Togo: Des chefs cantons de Vo et Yoto dénoncent les abus des entreprises minières installées dans leurs localités

luzdelsol668
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(Société Civile Média) – Partant du constat de l’inapplicabilité de la Loi N0 2011-008 du 05 mai 2011, relative à la contribution des entreprises minières au développement local et régional au Togo, l’ONG Solidarité et Action pour le Développement Durable (SAAD), qui s’était déjà penchée sur le sujet il y a quelques semaines, a initié, ce mardi à Lomé, une « journée de réflexion sur les violations des droits humains et la pauvreté endémique des communautés hôtes des entreprises minières au Togo ». Cette journée a connu la présence des chefs cantons de Tabligbo, Kini-Kondji, Tokpli, Vogan et Hahotoé, des localités où se sont installées de grandes entreprises d’extraction minière, mais dont les populations végètent dans une pauvreté endémique.

Ce fut l’occasion pour ces garants des us et coutumes de dénoncer « avec véhémence » les conditions de vie et d’existence de leurs populations et les conditions de travail des jeunes travailleurs togolais qui, selon eux, vendent leurs forces de travail contre des salaires de misère. D’après les chefs cantons, en dépit de la présence de grandes entreprises d’exploitations minières à Tabligbo, Vogan, Kinikondji, Hahotoe et Tokpli, force est de constater que les populations de ces localités figurent encore parmi les plus démunis du Togo.

« Dans nos communautés, les populations locales subissent le joug d’investisseurs puissants et désinvoltes et les effets néfastes de l’exploitation sauvage des ressources se font durement ressentir au niveau social, sanitaire et environnemental. Les exemples sont malheureusement nombreux, qu’il s’agissent d’habitations détériorées par les explosifs utilisés par les mines, des terres arables transformées en montagne, lacs artificiels et des trous de profondeurs inouïes remplis de crocodiles et de serpents venimeux qui causent des accidents mortels le long des années, de l’absence de routes praticables, d’électricité, d’installation sanitaires et scolaires parfois vétustes et sans équipements adéquats », déplorent les chefs cantons invités à la journée de réflexion. Et de dénoncer les conditions d’expropriation des habitants de leurs localités qui, d’une part, se sont vus confisquer des milliers d’hectares de terres arables, et d’autre part sont réduits à la mendicité, parce que confrontés à une dégradation et pollution excessives des sols causées par l’exploitation sauvage des ressources minières par les multinationales.

Tout en regrettant la non implication des communautés hôtes des entreprises minières dans la mise en œuvre du Projet de Développement et de Gouvernance Minière (PDGM), les chefs cantons ont fait plusieurs propositions pour pallier aux différents maux que connaissent leurs localités. Ils recommandent donc au gouvernement de :

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  • Prendre et de publier le décret d’application de la loi n0 2011-008 du 05 mai 2011 relative à la contribution des entreprises minières au développement local et régional ;
  • Prendre les dispositions contraignantes pour la mise en application effective de la loi cadre sur l’environnement ;
  • Réviser les textes nationaux en intégrant les dispositions des principes directeurs relatifs aux entreprises et aux droits de l’Homme des Nations Unies ;
  • Adopter une politique nationale en matière de la Responsabilité Sociétale des entreprises et adopte une loi et ses textes d’application ;
  • Créer un cadre de dialogue social permanent entre les communautés hôtes les entreprises minières et les autorités locales pour la transparence et la redevabilité dans le secteur minier au Togo.

L’ONG SADD se propose de soutenir les chefs cantons dans leurs actions à travers des plaidoyers, des instruments juridiques, des stratégies mises en place avec d’autres organisations à l’échelle aussi bien nationale qu’internationale.