(Société Civile Médias) – Au Togo, les organisations féminines de la société civile capables de proposer des projets éligibles au Programme de Microfinancements du Fonds pour l’Environnement Mondial (PMF/FEM) se comptent sur le bout des doigts. La preuve, sur 128 projets retenus par le PMF/FEM depuis son opérationnalisation, très peu appartiennent aux OSC féminines. Mais la tendance va bientôt changer. Grâce à l’ONG Women Environmental Programme Togo (WEP-TOGO), 100 OSC féminines ont été suffisamment outillées en vue de la formulation de microprojets et de projets acceptables par ce programme. Une série de cinq ateliers régionaux organisés à leur endroit leur a permis de combler leurs insuffisances en ce qui concerne le montage des projets et la mobilisation des ressources dans le domaine climat et environnement et dans les divers domaines thématiques du PMF/FEM.
Tout est parti d’un constat fait par WEP-TOGO, qui œuvre depuis plusieurs années dans le domaine du climat et de l’environnement. Selon cette ONG, en raison d’un certain nombre de manquements, très peu d’organisations de femmes du Togo bénéficient de l’accompagnement du PMF/FEM, alors que ce programme apporte, chaque année, des appuis techniques et financiers directs (pouvant aller jusqu’à 50.000 dollars US par projet), aux OSC en vue de soutenir les initiatives communautaires qui contribuent à la gestion durable des ressources naturelles et aux renforcements de la résilience des populations les plus vulnérables. Un constat confirmé par Kofi Eli Atri, Coordonnateur national PMF/FEM.
« Ce que nous voulons voir les organisations de femmes maitriser, c’est beaucoup plus la contextualisation des projets. Des OSC envoient des projets dans lesquels on ne voit pas les problèmes au niveau local ou les problèmes qu’elles veulent résoudre. Or, ce n’est pas parce qu’un projet va couvrir une grande superficie ou prendre en compte des centaines de personnes qu’il sera forcément validé ou retenu », précise-t-il.
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Fort de ce constat, WEP-TOGO a initié le projet « Renforcement des capacités des OSC féminines sur la formulation des projets éligibles au PMF/FEM ». A travers cette initiative, il s’agit, pour l’ONG, de renforcer les capacités des OSC féminines en formulation des microprojets environnementaux selon les réalités de chaque région du Togo. Au-delà, il s’agit aussi de contribuer à satisfaire les préoccupations du PMF/FEM en matière de prise en compte du genre au niveau du fonds et in fine à améliorer le taux d’accessibilité des OSC féminines togolaises aux divers fonds climats.
Formées et outillées pour soumettre des projets éligibles
C’est ainsi que des ateliers régionaux ont été organisés à l’endroit des OSC féminines afin que celles-ci soient outillées sur la formulation des microprojets et projets éligibles au PMF/FEM.
« Les femmes sont les plus utilisatrices des ressources naturelles et sont plus proches des éléments de l’environnement. Au même moment, elles sont les plus victimes des aléas climatiques et vivent au quotidien les effets néfastes des changements climatiques. Nous sommes convaincus qu’en les mettant ensemble, en renforçant leurs capacités, elles pourront mieux élaborer les projets, aller à la mobilisation des ressources financière et mettre en œuvre ces projets en faveur des femmes des communautés à la base », explique Essivi Acakpo-Addra Tsonya, Directrice exécutive de l’ONG WEP-TOGO.
Ouverts en novembre dernier à Dapaong avec l’étape de la région des Savanes, ces ateliers de trois jours ont été également tenus à Kara pour le compte de la région de la Kara, à Sokodé pour la région Centrale, à Kpalimé pour la région des Plateaux et se sont achevés le week-end dernier avec l’étape de la région Maritime, tenu du 12 au 14 janvier 2023 à Lomé. Cette série d’ateliers a consisté à renforcer les capacités d’au moins 20 OSC féminines de chaque région du Togo sur la formulation des microprojets et projets d’adaptation, d’atténuation des problèmes environnementaux et climatiques afin de contribuer à augmenter le nombre de projets des OSC féminines sélectionnés par le PMF/FEM.
« Il s’est agi de partager avec les OSC féminines de chaque région les notions sur l’environnement et les changements climatiques puis les informations relatives aux problèmes environnementaux et climatiques aux niveaux international, national, régional et local. Nous avons également présenté aux participantes et participants le PMF/FEM, les critères d’éligibilité et les principales causes de rejet des projets et avons partagé avec eux les bonnes pratiques issues des programmes PMF/FEM, PALCC, PGICT. On leur a également rappelé les différentes étapes du cycle de projet avec des cas pratiques et des moments de partage B to B », indique Amèvi Ahalé, Chargé de projets à l’ONG WEP-TOGO.
Les sessions des ateliers ont été animées par des consultants cooptés sur la base de leurs expériences et expertises dans le domaine de la formulation des microprojets, des projets environnementaux et climatiques.
