Togo : L’ONG Les Amis de la Terre alerte les autorités sur les dangers du Chlorpyrifos

Jean de Dieu SOVON
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(Société Civile Médias) – Sur la liste des 177 pesticides homologués au Togo, 12 pesticides ont comme matière active le Chlorpyrifos, qui est un produit chimique utilisé en agriculture, santé publique et en médecine vétérinaire. Alors que des études ont prouvé que l’utilisation de ce produit a des effets dévastateurs sur la santé humaine et sur l’environnement, des pesticides à base de Chlorpyrifos continuent d’être écoulés sur les marchés locaux. Face à cette situation qui met en grand danger la santé humaine et environnementale, l’ONG Les Amis de la Terre-Togo (ADT) tire la sonnette d’alarme.

En conférence de presse le vendredi 16 juin 2023, les responsables de l’ONG ont mis à la disposition des autorités et de la population le « rapport national sur la situation du Chlorpyrifos au Togo ». Ledit rapport est issu d’une étude réalisée avec l’appui du Réseau international pour l’élimination des polluants chimiques (IPEN).

Pour Elorm Amegadze, directeur exécutif de l’ONG Les Amis de la Terre-Togo, ce produit est utilisé pour lutter contre les ravageurs qui attaquent les plantes. Mais il se trouve qu’il est toxique quand bien même il a été homologué et autorisé par un organisme agrée par le Togo depuis 2017.

« Il ressort de l’étude qu’il y a des impacts négatifs liés à l’utilisation de ce produit, notamment sur la santé humaine. Après son utilisation, on peut constater qu’il y a des brûlures, des maux de tête, des maux de ventres, la nausée, l’envie de vomir. Cela agit également sur la fertilité masculine et féminine. Tous ces dégâts nous interpellent et nous nous sommes dit qu’il faut agir. Raison pour laquelle, ce document a été produit », explique M. Amegadze.

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Les paysans et agriculteurs, premiers acteurs impliqués dans l’utilisation des pesticides à base de Chlorpyrifos, sont loin d’imaginer le lot de dégâts qu’il engendre. Hormis les impacts sur l’homme, l’environnement est aussi directement touché parce que ce pesticide a des effets d’insecticide et pollue aussi l’eau, l’atmosphère. Et tout ce qui pollue l’eau touche directement la santé des populations. Pour Les Amis de la Terre, il est donc important que les pouvoirs publics soient interpellés afin qu’ils regardent de près cette situation pour pouvoir prendre les mesures nécessaires pour contrer les effets dévastateurs de ce produit. A ce stade, l’utilisation des produits bio et naturels est la meilleure solution selon l’ONG.

« La solution la plus radicale, c’est l’utilisation des alternatifs à ces produits chimiques. Il y a aujourd’hui des produits bio et naturels qui n’ont pas pour matière active des intrants chimiques. On peut utiliser par exemple des produits comme le micotrie, le métasia, le neem qui est un pesticide naturel », indique Elorm Amegadze.

Et d’ajouter qu’au-delà de tout, l’Etat doit prendre un certain nombre de dispositions.

« Nous avons un comité national pour la gestion des produits chimiques agricoles. Il faut doter ce comité de moyens pour qu’il puisse agir sur le terrain, aller vérifier comment est-ce que les gens utilisent les produits chimiques pour éviter véritablement les produits chimiques à effets nocifs sur l’environnement », préconise-t-il.

La direction de l’environnement, représentée par Ablavi Akofa Degbe, Lieutenant des eaux et forêts, a souligné l’apport qualitatif dudit rapport. Selon elle, c’est un plus qui vient s’ajouter à des efforts déjà entrepris dans ce sens.

Le rapport complet est disponible sur https://ipen.org/documents/togo-country-situation-report-chlorpyrifos