Togo: Consolider la laïcité pour favoriser la cohésion sociale en Afrique

luzdelsol668
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(Société Civile Média) – Analyser le lien qui peut exister entre religion et tradition d’une part et entre religion, tradition et laïcité d’autre part, et démontrer en quoi ce lien peut créer une spiritualité et constitue un élément de cohésion sociale en Afrique, cet exercice n’est sans nul doute pas aisé. Mais le Cercle d’Initiatives citoyennes pour le Challenge et le Changement en Afrique (CICCA) et l’association Solidarité Lorraine-Afrique (SOLA) ont bien voulu se prêter au jeu. Ce fut lors d’un colloque organisé vendredi 22 février à Lomé. Une rencontre axée sur le thème « Laïcité, religions et traditions : quelle spiritualité pour une cohésion sociale en Afrique ?».

La rencontre se situe dans le cadre de la Journée Nationale de la Société Civile, célébrée du 18 au 23 février. Elle a réuni des responsables d’associations, de partis politiques, de confessions religieuses et de courants philosophiques et avait pour objectif de faire un rappel du contenu sémantique et lexicologique des notions de laïcité, libertés publiques et Etat de droit et de leur fondement juridique ; de mettre en valeur les expériences des uns et des autres et les partager pour favoriser un véritable climat de tolérance ; de faire des propositions concrètes en vue de remédier aux fractures sociales nées des stigmatisations politiques, ethniques et religieuses pour consolider l’Etat de droit et favoriser l’unité nationale.

La rencontre entendait également encourager un véritable dialogue des religions et des écoles philosophiques pour renforcer le socle de vouloir vivre en commun ; élaborer un opus des bonnes pratiques de tolérance à mettre à la disposition des médias et des populations et de mettre en place un réseau de sentinelles de la tolérance et de la lutte contre la stigmatisation pour développer les bonnes règles à travers le Togo et les pays voisins.

Elle a donc été l’occasion de débattre d’un certain nombre de thème touchant la laïcité et la cohésion sociale ; les religions traditionnelles et la cohésion sociale ; la religion et la démocratie en Afrique ; la religion, les droits de l’homme et le développement en Afrique etc.

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« On s’aperçoit aujourd’hui qu’il y a une stigmatisation systématique qui gangrène et met en péril l’unité nationale que nos autorités appellent de tout leur vœux et qui nous parait primordial pour construire notre pays. De plus, dans nos quartiers pullulent des églises qui font du bruit et vous empêche de venir à eux parce que vous n’êtes pas les leurs. Cela crée des situations de frustration et de repli sur soi qui font peur. De plus, ces églises remettent en cause l’ordre traditionnel, les éléments qui fondent nos sociétés depuis des temps immémoriaux. On voue aux gémonies ceux qui veulent s’accrocher à nos us et coutumes et on les transforme en paria. Or, lorsqu’on met la laïcité au cœur de la pratique religieuse et de la liberté de la conscience, on promeut les droits de l’Homme et on favorise l’Etat de droit », explique Me Sylvain ATTOH-MENSAH, président du CICCA.

Une vue des participants à la journée de réflexion
Une vue des participants à la journée de réflexion

D’après lui, pour renouer les liens entre les Togolais, il faut faire en sorte que les principes de laïcité, de liberté de conscience et de justice puissent prévaloir sur nos croyances individuelles qui sont du domaine privé et qui ne doivent pas occulter le domaine public. « Le tout religieux prend le pas sur l’idée du vivre ensemble qui doit cimenter les nations africaines et faciliter la cohésion et l’harmonie sociales », regrette cet acteur de la société civile selon qui le colloque a été organisé pour sortir un cahier du vivre-ensemble et de la laïcité qui va cimenter l’instruction civique au Togo.

En plus, la journée de réflexion a pour ambition, l’identification des individualités capables de porter le message de la lutte contre la stigmatisation pour une vraie réconciliation en organisant, dans le cadre de la Nuit des droits de l’homme, un trophée du meilleur acteur de tolérance et de la réconciliation nationale.

Pour Jean-Luc BURGAIN, président de l’association SOLA-Afrique, chacun est libre de pratiquer une tradition, une religion ou une culture. Mais cette pratique doit se circonscrire au domaine intime de façon à ce qu’elle ne rayonne en influence négative ou positive sur le reste de la société.

« Voilà en quoi nous avons contribué à cette journée de réflexion, avec un regard croisé entre les réalités africaines et les réalités occidentales, sans oublier qu’en occident, nous avons connu il y a trois siècles encore des traditions fondamentales, un apport religieux multiple et puis un apport républicain où la spiritualité et la religion étaient bien présentent mais réservées à la sphère intime des individus », souligne M. BURGAIN.