Togo – Extrémisme violent : Des acteurs font des propositions pour une conciliation entre mesures sécuritaires et protection des droits de l’Homme

Société Civile Médias
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(Société Civile Médias) – Pour sa première session de l’année 2022, l’initiative dénommée « FACE AU PANEL » s’est consacrée à une des questions cruciales de l’heure au Togo, le terrorisme et l’extrémisme violent. Alors que le pays est confronté depuis quelques mois à des attaques terroristes dans sa partie septentrionale, cette rencontre, organisée par le Centre de Documentation et de Formation sur les Droits de l’Homme (CDFDH), en collaboration avec le Comité International de la Croix-Rouge (CICR) et l’appui de IDOVE, a réuni divers acteurs étatiques et non étatiques. Les échanges, qui ont porté sur le thème « Les droits de l’homme dans un contexte de lutte contre l’extrémisme violent : enjeux et défis », leur ont permis de mettre ensemble leurs idées et de faire des propositions pour une compatibilité des mesures antiterroristes avec la protection des droits de l’homme.

Table d’honneur à l’ouverture de la rencontre

Tenue le vendredi 12 août, cette première session de l’année a connu la participation d’institutions de l’Etat, d’acteurs sociaux politiques, d’acteurs de la société civile et des partenaires au développement. A en croire ses organisateurs, elle vise à offrir à ces derniers un cadre d’échanges et d’analyse des défis liés à la conciliation entre les mesures sécuritaires de lutte contre l’extrémisme violent et la protection des droits de l’Homme.

« Il s’agit de réfléchir sur la situation des Droits de l’Homme au Togo à l’aune des mesures que nous devons prendre pour juguler la montée exponentielle de l’extrémisme violent, avec sa conséquence la plus cruelle qui est le terrorisme », indique Me Sylvain Attoh-Mensah, Coordonnateur du Panel Watch, organe d’orientation du CDFDH.

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Me S. Attoh-Mensah, lors de son intervention

Selon cet avocat et défenseur des Droits de l’homme, la situation que connait actuellement le Togo sur le plan sécuritaire nous impose de nous mettre ensemble et de nous lever comme un seul homme pour la combattre. Toutefois, estime-t-il, l’on ne doit pas se réfugier derrière l’obligation de sécurité et de protection des citoyens pour nuire à la liberté de ceux-ci.

« Pour que les défis sécuritaires ne noient pas l’obligation de respecter les droits de l’homme, il faut que les décideurs que nous avons réuni dans le cadre de cette activité comprennent qu’il n’y a pas de place pour une sécurité dure où les droits de l’homme sont violés et une autre place où on protège ces droits. Les deux doivent aller ensemble parce que la liberté n’a pas de prix en même temps que la sécurité à un sens », a-t-il insisté. « Sécurité et droit de l’homme, cela doit être notre credo et nous devons veiller à ce que cela ne nous quitte jamais, parce que lorsqu’on aura sacrifié les droits de l’Homme et le droit humanitaire, on n’aura rien gagner dans la mesure où on aura obtenu la sécurité mais on aura des citoyens qui perdront leur dignité et leur fierté », souligne Me Attoh-Mensah.

Vue, en partie, des participants et personnalités à la rencontre

La rencontre a été marquée par trois importantes communications. La première, présentée par WANEP-Togo, a porté sur la « Contribution de la société civile à la Prévention de l’extrémisme violent ». La deuxième communication, intitulée « Mandat du CIPLEV et actions menées à ce jour : impact et proposition d’orientations pour les acteurs des droits de l’Homme », est revenue sur les actions du Comité interministériel de prévention et de lutte contre l’extrémisme violent (Ciplev) depuis sa création. Quant à la troisième, elle a porté sur les « Défis humanitaires dans un contexte de lutte contre l’extrémisme violent » et a été présentée par Mikafui Akue Djessoa, la Cheffe de la Mission du CICR pour le Togo et le Bénin.

Ces trois communications ont donc permis aux acteurs présents à la rencontre de discuter et d’échanger sur les moyens d’assurer la protection des droits de l’homme et la veille sur la protection des civils dans le contexte de lutte contre l’extrémisme violent au nord du Togo. Il s’est agi surtout d’établir une évaluation des risques sur les droits de l’homme et la protection des civils et de définir des mesures d’atténuation adaptées aux risques évalués.

Organisation ayant pour mission, entre autres, de fournir une assistance humanitaire aux personnes touchées par un conflit ou une situation de violence armée, le Comité International de la Croix-Rouge (CICR), par la voix de la Cheffe de sa Mission pour le Togo et le Bénin, n’a pas manqué de saluer l’initiative et de lui apporter son accompagnement.

Mikafui Akue Djessoa, Cheffe de la Mission du CICR pour le Togo et le Bénin, lors de son intervention

 « Nous avons trouvé intéressant de nous associer à cette activité et nous espérons qu’elle ne sera pas la seule. Nous serons toujours présents pour accompagner des initiatives comme celle-ci. Pour nous, c’est important d’avoir ce genre d’échange sur l’extrémisme violent, une thématique d’actualité, notamment chez nous au Togo », s’est réjouie madame Mikafui Akue Djessoa, la Cheffe de la Mission.. Et d’ajouter que « dans ce processus de lutte contre l’extrémisme violent, il nous faut nous poser les bonnes questions [dans notre analyse] pour ne pas nous mettre à dos les droits de l’homme et avoir une vue d’ensemble sur les différents aspects à protéger pour les intégrer».

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Du côté de WANEP-Togo, on estime qu’il est important de pérenniser un tel cadre d’échange et de le renforcer. Pour Seyram Adiakpo, Responsable des programmes et du suivi-évaluation de cette organisation, il est important d’élargir le faisceau des acteurs pour nourrir un peu plus la réflexion et éradiquer le phénomène de l’extrémisme violent de façon efficace.

D’autres personnalités présentes à la session

A noter que cette session de « FACE AU PANEL » rentre dans la droite ligne du mandat de promotion et de protection des droits de l’homme du CDFDH, et s’inscrit dans le cadre du travail que cette organisation a entrepris depuis un moment dans la sensibilisation et la prévention de l’extrémisme violent. Ce travail, il faut le rappeler, l’a conduit à mener plusieurs activités sur la question à l’intérieur du pays.

Créé en 1863, le CICR a pour mission de fournir protection et assistance aux victimes de conflits armés et d’autres situations de violence, apporter une aide humanitaire dans les situations d’urgence, et de promouvoir le respect du droit international humanitaire et son intégration dans les législations nationales.

La  Mission du CICR pour le Togo et le Bénin est couvert par la Délégation régionale d’Abidjan (Côte d’Ivoire) qui couvre également Côte d’Ivoire, le Ghana,   la Guinée, le Libéria et la Sierra Léone.