Togo – ONG SALUT : Au-delà de l’agroécologie, donner une identité aux agricultrices et les alphabétiser

Société Civile Médias
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(Société Civile Médias) – Contribuer au bien-être social et économique des populations à travers la promotion d’un développement agricole et rural harmonieux et responsable de l’homme dans un environnement sain, c’est ce à quoi s’attèle l’ONG Solidarité en action pour la lutte contre la pauvreté (SALUT) depuis 20 ans déjà. Un objectif que cette organisation, qui a fait de l’agroécologie son cheval de bataille, atteint progressivement grâce à un appui continue aux producteurs agricoles de ses différentes zones d’intervention pour faciliter chez eux l’appropriation et l’adoption des bonnes pratiques culturales. Mais depuis quelques années, l’organisation va au-delà et œuvre non seulement à donner corps au droit à l’identité des femmes avec qui elle travaille, mais aussi à les alphabétiser.

Togblékopé et Adétikopé dans la préfecture d’Agoè Nyivé, Klobatème dans la préfecture du Golfe, Djagblé, Kovié et Kognito dans la préfecture de Zio, sont les localités dans lesquelles intervient l’ONG SALUT, dans la région Maritime. Des localités où l’organisation promeut l’agroécologie, un domaine dans lequel il œuvre depuis sa création, en 2001.

Une séance de formation avec les agricultrices

« Le choix de l’agriculture biologique est dû au fait que nous assistons à des changements climatiques et les intrants chimiques connaissent leurs limites, sans oublier leur impact sur l’environnement. L’agriculture biologique est un tremplin pour la préservation de l’environnement, et plus encore, pour l’approvisionnement des populations en denrées alimentaires de qualité sans résidus de produits chimiques. Ce qui contribue à une meilleure défense de l’organisme et donc à une bonne santé », soutient Attisso Agbewanou, ingénieur Agronome, coordinateur et animateur projet à l’ONG SALUT.

Dans le souci de vulgariser l’agriculture biologique dans ses zones d’intervention, cette structure accompagne des coopératives d’agriculteurs, d’horticulteurs, de maraîchers, de producteurs céréaliers et de fruits en les formant sur la pratique de nouvelles techniques culturales respectueuses du sol et de l’environnement.

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«  Les producteurs sont habituellement attirés par une certaine facilité du travail à effectuer et le souci de la rentabilité dans le présent peu importe la répercussion que cela peut avoir sur le futur. Voila pourquoi ils utilisent des intrants tout préparés prêts pour emploi. De plus, l’appauvrissement des sols, la culture extensive, le manque de main d’œuvre, le manque de formation en agriculture durable font partie des éléments conduisant les producteurs à l’utilisation d’intrants de toutes sortes », déplore M. Attisso.

Une autre séance de formation avec les agriculteurs

C’est ainsi qu’en plus de les sensibiliser sur l’importance d’opter pour l’agriculture biologique, SALUT leur apporte différentes sortes d’appuis en matière d’agroécologie.

«  Nous leur apportons des formations pratiques sur les différentes techniques agroécologiques par l’installation de champ-écoles, des visites d’échanges intersites et de centres de renommée de production écologique », fait savoir le coordinateur de l’ONG.

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Les producteurs bénéficient donc de renforcement de capacités en termes de techniques de fabrication du compost et son utilisation ; de technique de fabrication des biopesticides et leur emploi ; de pratique du paillage : d’agroforesterie et de reboisement par des plantes fertilisantes.

Les femmes au champ

Outre les avantages que ça procure à l’environnement, notamment en matière de conservation de la fertilité des sols qui pourront être exploités durablement, la formation leur a également apporté des avantages socio-économiques dans la mesure où les producteurs et leurs familles s’alimentent avec des produits de bonne qualité, sans dangers, et seront compétitifs sur le marché avec les produits biologiques qui occupent une place de choix auprès des consommateurs avisés.

Donner une identité aux productrices

Maîtrisez les bonnes techniques agroécologiques et s’en servir pour avoir des produits de bonne qualité, c’est bien. Mais avoir la possibilité d’ouvrir un compte dans une banque ou une institution de microfinance pour, si possible, bénéficier d’un prêt pour renforcer ses activités, c’est encore mieux. Malheureusement, beaucoup de femmes productrices des coopératives qu’accompagnent SALUT n’y parviennent pas parce que ne disposant pas d’un acte de naissance, document précieux et utile dans la vie de tout individu.

Ce besoin a donc été identifié comme prioritaire par l’ONG dans le cadre du projet « Soutien et protection des moyens d’existence des exploitations agricoles familiales dans la région Maritime au Togo ».

Des femmes avec leur acte de naissance en main

Depuis trois ans donc, les responsables de SALUT travaillent à permettre aux femmes concernées d’avoir le droit à l’identité.

«  Nous avons identifié le besoin premièrement au niveau de nos bénéficiaires directs, les membres coopérateurs, qui éprouvaient des difficultés pour tenir leurs Assemblées générales constitutives, par manque de jugements supplétifs qui nécessité l’acte de naissance. Après identification de ces besoins, nous passons au recensement des concernés en enregistrant pour chaque personne dans le besoin, son nom et prénoms, les noms et prénoms de ses deux parents (père et mère), son âge. Ensuite, les documents sont soumis au tribunal de Lomé pour demande d’établissement de jugements supplétifs. Après établissement des jugements supplétifs par le tribunal, les dossiers sont retirés et déposés à la mairie qui procède aux transcriptions », relate Attisso Agbewanou.

A ce jour, 250 actes de naissances ont été établis par SALUT dont ceux de 148 femmes. Klobatème, Hlankopé, Tonoukouti, Kpotavé, Adétikopé, Togblékopé, Fidokpui, Akoin, Darakpodji, Kpédévikopé, Kognito et Kovié sont les localités dans lesquelles les femmes ont pu en bénéficier.

Alphabétisation fonctionnelle avec les femmes cultivatrices

Par ailleurs, l’organisation accompagne les femmes des coopératives en matière d’alphabétisation fonctionnelle. Ceci, pour leur permettre de pouvoir écrire et lire leurs nom et prénoms, savoir leur numéro de téléphone, puis parvenir à effectuer quelques échanges de base usuels en français.

«  En ce qui concerne les activités qu’elles mènent, ces cours permettent aux bénéficiaires de résoudre certains problèmes de comptabilité habituels de leurs exploitations, dans leur petit commerce, de communiquer d’une manière quoique simplifiée avec les clients et de les comprendre au cas où ces derniers ne s’exprimaient uniquement qu’en français », expliquent M. Attisso, d’après qui les ateliers d’alphabétisation se tiennent chaque semaine chez les bénéficiaires avec une équipe bien formée pour ce travail.