Togo – AMU : Pour l’USYNTRAZOFE, la base de contribution de 5% est trop élevée pour les salaires faibles

Société Civile Médias
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(Société Civile Médias) – Effective au Togo depuis le 1er janvier 2024, l’Assurance Maladie Universelle (AMU) suscite aussi bien de l’enthousiasme que des préoccupations. A l’Union syndicale des travailleurs de la Zone franche d’exportation (USYNTRAZOFE), on salue cette mesure qui prend en compte non seulement les fonctionnaires d’Etat, mais aussi les travailleurs du privé et du secteur informel. Toutefois, l’organisation syndicale pense que la base de contribution fixée à 5% tant pour l’employeur que pour l’employé (avec la possibilité pour l’employeur d’aller au-delà des 5%) peut avoir des répercussions fâcheuses sur les travailleurs de faibles revenus notamment les ouvriers de la zone franche industrielle et sur les petites et moyennes entreprises (PME).

L’USYNTRAZOFE s’est prononcé sur le sujet en fin de semaine dernière, à l’issue d’un séminaire atelier de renforcement de capacités des représentants du personnel sur la mise en œuvre de l’AMU dans la Zone franche industrielle (ZFI).

Pour l’organisation, l’AMU est une mesure sociale ambitieuse favorable aux travailleurs de tout secteur confondu et aux populations togolaises. Il s’agit, selon l’USYNTRAZOFE, d’une « mesure sociale sans précédent qui va nettement améliorer la sécurité et la santé des travailleurs togolais en général et ceux de la zone franche industrielle en particulier ».

Cependant, l’USYNTRAZOFE tient à attirer l’attention du gouvernement togolais sur le taux contributif de l’AMU qui, selon lui, peut avoir des répercussions fâcheuses tant sur la masse ouvrière de la zone franche industrielle togolaise que sur les PME.

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Se basant sur les conditions précaires des travailleurs de la zone franche industrielle, l’organisation syndicale estime que ce prélèvement, qui peut paraître insignifiant chez certains salariés qui sont mieux lotis, constitue un « véritable cauchemar » pour les salariés de bourse faible qui touchent à peine le Salaire Minimum Interprofessionnel Garanti (SMIG).

L’USYNTRAZOFE est également préoccupé par la non déclaration de nombreux travailleurs aux organismes d’assurance. Ce qui constitue un véritable coup dur pour la réussite de l’AMU dans la mesure où plus de 50% des travailleurs de la zone franche industrielle sont exclus du bénéfice de cette assurance.

« Cette question doit faire l’objet d’une réflexion sérieuse à laquelle on doit trouver en urgence une réponse concrète et inclusive », indique la déclaration liminaire rendu public par l’organisation à l’issue du séminaire.

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L’USYNTRAZOFE ne voit pas non plus d’un bon œil le taux de 5% ou plus au titre de la contribution des employeurs, ce qui porte à 22,5% l’assiette de cotisation de la part patronale. Estimant que ces charges sont exorbitantes pour les PME, l’organisation pense que cette mesure peut malheureusement conduire certaines PME à la réduction de l’effectif de leur personnel voire leur propre fermeture pure et simple. Ce qui constitue une menace pour les travailleurs.

Par ailleurs, l’USYNTRAZOFE trouve un peu contraignante, le caractère pyramidal des prestations de soins. À ce titre, il demande « humblement » au gouvernement togolais de laisser tomber cet aspect, pour que les travailleurs puissent se rendre librement aux centres de soins de leur choix pour se faire traiter.

« Nous fustigeons les soins à partir d’une pyramide et proposons humblement un libre choix des centres de santé par les citoyens en cas de maladies », indique la déclaration.

Appel au dialogue social à tous les niveaux pour la réussite de l’AMU

Face à ses préoccupations, l’USYNTRAZOFE estime que la réussite de l’AMU ne sera possible que si des mesures concrètes sont prises. L’organisation propose donc au gouvernement un dialogue social à tous les niveaux, en commençant par la sensibilisation des partenaires sociaux.

« Elle doit être la base et le socle de l’action gouvernementale afin d’emmener les partenaires sociaux à s’approprier l’AMU et à y adhérer », peut-on lire dans la déclaration liminaire.

L’USYNTRAZOFE propose également aux autorités de mettre tout en œuvre pour l’effectivité de la déclaration de tous les travailleurs togolais aux organismes de prise en charge de l’AMU.

« Pour réussir ce pari, les organes de contrôle notamment les inspecteurs du travail et les inspecteurs des organes en charge de l’AMU doivent assumer pleinement et efficacement leurs missions de contrôle dans toutes les entreprises », indiquent ces travailleurs.

La sanction des entreprises qui ne veulent pas se conformer aux dispositions légales et réglementaires sur l’AMU est également une piste que cette organisation syndicale propose au gouvernement togolais. L’USYNTRAZOFE suggère également aux autorités une réflexion sur la révision du taux contributif des partenaires sociaux et lance un appel à toutes les autres organisations syndicales sœurs de la zone franche industrielle à privilégier la voix du dialogue social, « seul vecteur de cohésion, de construction et d’harmonie pour faire de l’AMU une réussite ».

A noter que l’atelier de renforcement de capacités à permis d’outiller les représentants du personnel sur le cadre juridique de la sécurité sociale au Togo ; de les édifier sur le contenu de l’ensemble des décrets pris par le gouvernement togolais dans le cadre de la mise en œuvre de l’AMU ; de les amener à cerner les mécanismes de mise en œuvre de l’AMU dans leurs entreprises, les implications financières et sociales pour le personnel et pour l’entreprise. Les participants ont également reçu tous les outils nécessaires qui leur permettront de bien gérer tous les conflits qui peuvent naître dans le processus de mise en œuvre de
l’AMU.