Togo/COVID-19 : Objectifs, stratégies, populations cibles…Carlos KETOHOU parle du projet ‘Chaîne Itinérante de Solidarité’

luzdelsol668
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(Société Civile Média) – Initié pour assister les populations les plus vulnérables qui traversent des moments difficiles en cette période de coronavirus, le projet ‘‘Chaîne Itinérante de Solidarité’’  (CIS COVID-19) débutera ses premières actions sur le terrain ce samedi 18 avril. Dans cette interview, Carlos KETOHOU, Directeur de publication  du Journal ‘L’Indépendant Express’ (un des porteurs de l’initiative) se confie sur les raisons qui ont conduit à la mise en place d’un tel projet. Il revient en détail sur les populations cibles et les stratégies déployées pour les atteindre. M. KETOHOU se prononce par ailleurs sur les attitudes que doivent adopter les uns et les autres en cette période de crise sanitaire liée au COVID-19. Lisez-plutôt !

 

Carlos KETOHOU bonjour! Vous êtes le Directeur de publication du Journal ‘L’Indépendant Express’. Et en collaboration avec ASVOPE, vous lancez la ‘Chaîne Itinérante de Solidarité’ (CIS) en cette période de crise sanitaire. Dites-nous, qu’est-ce que le projet CIS et d’où est partie l’idée ?

Merci. Le monde entier fait face désespérément à une pandémie nommée Coronavirus qui sclérose tous les systèmes sociaux et met le cadran du fonctionnement du monde à zéro. Les économies sont asphyxiées, les mouvements sociaux connaissent ralentissement et l’humanité est angoissée par de tristes informations liées aux milliers de morts enregistrés chaque jour. Face à la pandémie, les actions sont multiformes et sont concentrées sur la distribution des kits sanitaires qui sont offerts aux populations pour observer les gestes barrières. Ces kits sont composés essentiellement de masques, de gels hydroalcooliques et de dispositifs de lave-mains. Mais au-delà de tout ceci, au Journal l’Indépendant Express, nous pensons que les confinements décrétés par les gouvernements, la cessation des activités et des mouvements, la torpeur générée par la pandémie entraînent inexorablement des difficultés à vivre et à survivre. Nous avons pensé, avec l’Association des volontaires pour la promotion des Etudes (ASVOPE), lancer une chaîne itinérante de solidarité qui consiste à offrir aux personnes vulnérables, en cette période de crise sanitaire, des vivres et non vivres : riz, spaghettis, boites de conserves, savons, huile, gari, sans oublier les outils de mesures barrières, notamment les masques. Ces personnes vulnérables sont celles qui sont menacées de famine en ce moment précis notamment les veuves et orphelins, les personnes âgées sans soutien, les handicapés et les enfants de rue.

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Quand commence le projet et comment se fera la distribution ?

La première action de don à lieu ce samedi 18 avril 2020 dans certains quartiers, les plus menacés surtout. Sont dans notre ligne de mire les talibés, c’est-à-dire les enfants orphelins mendiants qui vivent dans les alentours de la BTCI à Lomé. Après, nous irons à Hanoukopé pour visiter les personnes démunies qui n’ont pratiquement pas de domicile, qui mangent et dorment le long des rails, lieu communément appelé Akassimé.

Sociologue de formation, je privilégie l’approche de terrain. Aller vers les cibles et leur offrir les vivres directement sans intermédiaires. C’est une action humanitaire, ce n’est pas une action publicitaire qui oblige à rassembler d’avance les bénéficiaires dans un état préparé avec de beaux habits et de bonnes mines pour la circonstance. C’est une visite improvisée qui permettra de leur faire les dons dans leur état naturel, directement je le précise et sans intermédiaire. L’expérience a montré que les intermédiaires ne sont pas toujours honnêtes pour transmettre les dons aux vrais bénéficiaires. Les sociétés sont souvent marquées par la corruption et les détournements.

