Togo – OADEL : Une projection de film pour sensibiliser sur les effets néfastes des pesticides chimiques

Société Civile Médias
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(Société Civile Médias) – Le film-documentaire est intitulé « Pour quelques bananes de plus : le scandale du chlordécone ». Projeté le jeudi 12 octobre à Lomé par l’Organisation pour l’Alimentation et le Développement Local (OADEL), il relate des faits qui se sont déroulés il y a plusieurs années dans les Antilles, mais qui sont plus que jamais d’actualité en ces moments où l’utilisation des pesticides chimiques est de plus en plus répandue, mettant en danger la santé des consommateurs. Pour l’OADEL, il s’agissait donc, à travers cette projection organisée en collaboration avec INADES-Formation dans le cadre du Festival des films ALIMENTERRE, de sensibiliser une fois de plus les producteurs sur le mal que représente les pesticides chimiques et la nécessité d’adopter des pratiques agricoles saines.

Que retenir du film ?

Le film « Pour quelques bananes de plus : le scandale du chlordécone » est une remarquable enquête sur l’utilisation, aux Antilles, du chlordécone, un pesticide qui a contaminé durablement un tiers des terres agricoles et nombre de sources, rivières, nappes phréatiques…Originaire des USA mais jugé trop toxique pour être utilisé par les agriculteurs américains, le chlordécone va être exporté dans le monde entier, notamment aux Antilles où il permettait de combattre le charançon du bananier. Sauf qu’il va causer de nombreux dégâts chez les agriculteurs qui l’utilisaient. Explosion des cancers de la prostate, naissance de bébés prématurés, pêcheurs et petits agriculteurs ruinés par la pollution…les effets du Chlordécone ont été dévastateurs.

Vue partielle des participants à la projection

« Sur une période de quarante-sept ans, on est passé d’une catastrophe environnementale à une catastrophe sanitaire et à un drame humain », résume dans le film, le député de la Martinique Serge Letchimy.

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Eveiller les consciences sur les enjeux alimentaires

C’est l’objectif visé par l’OADEL à travers la projection de ce film organisée en collaboration avec l’ONG INADES-FORMATION.

D’après Assih Essoro Jacques, Chargé de programme éducation à la nutrition et au droit à l’alimentation à OADEL, il s’agit d’éveiller la conscience des différents acteurs (producteurs, transformateurs, commerçant ou consommateurs) sur les dangers liés à l’utilisation de certaines substances, notamment les pesticides.

« Nous voulons interpeller les acteurs, surtout les producteurs, et les amener à comprendre qu’il est important de savoir quels produits utiliser dans la production agricole pour ne pas mettre la vie des consommateurs en danger. La nourriture est un médicament. On mange pour vivre et être en bonne santé et non pour tomber malade et se retrouver à l’hôpital », indique-t-il.

L’autre objectif visé par la projection du film est la promotion de l’agriculture biologique, notamment l’utilisation de biopesticides gage d’une agriculture saine et de qualité.

Lors de la projection

« Beaucoup d’études ont révélé que quelque soit la substance chimique de synthèse utilisée, il y a toujours des effets néfastes sur l’organisme. Ce que nous voulons c’est d’interpeller les acteurs pour qu’on puisse aller vers l’agriculture biologique qui garantit non seulement notre santé, mais aussi celle de nos sols et de l’environnement pour le bien de tous et pour les générations à venir », explique Assih Essoro.

La projection de film a été suivie d’un débat intéressant qui a permis aux acteurs invités à la rencontre, notamment des techniciens, producteurs et transformateurs, de donner leur opinion sur le sujet.

Pour Kokou Etonam Nyaku, Chef section phytopharmacie à la direction de protection des végétaux, le chlordécone et ses produits dérivés sont interdits au Togo depuis 2004, et tout est mis en œuvre pour qu’ils n’entrent plus sur le territoire. M. Nyaku appelle les producteurs agricoles à prendre la bonne décision en utilisant les produits homologués et dans les normes requises.

Ici, lors de l’étape des débats, après la projection

Adidjatou Ponpouni, Chargée de plaidoyer à INADES-Formation, a de son côté convié le public à prendre conscience de ce qu’il consomme. Occasion pour elle d’évoquer la campagne « Conscience AlimenTERRE » organisée par leur structure depuis 2021 et dont l’objectif est de susciter l’implication et l’adhésion des différents acteurs dans la promotion des mécanismes pour l’accès à une alimentation saine, durable et suffisante pour toutes et pour tous.

A noter que plusieurs acteurs du secteur agricole invités à la projection ont également participé aux débats et ont été unanimes sur les dangers liés à l’utilisation des pesticides chimiques et sur la nécessité de ne plus en user. Certains ont proposé que des dispositions soient prises pour que les biopesticides et les composts soient produits en très grande quantité afin que les producteurs puissent en disposer à tout moment.