Togo : VED et plus de 50 OSC en quête de stratégies pour stopper les grossesses précoces

Société Civile Médias
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(Société Civile Médias) – Au Togo, le phénomène a pris de l’ampleur ces dernières années. Selon les données du Fonds des Nations Unies pour la Population (FNUAP), le taux de grossesses chez les adolescentes de 15 à 19 ans est de 17%. La région de la Kara bat le triste record avec un taux de 25,3%. Déperdition scolaire, invalidités et même perte en vies humaines sont les conséquences de cette situation à laquelle l’ONG Voie Eclairée des Enfants Démunis (VED) veut contribuer à mettre un terme. C’est l’objectif poursuivi par cette organisation en initiant, samedi 29 mai, une table-ronde à Lomé. Une rencontre qui a permis à la cinquantaine d’OSC invitées de débattre du sujet.

« Les grossesses précoces, non désirées et responsabilités du genre dans la famille et convergence des consciences vers les ODD : chemins et leviers », tel a été le thème de cette rencontre qui se situe dans le cadre de la Journée internationale d’action pour la santé des femmes et à laquelle 52 ONG et associations ont participé selon les organisateurs.

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Table d’honneur de la rencontre avec Mme Apedoh-Anakoma (1ère à partir de la droite)

Au-delà d’échanger sur les grossesses précoces et non désirées, il s’agissait pour l’ONG VED et les organisations de la société civile invitées de proposer une stratégie intégrée de communication pour un changement de comportement en vue de préserver l’instruction et l’éducation des filles, gage d’un développement certain.

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« Quand une jeune fille contracte une grossesse précoce, c’est un sujet de honte pour sa famille. Certes, tomber enceinte n’est pas la fin du monde. Mais quand une fille, porteuse d’espoir pour les siens, se retrouve dans cette situation avant un certain âge, tout le monde est déçu et plus personne ne veut l’aider. Alors qu’elle avait peut-être des problèmes à prendre soin d’elle-même avant, elle doit, au cours de cette grossesse, prendre également soin de son bébé et est finalement réduite à vivoter. Et d’office ses études s’arrêtent. Malheureusement, notre société va de plus en plus mal et les grossesses précoces en sont l’une des conséquences », déplore Lucide Hator, président du comité d’organisation de la table-ronde.

Alors que les causes des grossesses précoces et non désirées relèvent de facteurs nationaux, communautaires, familiaux ou encore individuels, les échanges et discussions ont permis aux participants d’analyser ces facteurs un à un, d’identifier les conséquences des grossesses précoces et de proposer un programme de prévention.

« Nous avons sensibilisé les uns et les autres sur le phénomène afin de les amener à en prendre conscience et avons ensuite proposé des solutions. Et en faisant appel aux ONG et associations et non aux individus, l’idée est de faire d’elles des ambassadeurs qui se chargeront de relayer ce message vu qu’elles sont représentées aussi bien à Lomé qu’à l’intérieur du pays », explique Lucide Hator.

Vue partielle des participants à la table-ronde

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Une rencontre présidée par la ministre en charge de la Promotion de la femme

Présente à la table-ronde, Adjovi Lolonyo Apedoh-Anakoma, ministre togolaise de l’Action sociale, de la Promotion de la femme et de l’Alphabétisation, n’a pas manqué de saluer l’initiative de l’ONG VED. Tout en appelant les parents à accomplir leurs devoirs et responsabilités vis-à-vis de leurs enfants, Mme Apedoh-Anakoma convie également les jeunes filles à éviter le gain facile. Pour elle, le manque de moyens n’est pas une excuse pour céder à des tentations.

« Il est vrai que les parents ont le devoir de subvenir à vos besoins. Mais quand ils n’ont pas la possibilité de le faire, cela ne doit pas vous amener à chercher le gain facile.  Il faut avoir un objectif, une vision pour sa vie et se focaliser sur ce que vous voulez devenir dans le futur. Il vaut mieux souffrir un peu aujourd’hui pour devenir meilleures demain. Même si vous n’avez pas d’argent pour le petit déjeuner à l’école, contentez-vous du repas de midi et du soir que vous partagerez avec la famille. Il vaut mieux s’abstenir de certaines choses pour pouvoir réaliser votre avenir. C’est très important », leur a-t-elle lancé.

Madame la ministre recevant sa distinction des mains du président du comité d’organisation

La table-ronde a d’ailleurs été l’occasion de distinguer 12 femmes, dont la ministre, pour leur engagement et leur contribution en faveur de l’autonomisation et de la promotion des droits des femmes.

L’ONG VED, il faut le rappeler, a pour objectif de développer et d’organiser des actions d’intérêt social dans des pays en développement en fonction des besoins exprimés par les populations locales. Ses actions sont menées dans les domaines environnementaux, éducatifs, sanitaires et culturels.