Togo – COP 26 : JVE et Oxfam donnent la voix aux jeunes au 17e Festival Agro-Bio-Cultures

Société Civile Médias
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(Société Civile Médias) – La 17e édition du Festival Agro-Bio-Cultures, organisée du 27 au 30 octobre dernier par l’ONG JVE dans le Grand Kloto, a été marquée par un marathon populaire et citoyen. Plus qu’une simple course, ce marathon a été pour les jeunes qui y ont pris part, l’occasion d’adresser un message fort aux responsables politiques, actuellement réunis à Glasgow (Ecosse) dans le cadre de la COP 26, la Conférence sur les changements climatiques.

« Justice climatique pour l’Afrique, il est temps d’agir », « Crise climatique, il est temps de donner la parole aux femmes », « Nous n’avons pas de planète B », « Des actions, plus de blablabla », « Non aux énergies fossiles », « Oui à L’agroécologie pour promouvoir nos identités et renforcer notre résilience », ce sont là quelques uns des messages poignants qui figuraient sur les pancartes que brandissaient la centaine de jeunes, tous de vert vêtus, au cours de ce marathon d’environ 15 kilomètres, organisé en faveur du climat et de l’agroécologie. Une façon pour ces jeunes de rappeler aux grands décideurs la nécessité d’une action rapide et collective face aux dangers du changement climatique.

Les jeunes au cours du marathon, les pancartes en main,

Donner la voix à la jeunesse

D’après les responsables de l’ONG JVE (Jeunes Volontaires pour l’Environnement), l’objectif de ce marathon est de pouvoir donner la parole à la jeunesse, vu que très souvent, elle n’a pas voix au chapitre dans les négociations internationales et les grandes décisions politiques. Il s’agissait donc d’amplifier la voix des jeunes, de les inviter à la table et de leur permettre de pouvoir passer leurs messages. Chose faite par la centaine de jeunes ayant participé au marathon de Kpélé-Tsiko, avec des messages qui portent, pour l’essentiel, sur des solutions pratiques et simples au changement climatique, que le monde entier fait semblant d’ignorer.

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« Quand il s’agit de résorber la crise climatique, il n’y a pas plus simple que de promouvoir l’agroécologie et les énergies renouvelables. Il n’y a pas plus simple que d’encourager l’éducation à l’environnement et de permettre à ce que les jeunes et les femmes aient accès à la terre et produisent pour la consommation locale. Il suffit d’avoir des circuits de consommation fermés et courts qu’une bonne partie de la crise climatiques va être résorbée », martèle Sena Alouka, Directeur exécutif de JVE, qui a échangé avec les ‘marathoniens’ sur les enjeux de la COP 26 et des solutions qu’ils peuvent porter au niveau de leurs territoires.

Nécessité d’une justice climatique

Au cours de cet échange, M. Alouka est par ailleurs revenu sur la nécessité d’une justice climatique vis-à-vis de l’Afrique. Alors que le continent est responsable d’environ seulement 4% de toutes les émissions mondiales de CO2, pour chaque augmentation, elle en pâtit 1,5 fois plus que le monde entier. A JVE, on estime que cela est injuste.


« Actuellement, nous sommes sur une trajectoire d’augmentation par rapport à l’air industriel d’environ 1,5 à 2 degrés. Pour l’Afrique, cela signifie une augmentation de près de 3 degrés Celsius. Ce qui est inacceptable. Nous sommes inondés, les vents décoiffent nos maisons, nos écoles sont de temps en temps perdus dans les eaux, nos terres s’assèchent constamment. Nous ne pouvons pas payer le prix fort alors que nous n’avons pas contribué aux changements climatiques. Il faut absolument une justice climatique. Les pollueurs doivent payer, d’abord en réduisant les émissions chez eux, puis en nous aidant à pouvoir répondre aux crises et catastrophes que nous subissons sur le continent par leur faute », a insisté Sena Alouka devant les jeunes.

Par ailleurs, deux arrêts importants ont marqué cette manifestation. Le premier, effectué chez le tsamigan Yawovito, représentant du chef canton de Kpélé-Tsiko, a permis à ce dernier d’attirer l’attention des jeunes sur les questions liées à la biodiversité culturelle, notamment la préservation de nos savoirs, de notre culture et de nos traditions. Le message de M. Yawovito a porté, entre autres, sur comment l’Afrique est confrontée à une perte de vitesse, essentiellement due à l’érosion de sa culture et de ses valeurs. Et de convier les jeunes à mettre tout en oeuvre pour préserver les traditions africaines, parce que dans ce patrimoine, se trouve la clé de l’avenir du continent.

Les jeunes échangeant avec Kodjo Kokou Lucas Alouka

Le deuxième arrêts les a conduit chez Kodjo Kokou Lucas Alouka, naturiste et tradithérapeute, spécialiste des herbes médicinales et expert sur les questions d’agroécologie. Celui-ci a échangé avec eux sur le bénéfice qu’ils auront à ne pas se focaliser seulement sur les études. L’école oui, mais le savoir traditionnel africain et l’entrepreneuriat sont tout aussi important, a-t-il indiqué, en faisant savoir que l’agroécologie offre une bonne piste d’investissement, que ce soit en faisant de l’élevage locale, du jardinage, du maraichage, de la production et de la vente d’engrais biologique etc. Kokou Lucas Alouka a encouragé les jeunes à s’intéresser à la tradithérapie et leur a montré quelques plants tout en leur parlant de leur valeur et de leur vertu médicinale.

A noter que JVE collabore avec Oxfam, pour mobiliser les jeunes en faveur du climat et de l’agroécologie dans une dizaine d’autres pays du continent africain.

Bref aperçu sur le 17e Festival Agro-Bio-Cultures

Organisé depuis 2004 par l’ONG JVE, le Festival Agro-Bio-Cultures était, cette année, à sa 17e édition. Une édition axée sur le thème « Faire de l’entrepreneuriat jeune, le levier de la transition agroécologique dans le grand Kloto » et organisée avec l’appui de l’ONG Oxfam.
Outre le marathon populaire et citoyen, l’événement a été marqué par plusieurs activités notamment des signatures de convention avec des mairies, mais aussi et surtout une grande rencontre de tous les acteurs de l’agroécologie autour de la transition agroécologique du Grand Kloto, les autorités locales ayant décidé d’accompagner leur territoire à s’engager dans la voie de l’agriculture durable.

Ainsi donc, le Festival a permis à l’ONG JVE d’attirer l’attention sur la nécessité que les acteurs puissent voir en cette transition une solution pertinente et idoine à la crise climatique à laquelle le monde est confronté. La rencontre a donc accouché de plusieurs recommandations allant dans ce sens.