Togo – AMU : La LCT craint « des possibilités réelles de licenciements » dans le secteur privé

Société Civile Médias
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(Société Civile Médias) – Alors que beaucoup saluent l’effectivité de l’Assurance Maladie Universelle (AMU) au Togo depuis janvier 2024, la LCT (Ligue des Consommateurs du Togo) n’est pas tout à fait du même avis. Saluant le caractère salutaire de la mesure, l’organisation se fait le porte-voix des employeurs et travailleurs du secteur privé qui, selon lui, font face à une pression financière insoutenable en raison des cotisations exorbitantes qu’impose l’AMU. « Ces travailleurs, piliers essentiels de l’économie nationale, font actuellement face à la possibilité réelle de licenciements en raison des charges financières supplémentaires dues à l’AMU », déplore la LCT dans un communiqué rendu public ce mercredi 28 février. L’organisation appelle les autorités à prendre en compte ces préoccupations et recommande au chef de l’Etat de suspendre la mise en œuvre de l’AMU en 2024, afin qu’elle soit profondément repensée.

Ci-dessous, le communiqué rendu public par la LCT:

DECLARATION N°002 DE LA LCT RELATIVE A L’ASSURANCE MALADIE UNIVERSELLE ET AUX CRAINTES DE LICENCIEMENT DANS LE SECTEUR PRIVE

L’assurance maladie universelle (AMU) peut apporter une valeur ajoutée significative à plusieurs niveaux si le processus aboutissant à sa mise en place est participatif et inclusif. Dès son lancement, la LCT s’était prononcée sur le caractère salutaire que revêt l’initiative en le faisant savoir au Président de la République à travers une correspondance dans laquelle elle avait proposé que l’AMU fasse l’objet d’une réflexion plus approfondie.

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Dès l’entame de la mise en œuvre de cette initiative, la LCT a été constamment interpellée par les fonctionnaires et les travailleurs du secteur privé qui font part de leur inquiétude quant à l’opacité dans laquelle l’AMU a été enclenchée. Au vu de ces interpellations et réserves particulièrement exprimées par des employeurs du secteur privé, la Ligue des consommateurs du Togo exprime sa vive préoccupation quant au taux élevé de l’AMU actuellement en vigueur et son caractère obligatoire, annulant ainsi les avantages antérieurs des employés disposant déjà d’une autre assurance déjà souscrite par leurs employeurs. Cette situation engendre des inquiétudes légitimes quant aux répercussions sur la sécurité économique des travailleurs et la stabilité des emplois du secteur privé.

De ce fait, l’AMU censée garantir un accès équitable et abordable aux soins de santé pour tous, les cotisations exorbitantes imposées créent alors une pression financière insoutenable sur les employés et employeurs du secteur privé. Ces travailleurs, piliers essentiels de l’économie nationale, font actuellement face à la possibilité réelle de licenciements en raison des charges financières supplémentaires dues à l’AMU.

L’accès aux soins est un droit fondamental et nous soutenons les efforts visant à sa réalisation. Cependant, il est crucial de veiller à ce que les dispositions mises en place pour sa réalisation ne pénalisent aucun acteur du monde du travail au point que leur emploi ainsi que leur bien-être économique ne soient compromis.

Nous appelons donc les autorités compétentes, les décideurs politiques et les parties prenantes impliquées dans la mise en place de l’AMU à prendre en considération les préoccupations légitimes des employés du secteur privé en trouvant des solutions garantissant une assurance maladie abordable à tous, tout en protégeant aussi bien les emplois que les acquis salariales.

Nous proposons dans ce sens :

 Une étude comparative des pratiques des AMU dans la sous-région ;

 Une évaluation approfondie des tarifs de l’AMU pour assurer leur juste proportionnalité par rapport aux revenus des employés ;

 Envisager des subventions et des allègements fiscaux pour soulager le fardeau financier des employeurs et des petites entreprises ;

 Promouvoir un dialogue tripartite constructif entre les représentants des employés, les employeurs et les autorités gouvernementales pour trouver des solutions équilibrées et durables.

Dans le souci de satisfaire à ces impératifs susmentionnés, la LCT recommande au Président de la République de suspendre la mise en œuvre de l’AMU en 2024 afin qu’elle soit profondément repensée.

La LCT reste disposée à apporter ses contributions dans un cadre de discussion multipartite où les points de vue et les réalités de toutes les parties prenantes à l’AMU seront exposés.

 Fait à Lomé, le 28/02/2024

Pour la LCT,

Le Président

Dr Emmanuel SOGADJI