Togo: La LTDH répond au gouvernement et dénonce une « tentative de menace » à son égard

luzdelsol668
8 Min Read

(Société Civile Média) – La Ligue Togolaise des Droits de l’Homme (LTDH) répond au gouvernement togolais ! Alors que son rapport sur les droits humains, rendu public lundi dernier, a été qualifié de « tendancieux » et « dénué de tout fondement objectif » par les autorités, cette organisation de défense des droits de l’Homme, dans une note dont l’agence Société Civile Média a obtenu copie, tient à faire comprendre au gouvernement « qu’elle  a  effectué  sur  le  terrain,  avec  beaucoup  de  diligences  et  de professionnalisme, ses enquêtes pour aboutir à ce bilan ». Tout en estimant que « la réalité des faits qui rendent le gouvernement responsable des graves violations et atteintes aux droits humains », la LTDH dénonce une « tentative d’intimidation, de menace, de pression et  de  discrédit  entrepris  par  le  gouvernement  à  son  égard ». Voici l’intégralité du communiqué rendu public par la LTDH à cet effet.

DECLARATION DE LA LTDH RELATIVE AU COMMUNIQUE  DU GOUVERNEMENT A LA SUITE DE LA  PUBLICATION DU RAPPORT

C’est avec consternation que la Ligue Togolaise des Droits de l’Homme (LTDH) a pris connaissance du communiqué du gouvernement du 30 juillet publié sur la chaine de télévision nationale dans la soirée du 31 juillet 2018, et par lequel ce dernier a cru attaquer le rapport de la LTDH sur la situation des droits de l’homme au Togo couvrant la période du 19 août 2017 au 20 juillet 2018 en essayant vainement de jeter le discrédit sur l’activité  de  Monitoring effectuée avec rigueur et professionnalisme durant les  périodes troubles que notre pays a traversées.

D’entrée  de  jeu,  il  sied  de  préciser  que  la  LTDH  n’a  nullement  été  surprise  par  cette  démarche  du gouvernement togolais,  coutumier de la dénégation systématique des cas de violation des Droits humains, le contraire nous aurait plutôt étonné étant donné que les autorités togolaises ont toujours critiqué tous les  rapports  produits  par  la  LTDH  depuis  sa  création  sans  jamais  parvenir  à  convaincre  l’opinion  en apportant  la  preuve  contraire.  Il  nous  en  souvient  qu’en  mai  2018  le  gouvernement  togolais  n’a  pas manqué de critiquer les déclarations relatives à la situation des droits humains au Togo, faites par la FIDH et  le  Réseau  Ouest  Africaine  des  Défenseurs  des  Droits  de  l’Homme  lors  de  la  62ème session de la Commission Africaine des Droits de l’Homme et des peuples qui s’est tenue à Nouakchott (Mauritanie) du 26 avril au 09 mai 2018.

- Advertisement -

Dans son communiqué du 31 juillet 2018, le gouvernement a justement zoomé sur le bilan qui est résulté du rapport de la LTDH pour ensuite qualifier  ledit rapport  de  « partisan  et  dénué  de  tout  fondement objectif » en s’adonnant à une étude comparative avec son propre bilan et ceux d’autres organisations de la  société  civile,  ce  qui  caractérise  l’imprécision  et  le  manque  de  crédit  à  accorder  à  la  démarche  du gouvernement qui en réalité, devrait situer l’opinion et lever de le doute qu’il fait sciemment planer sur le nombre de victimes, alors qu’il dispose de réels moyens de le faire.

La  LTDH  voudrait  bien  indiquer  qu’elle  a  effectué  sur  le  terrain  avec  beaucoup  de  diligences  et  de professionnalisme ses enquêtes pour aboutir à ce bilan et que pour la qualité de son travail,  elle n’avait ni le droit, ni le devoir de se baser sur les résultats des enquêtes d’autres organisations de la société civile et encore moins du gouvernement.

La LTDH n’ayant pas eu les mêmes sources d’information que les autres, il est donc évident et tout à fait normal que son bilan ne soit pas conforme à celui des autres.

Par conséquent, le fait de se fonder sur le fait que le bilan émis par la LTDH dans son rapport diffère de ceux du gouvernement et d’autres organisations de la société civile pour traiter ce bilan de partisan,  constitue pour nous une fois de plus la preuve d’une mauvaise foi du gouvernement qui tente de « noyer le poisson dans l’eau ».

En outre, concernant l’affirmation du gouvernement selon laquelle le but visé par la LTDH serait de faire porter par le gouvernement la responsabilité de violences et des dérapages ayant entrainé des pertes en vies humaines  et des dommages considérables, la LTDH  précise que c’est plutôt la réalité des faits qui rendent le gouvernement responsable des graves violations et atteintes aux droits humains étant donné que ces  graves  violations et atteintes aux droits humains ont été  orchestrées sous les regards passifs, parfois complice et même sous les ordres des autorités politiques comme cela a été si bien révélé dans le rapport.  Aussi, convient-il de souligner qu’il revient au gouvernement la responsabilité   régalienne  de garantir  aux citoyens la pleine et effective jouissance de leurs droits et de préserver la sécurité de ces derniers, comme l’indique l’article 13 de la Constitution togolaise du 14 octobre 1992 ; Ce que ce dernier a manqué de faire dans le cadre des manifestations passées.

Par ailleurs, la date choisie pour la publication de ce rapport ne cache aucune intention malveillante, la LTDH créée le 20 juillet 1990avait juste choisi cette période pour marquer son 28èmeanniversaire comme il en a d’ailleurs l’habitude. On se demande plutôt ce que craint le gouvernement.

Il en résulte donc que la LTDH s’est fondée sur des données recueillies sur le terrain et donc la certitude des informations conduisant à ce rapport ne fait l’objet d’aucun doute.

Par conséquent, la LTDH dénonce une fois encore cette tentative d’intimidation, de menace, de pression et  de  discrédit  entrepris  par  le  gouvernement  à  son  égard,  et  en  appelle  à  l’opinion  nationale  et internationale, aux missions diplomatiques et consulaires accréditées au Togo, à toutes les organisations de la société civile aux plans national et international, notamment la Fédération Internationale des ligues des Droits de l’Homme (FIDH), Amnesty Internationale, Human Rights Whatch, Le Réseau Ouest-Africaine des  défenseurs  des  droits  de  l’Homme,  d’œuvrer  aux  côtés  de  la  LTDH  en  vue  de  la  défense   des défenseurs des droits humains ainsi que leur protection.

La LTDH déclare être prête à défendre son rapport devant n’importe quelle instance.

Fait à Lomé le 02 août 2018

Pour le Bureau Exécutif,

Le Président,

Me Célestin Kokouvi AGBOGAN