiente d’animaux et d’herbes vertes. Les Bénéficiaires ont par la suite été formées en technique de semence de l’arachide, du sésame et du soja et en technique de désherbage.

Vue du champ d’arachide


La récolte d’arachide, effectuée plusieurs semaines après, a permis aux femmes de constater la différence entre les produits cultivés sur un sol enrichi avec de l’engrais biologique et ceux cultivés sur un sol enrichi avec de l’engrais chimique.

« Somme toute, avec la culture écologique, nous avons constaté que les graines d’arachide sont majoritairement très saines par rapport à la culture avec de l’engrais chimique. En plus, nous nous sommes rendus compte que les graines gâtées sont moindres par rapport aux années précédentes où nous avions utilisé de l’engrais chimique », se réjouit une des cultivatrices.

Une décortiqueuse pour leur faciliter la tâche

Alors que le décorticage de l’arachide se faisait à la main et qu’elles pouvaient passer plusieurs semaines à s’en occuper, les femmes du canton de Bombouaka auront désormais la tâche facile. La deuxième phase du projet a permis de les doter d’une décortiqueuse. La machine a été livrée le 9 octobre dernier au consortium des groupements de femmes nommé FTODEE (Femmes de Tandjouaré organisées pour le développement économique et la préservation de l’environnement) qui se chargera de sa gestion en collaboration avec le Comité cantonal de développement (CCD).

La décortiqueuse offerte aux femmes

Equipement très efficace, la décortiqueuse à la capacité de décortiquer jusqu’à 800 kilogrammes d’arachide en une heure. En plus, elle peut tamiser l’arachide en deux temps, puisque les graines saines qui peuvent servir de graines de semence sortent d’un côté, et celles qui ne sont pas très bien constituées sortent de l’autre côté. De quoi favoriser le potentiel de rentabilité des femmes.

Par ailleurs, la livraison de la décortiqueuse a été suivie d’une formation sur ses avantages et sa gestion communautaire. Une simulation a été faite avec les membres du comité de gestion et les personnes en charge de l’utilisation de la machine. A cet effet, quatre bassines d’arachide coque ont été décortiquées en premier par le technicien et le reste par les apprenants.

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Réception de la décortiqueuse par les groupements de femmes

En outre, un atelier de formation sur les techniques de conservation des produits agricoles notamment l’arachide, le soja et le sésame a également été organisé par l’ONG PASDIB à l’endroit des femmes. Elle leur a permis d’avoir une idée du moment où elles doivent récolter leurs produits, de comment elles doivent les sécher et de la façon dont se fait le tri des gousses de sésame et des graines d’arachide et de soja. Les femmes ont également été formées sur la conservation de leur récolte à base des produits naturels.

Vidéo de la formation des femmes sur l’utilisation de la décortiqueuse

« La machine, ainsi que toutes les formations que nous avons reçues, nous permettrons à coup sûr d’augmenter nos rendements pour mieux vivre de ce que nous faisons. Nous ne pouvons que dire merci au Fond pour l’Environnement Mondial pour son soutien qui contribue à faire des femmes de nos groupements des personnes plus épanouies », se réjouit une responsable de groupement.

Lors de la formation des femmes sur les techniques de conservation des produits agricoles

La prochaine étape du projet consistera à accompagner les femmes dans la période post-récolte, notamment en technique de stockage, tri des produits et usage des ventes groupées. Les femmes seront également accompagnées dans l’usage de la décortiqueuse et dans la recherche de débouchées pour leurs produits, ainsi que dans l’entretien des plants de néré plantés pour la fertilisation des parcelles.