Notre stratégie consistera à décorer un véhicule reconnaissable par l’esprit du projet. Nous mettons les kits alimentaires dans le véhicule et nous débarquons sur les lieux des bénéficiaires. La délégation de l’Indépendant Express et de l’ASVOPE offre les vivres et repart après un petit entretien qui portera sur le respect des mesures barrières.

 Comment identifierez-vous les couches vulnérables en question ?

Au Togo comme partout ailleurs, on sait dans quelle localité la misère se lit beaucoup plus sur les visages. On a identifié les lieux, généralement les quartiers pauvres et des cibles dans plusieurs quartiers. Une enquête sociologique nous a donc permis d’identifier Gbadago, Hanoukopé, Kotokoukondji, Adakpamé, Kagomé, et des quartiers d’autochtones à savoir Sagbado, Ségbé, Agoè etc.

Vos actions concernent juste Lomé ou pensez vous allez au-delà ?

Qui trop embrasse, mal étreint. Nous commençons par Lomé avec les moyens de bord. Si les bonnes volontés nous soutiennent, nous irons au-delà de Lomé. Mais je vous assure que la capitale Lomé est suffisamment gorgée de personnes vulnérables qu’il ne sera pas facile de satisfaire pour aller au-delà. Mais nous mettons cela en projet.

Certains estiment qu’en cette période de Covid-19, beaucoup surfent sur des projets pour se faire de l’argent dans le dos des pauvres populations.  Quel est le cas de votre projet CIS ?

Votre question est pertinente. Eau trouble, dit-on, gain de pêcheur. Je connais assez parfaitement l’histoire du fonctionnement des ONG, associations, orphelinats etc. La plupart travaillent pour leurs poches et les véritables bénéficiaires et cibles vivent constamment avec la misère et des visages amaigris. Ce n’est pas notre cas. Par principe, personnellement, je cotise toujours une partie de mes revenus que je consacre aux personnes vulnérables, surtout les veuves et les orphelins. C’est ma foi chrétienne qui me le recommande et mon père, paix à son âme, qui me l’a toujours enseigné. Qui aide les pauvres prête à Dieu, dit l’adage. Ce projet est initié en raison de la menace réelle qui impose à ces couches la misère totale. Nous l’exécutons en fonds et moyens propres et avec naturellement les soutiens d’amis directs qui ont compris son esprit. C’est l’occasion de dire un grand merci à ces derniers et à ceux qui viendront nous appuyer par la suite. C’est un péché de se servir de la misère de la population pour se remplir les poches. Je suis chrétien catholique, je fais l’effort de respecter les principes divins. La Chaîne Itinérante de Solidarité a pour objet de mener des actions directes de façon itinérante et de motiver les autres à faire autant. Cela sauve l’humanité.

Quelles doivent être les attitudes des uns et des autres en cette période de crise sanitaire liée au COVID-19 ?

On dit souvent qu’il n’ y a qu’une seule mort. On ne meurt pas pour revenir à la vie. Même Jésus ressuscité ne vit plus parmi les hommes en corps. Il est monté au ciel. Donc si le monde entier fait face à une réelle menace de mort et on demande à chacun de se laver les mains, de porter des masques ou de rester à la maison pour ne pas mourir, je pense qu’il est de bon ton, à la limite obligatoire, de respecter ces simples mesures. J’appelle donc à la vigilance et à l’esprit de sagesse et de discipline de chacun pour le respect des mesures pourtant très simples.

Mots de la fin…

Le gouvernement togolais a lancé plusieurs actions de riposte, notamment les actions sociales à l’endroit des populations. C’est appréciable et encourageant. Nous exhortons les autorités à poursuivre dans ce sens et à renforcer ces actions surtout sur le plan humanitaire.

Nous exhortons les bonnes volontés à se joindre à nous pour réussir cette Chaîne itinérante de solidarité en apportant des dons : vivres et non vivres ou en faisant une contribution financière. Cela permettra de sauver des vies en cette période de pandémie. Le coronavirus existe et tue. Prenons soins de nous ….

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