Togo : L’ONG PASDIB s’engage contre les VBG et la précarité socio-économique des femmes dans les communes Bas-Mono 1 et 2

Société Civile Médias
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(Société Civile Médias) – Au Togo, l’ONG PASDIB (Programme d’Appui à la Société Civile pour un Développement Intégré à la Base) contribue à lutter contre les Violences basées sur le genre (VBG) et la précarité socio-économique des femmes dans la région Maritime, et plus particulièrement le Bas-Mono 1 et 2. Confrontées, dans leurs ménages, à des violences de toutes sortes causées par la pauvreté de leurs maris et à des difficultés dans l’exercice de leurs activités quotidiennes, surtout en cette période difficile de Covid-19, les femmes paysannes membres de 20 groupements de ces deux communes bénéficieront, durant les six prochains mois, des retombées du projet « Lutte contre les Violences basées sur le genre et la précarité socio-économique des femmes rurales dans la région Maritime du Togo/commune Bas-Mono 1 et 2 ». L’initiative, portée par le PASDIB, entend les aider à s’orienter autrement pour pallier à leurs difficultés. Il s’agit aussi de contribuer à ramener plus de stabilité dans les ménages.

Tout est parti d’un diagnostic participatif fait en mars 2021 par l’ONG PASDIB avec les communes du Bas-Mono 1 et 2. Un diagnostic qui a révélé certains faits très poignants, notamment la précarité que vivent les femmes des deux communes en cette période de Covid-19.

Table d’honneur lors du lancement du projet


En effet, culturellement, ce sont les femmes du Bas-Mono qui prennent en charge la quasi-totalité des dépenses de leur foyer, notamment les dépenses de nourriture, d’habillement ou de scolarisation de leurs enfants (pour ne citer que celles-là).

Mais, suite à la fermeture des frontières engendrée par la pandémie du Covid-19, ces femmes ont vu leurs activités prendre un sérieux coup.

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« Parce que les frontières ont été fermées, les femmes n’ont plus accès aux débouchés des marchés inter-frontaliers. Ne disposant pas de connaissances suffisantes et de moyens d’équipement pour la petite transformation ou la conservation, certaines de leurs récoltes comme les tomates et les fruits pourrissent en totalité », déplore Edi Afi Kpogan-Amouzou, directrice exécutive de l’ONG PASDIB.

Vue partielle des femmes invitées au lancement


D’après cette dernière, cette mévente rend les femmes vulnérables et incapables financièrement pour faire face aux dépenses de leurs foyers et à la scolarisation de leurs enfants. Elle ne leur permet pas non plus d’aider leurs maris, de rembourser les crédits contractés auprès des mutuelles locales ou encore de renouveler les contrats de bail du foncier.

« Du coup, nombreuses sont les femmes qui se sont retrouvées dans la pauvreté. Cette pauvreté entraîne des difficultés dans la survie quotidienne des femmes et engendre des conflits et des violences jamais vues au sein de leurs ménages. Et ce sont des coups et des blessures, des abandons des ménages par les maris qui sont recensées sans cesse », fait savoir Mme Kpogan-Amouzou.

Voir dans la vidéo ci-dessous l’interview de la D.E de l’ONG PASDIB

Cette situation a attiré l’attention de l’ONG PASDIB qui estime qu’il est impérieux d’apporter aux femmes des communes Bas-Mono 1 et 2 un service pour leur résilience en ces périodes de vie précaire causé par le Covid-19. C’est ainsi qu’elle a initié le projet nommé « Lutte contre les Violences basées sur le genre et la précarité socio-économique des femmes rurales dans la région Maritime du Togo/commune Bas-Mono 1 et 2 ».

Au travers de cette initiative appuyée financièrement par Urgent Action Fund Africa (UAF-Africa) , il s’agit pour l’ONG PASDIB de trouver une solution aux difficultés que vivent les femmes afin de les sortir de la précarité et de lutter contre les Violences basées sur le genre dans les deux communes. Ce sera à travers un appui-accompagnement à plus de 500 femmes des groupements des deux communes. Il s’agira de travailler avec ces femmes, de les amener à mieux identifier leurs problèmes et de les sensibiliser sur les mécanismes pouvant leur permettre de mener une vie conjugale paisible et d’éviter les conflits.

Lors des échanges entre le formateur et les femmes bénéficiaires du projet


Le projet a été officiellement lancé le lundi 6 septembre 2021 à Afagnagan (commune de Bas-Mono 1) en présence de toutes les couches sociales importantes des deux communes, notamment du préfet, des chefs traditionnels, des autorités coutumières et des femmes leaders responsables des groupements. Environ 67 personnes y ont pris part.