Désormais aptes pour postuler
Les thématiques développées durant la formation ont suscité un véritable engouement chez les organisations participantes. Ce qui témoigne de l’importance de cette activité.
Bénéficiaire d’un financement du PMF/FEM en 2015, l’Union Féminine des Savanes (UNIFESA), une OSC de femmes de Dapaong, n’a plus eu cette chance les années suivantes parce qu’aucun autre de ses projets soumis n’a été retenu par le programme. La formation de WEP-TOGO est venue éclairer la lanterne de cette organisation sur les raisons de ces échecs répétés.
« La formation nous a permis de nous rendre compte que dans les projets que nous avions soumis et qui n’ont pas été retenus, on avait omis beaucoup de choses qu’on devait ressortir pour que ce que nous proposions soit plus pertinent. C’est sans nul doute la raison pour laquelle nos projets n’ont pas été pris en compte au PMF/FEM », reconnait Agnès Minlekibe Kinansoa, Coordinatrice de l’UNIFESA et participante à l’atelier de Dapaong. « Grâce à cette formation, nous savons désormais quelles informations pertinentes mettre dans nos projets avant de les soumettre au PMF/FEM, pour avoir des retours positifs », ajoute Mme Kinansoa.
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Pour Amida Lokou Tchamdja, Coordinatrice du Réseau des Associations de Femmes en Action pour le Développement (RAFAD), basé à Kara, après cette formation, toutes les conditions sont désormais réunies pour que les organisations de femmes puissent postuler aux appels à projets du PMF/FEM et d’autres programmes.
« Cette formation a vraiment été un plus. Si nous suivons les conseils de bout en bout, il n’est pas question qu’on puisse proposer un projet qui ne soit pas pertinent et retenu », soutient Mme Lokou Tchamdja qui a participé à la formation à Kara.
Des projets éligibles, l’ONG Society for Women and AIDS in Africa (SWAA Togo) est désormais prête à en soumettre au PMF/FEM. Longtemps réticente à participer aux appels à projets de ce programme parce que n’ayant pas toutes les informations requises et n’ayant aucune idée du caneva, Modesta Ezunkpé, Coordonatrice de SWAA et participante à l’atelier de Lomé, va se jeter dans la bataille.
« C’est un sentiment de joie qui m’anime personnellement parce que nous avons appris beaucoup de chose au cours de cette formation. Le programme PMF/FEM et ses appels à projets, nous en entendons parler depuis longtemps mais nous n’y avons jamais participé par manque d’informations sur le caneva, la ligne directrice etc. Mais cette formation nous a permis de nous rendre compte qu’il n’y a rien de compliqué. Grâce aux notions que nous avons apprises, nous pouvons maintenant postuler et gagner les appels », se réjouit Mme Ezunkpé.
« Si le PMF/FEM lance un appel à projets ce soir même, mon organisation n’hésitera pas à postuler », déclare, de son côté, Logossou-Teko Kokoè, Directrice exécutive de CLEF (Cercle de Liaison et d’Entraide Féminine), basée à Aného, préfecture des Lacs. Alors qu’elle avait déjà un certain nombre de notions sur le programme, l’atelier de WEP-TOGO lui a permis de renforcer ses connaissances et d’avoir beaucoup plus d’éclairages sur le sujet.
Pour la Directrice exécutive de WEP-TOGO, ces formations, qui sont organisées au lendemain de la COP 27, arrivent au bon moment quand on sait que le Togo a pris des engagements au cours de cette rencontre internationale sur le climat. Dans la mise en œuvre de ces engagements, estime-t-elle, il faut la prise en compte du genre et la contribution de toutes les couches sociales dont les femmes. Tout cela doit passer par le renforcement des capacités des femmes et des organisations de femmes.
« Nous sommes convaincus qu’une fois que ces organisations de femmes sont renforcées, elles pourront impacter les femmes dans les communautés à la base, les mobiliser et les impliquer dans la lutte contre les changements climatiques et la protection de l’environnement, afin de contribuer à l’atteinte des objectifs du Togo en matières de Contributions nationales déterminées (CDN), d’engagements pris par le Togo à l’international », soutient Essivi Acakpo-Addra Tsonya, avant de remercier le programme PMF/FEM et le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) pour leur appui financier qui a permis l’organisation des ateliers.
Bref aperçu sur le programme PMF/FEM
Le Programme de Micro Financements du Fonds pour l’Environnement Mondial (PMF/FEM) est un mécanisme financier, créé par le FEM en 1992 et mis en œuvre par le PNUD, pour réduire les menaces qui pèsent sur l’environnement mondial, par le financement des projets innovants des organisations de la société civile (OSC).
Depuis 2009, le PMF/FEM appuie les organisations de la société civile au Togo, dans les cinq domaines thématiques du FEM : la diversité biologique, les changements climatiques, les eaux internationales, la dégradation des terres et les produits chimiques et les déchets.