Togo : Cyber-harcèlement des filles, l’amère expérience d’Elsa Bakolé

Société Civile Médias
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(Société Civile Média) – Coordinatrice nationale du mouvement Girls’ Motion et activiste-féministe, Elsa Bakolé n’est pas toujours la bienvenue sur les réseaux sociaux, surtout quand il s’agit pour elle de publier des messages et informations liés à son engagement. Son titre d’activiste-féministe, qu’elle revendique fièrement, n’enchante pas beaucoup de personnes, surtout dans le monde masculin. C’est donc assez facilement qu’elle est attaquée lorsqu’elle publie ses messages sur les réseaux sociaux.

« Avant de publier ou d’envoyer un posting, il y a de la peur qui m’anime. Je me pose souvent la question de savoir ce qu’on va raconter sur moi si je publie. Et quand je le fais, il y a effectivement des personnes qui se ramènent pour m’attaquer et tenir des propos malveillants à mon endroit. Ces propos ne portent généralement pas sur le message que j’ai posté, mais plutôt sur ma personne, ma condition de fille. On nous ramène toujours à cette condition à chaque fois que nous exprimons nos opinions », déplore-t-elle.

Loin de se contenter des injures et autres violences verbales qu’ils infligent aux filles quand celles-ci s’expriment, en ligne, sur des questions qui leur tiennent à cœur, nombreux sont ceux qui choisissent de leur écrire directement, mais pas pour une salutation de courtoisie.

« Des inconnues, généralement des hommes, t’écrivent ‘bonjour’ et juste après, t’envoient la photo de leur sexe. Ils t’infligent la vue d’une telle photo contre ton gré et lorsque tu oses riposter, ils commencent à t’insulter et à injurier tes parents et ta famille », confie Elsa Bakolé.  « Le plus marrant, c’est que lorsque tu tentes d’afficher ou d’exposer ces personnes, les propriétaires des réseaux sociaux ne te le permettent pas. Ce qui veut dire qu’ils protègent plus ces harceleurs que nous les utilisatrices victimes », ajoute-t-elle.

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La responsable de Girls’ Motion profite donc de la célébration de la Journée internationale de la fille 2020 et de la campagne « Liberté en ligne » de Plan international Togo pour  lancer un appel aux détenteurs des réseaux sociaux et envoyer un message à ceux qui harcèlent leur prochain en ligne et les empêchent de s’exprimer librement. « Il est temps que ça s’arrête », insiste-t-elle.

Par ailleurs, une lettre a été envoyée par les organisations de jeunes aux autorités togolaises pour attirer leur attention sur la question et les amener à appliquer la loi sur la cybercriminalité dans toute sa rigueur. Les organisations de la société civile sont également appelées à s’engager sur le combat du harcèlement en ligne.