Un dialogue communautaire participatif pour commencer

Le lancement du projet a été suivi d’un dialogue communautaire participatif qui a permis aux femmes de dévoiler les problèmes qui minent leur épanouissement dans les deux communes ciblées par le projet. Ce fut pour elles l’occasion de mettre au grand jour les différents types de violences qu’elles subissent tous les jours dans leurs milieux et au sein de leurs foyers.

Voir des extraits des témoignages des femmes dans la vidéo ci-dessous

Ainsi donc, de leurs témoignages, on retiendra qu’elles font face sans cesse à des cas de violence économique et physique de la part de leurs maris.

« Chez nous, les hommes responsables se comptent sur le bout des doigts. Nos époux ont laissé la quasi-totalité des besoins de la maison à nos charges. Ils ne subviennent ni à nos besoins, ni à ceux de nos enfants et c’est à nous même de nous débrouiller pour scolariser les enfants et leur trouver à manger tous les jours. Ils refusent même de réparer les toitures de nos maisons si celles-ci viennent à être endommagées, laissant la pluie nous frapper jusque dans nos chambres. Pourtant, ils trouvent les moyens d’aller prendre une ou deux autres femmes dehors mais tu n’as pas le droit de le lui reprocher parce qu’il peut te battre », se plaint Souni Mamagné du groupement des femmes « Jupiter ».

Les violences peuvent être parfois psychologiques.

« Même enceintes, nous ne sommes pas épargnées. C’est nous qui devons nous occuper des frais de consultation prénatale en dépit de notre état, ainsi que des autres dépenses de la maison. Juste parce qu’il ne veut pas assumer ses responsabilités, ton mari peut te dire qu’il n’est pas l’auteur de la grossesse et te demander d’aller chercher celui qui t’a engrossé », fait savoir Souni Mamagné.

Vu des femmes lors des travaux de groupe


Des violences physiques, économiques et psychologiques, mais aussi des violences matérielles. C’est le cas chez plusieurs femmes agricultrices qui se retrouvent dans l’obligation d’aller prendre du crédit auprès des institutions de microfinances pour des contrats de bail de terres cultivables. Pourtant, certains d’entre elles ont hérité de terres que leurs familles refusent de leur céder juste parce qu’elles sont des femmes.

« Pour te louer une terre en vue de tes activités agricoles, les propriétaires exigent deux à trois ans de loyer. Ce qui nous oblige à aller nous endetter chez les institutions de crédit parfois à hauteur de 60 000 Fcfa ou 80 000 fcfa à payer avec beaucoup d’intérêts. En plus de cela, il faut dépenser pour le métayage. Mais si par malheur, la pluie venait à se faire rare, nos champs ont du mal à produire et nos efforts reviennent à zéro et nous nous retrouvons dans des difficultés pour rembourser l’argent prêté pour louer la terre. Les choses seraient plus faciles si, dans nos communautés, on accepte de mettre à notre disposition les terres que nous héritons de nos parents », fait remarquer Kublédé Boko du groupement Espoir de Tanou.

Travaux de groupe


Accaparement des terres par les hommes, violences physiques, difficultés à se faire soigner, les problèmes évoqués par les femmes au cours du dialogue communautaire du 6 septembre ont été nombreux et divers. Leur véracité a été confirmée et approuvée par les autorités coutumières, les chefs traditionnels et les hommes présents à la rencontre. Aussi, un débat mené autour de ces problèmes a permis d’aboutir à une synthèse qui sera matérialisée à travers des documents.

« Cette synthèse permettra de formuler des modules de formation qui serviront à outiller les femmes responsables des groupements. Celles-ci, à leur tour, iront former les membres de ces groupements afin de leur permettre d’avoir une idée de comment gérer leurs ménages pour éviter les cas de violences basées sur le genre. Elles vont pouvoir maîtriser aussi les techniques de recherche des marchés pour la vente des produits, surtout périssables, dans leurs milieux », explique la Directrice exécutive de l’ONG PASDIB.

La formation des femmes est prévue pour le 27 septembre prochain.

Photo de famille à la fin du dialogue communautaire


Créée en février 1999, l’ONG PASDIB a pour but de contribuer activement à la réduction de la faim et à la lutte contre la pauvreté. Convaincue que c’est l’homme qui doit être au début, au centre et à la fin de toute action de développement, elle prône le développement humain durable par l’autopromotion de la base. Ses groupes cibles sont les femmes et les hommes des milieux défavorisés.