(Société Civile Média) – Comment réussir à mettre l’agriculture au cœur du modèle de croissance en Afrique au moment où le continent fait face aux agricultures compétitives européennes et nord-américaines ? Kako Nubukpo a répondu à cette interrogation.
Pour l’économiste togolais, les terres convoitées par les puissances émergentes et les surplus nord-américains et européens déversés en Afrique, tuant ainsi toute incitation à produire localement, constitue l’urgence agricole aujourd’hui. Ceci dit, en plus de l’augmentation de la productivité agricole sur le continent et du soutien institutionnel aux acteurs de la filière agricole, M. NUBUKPO préconise une politique agricole protectionniste.
« Dans un premier temps, le protectionnisme est nécessaire sur un continent où 70 % de la population est rurale. Surtout quand l’on met en concurrence les agricultures ultra productivistes du Nord et celles, familiales, du Sud si peu subventionnées », a-t-il déclaré dans une interview accordée au journal Le Monde.
Pour Kako NUBUKPO, l’Afrique doit se nourrir en protégeant son marché. « Voyez seulement, un agriculteur américain est 820 fois plus soutenu qu’un producteur tanzanien. L’Américain reçoit en moyenne 37 000 dollars par an, le Tanzanien… 46 dollars. Sur un même marché, ce dernier disparaîtra. Après la seconde guerre mondiale, l’Europe n’a pas attendu que les Etats-Unis la nourrissent. La politique agricole européenne pèse pour la moitié du budget commun, car c’est une question de souveraineté alimentaire », a souligné l’économiste togolais qui a récemment publié son nouvel ouvrage intitulé « L’Urgence africaine ». Un livre dans lequel il plaide pour un changement radical du modèle de croissance en Afrique.