Togo : Le CRADESC partage les résultats d’une étude pour l’amélioration des conditions des travailleuses domestiques

Jean de Dieu SOVON
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(Société Civile Médias) – Violences physiques, morales, psychologiques, sexuelles…nombreuses sont les violations des droits de l’homme que subissent les travailleuses domestiques. A l’initiative du Centre de Recherche et d’Action sur les Droits Economiques Sociaux et Culturels (CRADESC) basé au Sénégal, une étude pays a été réalisée pour mesurer la portée de ces violations afin que des pistes de solutions soient trouvées pour l’amélioration des conditions de travail de cette couche professionnelle. A travers une rencontre, l’organisation a partagé les résultats de cette étude réalisée sur les droits des travailleuses domestiques au Togo.

La rencontre, tenue le 03 octobre 2023, avait pour objectif de porter à la connaissance du public la situation des travailleuses domestiques et de le sensibiliser sur l’effectivité des droits et libertés qui leur sont reconnus. Ladite étude, réalisée avec l’appui financier de la Fondation pour une société Juste (FJS), a été rendue possible au Togo grâce à  la collaboration avec l’Association de Défense des Droits des Aides ménagères et Domestiques du Togo (ADDAD-Togo) et la Plateforme des Organisations des Défenses des Droits des Travailleurs Domestiques au Togo (PODDED). 

Dr Fatima Diallo, directrice exécutive du CRADESC, lors de la présentation des résultats de l’étude

« Nous sommes venus présenter les résultats de notre étude sous-régionale qui prend en compte 9 pays et qui traite de la violation des droits de travailleuses domestiques. Nous avons fait le focus sur les jeunes filles qui partent dans les ménages pour exercer ce travail qu’on appelle travail domestique. Nous avons trouvé que la situation reste alarmante au Togo au même titre que dans la sous-région. Elles ne sont pas considérées comme des travailleurs et ne jouissent pas pleinement de leurs droits », explique Dr Oumy Ndiaye, responsable du programme DESC au sein de l’ONG CRADESC.

Spécifiquement, il était question de réunir les acteurs des médias ; de partager les résultats du rapport pays et de favoriser leur diffusion à travers la presse ; et  d’inciter à l’action pour l’épanouissement socio-économique et professionnel des travailleuses domestiques.

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Vue en partie des participants à la rencontre

Au niveau national, le Togo s’est doté d’instruments juridiques dont l’application permettra une amélioration des conditions de vie et de travail des travailleurs et travailleuses domestiques. Le pays a également ratifié plusieurs textes notamment la Convention sur l’Elimination de toute les formes de Discrimination à l’Égard des Femmes (CEDEF), la Convention relative aux Droits de l’Enfant (CDE), le Pacte International relatif aux Droits Économique, Sociaux et Culturels (PIDESC), la Charte des Droits de l’Homme et des Peuples (CADHP) et le protocole de Maputo, la Charte Africaine des Droits et du Bien-être de l’Enfant (CADBE).

L’étude révèle qu’au Togo, les travailleuses domestiques ne sont pas considérées comme les membres de la famille et ne sont pas rémunérées à juste titre au regard des charges qu’elles effectuent. Pire, d’autres ne perçoivent rien comme due à la fin du mois.

« 35,5% des travailleuses domestiques sont des mineurs, 47,04% ne disposent pas de contrat écrit, 77,08% n’ont pas été déclaré à la Caisse Nationale de Sécurité Sociale, 82,22% sont exclus des repas collectif, 40,74% des victimes de violences sont des mineures, 28,49% n’ont jamais été à l’école, 85,47% reçoivent moins de 27. 000 fcfa le mois, 50,62% ne reçoivent pas d’aide de la part de leurs employeurs en cas de maladie et 98,75% ne sont membres d’aucune organisation syndicale ou de la société civile pour défendre leurs droits », précise Dr Oumy Ndiaye.

Cette rencontre de partage a été également une occasion pour l’organisation de lancer un appel aux acteurs pour le relais de l’information auprès de la communauté et à une action gouvernementale pour que des mesures urgentes soient prises en faveur des travailleurs et travailleuses domestiques. Le CRADESC invite par ailleurs l’Etat togolais à s’inspirer du cas de la Guinée en ratifiant la convention 189 de l’OIT qui prône un travail décent pour les travailleurs et travailleuses domestiques.

Photo de famille

Créé en 2019 par Dr Fatima Diallo, son actuelle directrice exécutive, le CRADESC intervient aujourd’hui dans neuf pays de l’Afrique de l’ouest et travaille sur 5 axes notamment les droits sociaux, économiques et culturels et justice, justiciabilité des droits économiques sociaux et culturels, les DESC et la gouvernance.