Togo : A Bombouaka, l’agriculture biologique booste la production des femmes cultivatrices d’oléagineux

Société Civile Médias
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(Société Civile Médias) – A Bombouaka (550 km au nord de Lomé), la formation des femmes productrices d’oléagineux (arachide, sésame et soja) sur de nouvelles techniques culturales a porté ses fruits. Longtemps confrontées à de nombreuses difficultés qui les empêchaient d’avoir le rendement escompté, ces femmes ont vu leurs récoltes nettement s’améliorer cette année grâce à l’utilisation des techniques privilégiant l’agriculture biologique. Des techniques reçues grâce au projet « Renforcement des capacités de production des femmes du canton de Bombouaka », mis en œuvre par l’ONG PASDIB avec l’appui financier du Programme Microfinancements du Fond pour l’environnement Mondial (PMF/FEM).

La faiblesse des sols cultivables est l’un des facteurs identifiés par l’ONG Programme d’Appui à la Société Civile pour un Développement Intégré à la Base comme étant à l’origine des mauvaises récoltes faites par les femmes cultivatrices du canton de Bombouaka ces dernières années. Un problème qui s’est accentué avec l’utilisation excessive et dangereuse des engrais chimiques. De l’avis des cultivatrices, un hectare de terre ne rapporte aujourd’hui qu’environ une tonne de soja, d’arachide et de sésame, alors que la même surface produisait bien plus avant.

Les femmes en train de sécher le sésame

L’expérience des champ-écoles

Face à ces difficultés, l’une des résolutions prises a été l’arrêt de l’utilisation d’engrais chimiques, au vu de leurs répercussions négatives sur les sols et les cultures. La solution prônée par l’ONG PASDIB étant la promotion de l’agriculture biologique, trois champ-écoles (pour chacun des trois oléagineux) ont été créés grâce à l’appui d’un laboratoire botanique.

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La mise en place de ces champs a été suivi de la formation des femmes en technique de préparation du sol, qui a consisté en un mélange du sol avec du compost naturel constitué de fiente d’animaux et d’herbes vertes. Les Bénéficiaires ont par la suite été formées en technique de semence de l’arachide, du sésame et du soja et en technique de désherbage.

Lire aussi : Togo : Pour leur autosuffisance alimentaire, l’ONG PASDIB en appui aux femmes paysannes du canton de Bombouaka

Ici, elles sont en train de ramasser le sésame séché

Une expérience qui a porté des fruits

Les résultats obtenus dans les champ-écoles après l’utilisation des techniques privilégiant l’agriculture biologique ont été concluants. C’est l’essentiel de ce qu’on peut retenir après les récoltes des différentes cultures oléagineuses effectuées par les femmes cultivatrices.

« Dans l’ensemble, les récoltes ont été bonnes car nous avons eu beaucoup de suivis techniques et suivis du Comité cantonal de développement dans nos activités culturales de cette année, et les rendements sont meilleurs que l’année passée », se réjouit la responsable du consortium FTODEE (Femmes de Tandjouaré organisées pour le développement économique et la préservation de l’environnement).

En ce qui concerne l’arachide par exemple, sa récolte, en septembre dernier, a été meilleure que celle de l’année passée avec quatre sacs récoltés cette année contre deux l’année dernière sur la même parcelle.

Ci-dessous, la vidéo où les femmes témoignent des bienfaits de l’agriculture à base de compost

« L’utilisation de l’engrais biologique nous a beaucoup aidé. Il a permis à l’arachide de bien produire. Et quand on la croque, on sent vraiment le goût du produit. Et quand on le décortique, les graines sont propres et bien nettes. Ce qui n’est pas le cas quand on utilisait l’engrais chimique », confie une des femmes cultivatrices.

Idem pour le sésame qui a également bien produit malgré la cessation brusque des pluies.

Il en est de même du soja. En dépit de l’anomalie liée à l’excès de fumier mal dosé, sa récolte est aussi meilleure avec deux sacs et demi récoltés cette année, contre un sac et demi l’année dernière sur la même parcelle.

« Nous l’avons négligé dans le passé, mais aujourd’hui, nous nous rendons compte que la culture avec du compostage est très avantageuse. Nous avons toutes constaté la qualité des produits récoltés. Au vu de tout cela, nous avons trouvé l’approche agro-écologique de la culture des oléagineux très pertinente et avons pris la résolution de continuer avec ce système lors de la prochaine saison culturale », promet la responsable du consortium FTODEE.

Formation des femmes en technique de compostage

Par ailleurs, en plus des trois champ-écoles déjà existant, demande a été faite à l’ONG PASDIB pour la création de deux autres champs d’arachide et de soja.  Le champ-école d’arachide pour confirmer la pertinence de l’expérimentation et celui du sésame pour mieux appréhender le dosage de composte, de même que l’espacement et d’autres pratiques qui n’ont pas été très bien maîtrisées par les femmes.

En outre, une formation en technique de compostage leur a été délivrée le 13 novembre dernier et leur a permis d’être aguerries sur les procédures et techniques adéquates pour fabriquer du composte.

La roulette offerte aux femmes pour le déplacement de la décortiqueuse

« L’idée est que chaque ménage de ces femmes membres du consortium FTODEE ait un pot de composte d’un mètre et demi. Chaque femme essayera de faire ça avec les fientes d’animaux, des herbes sèches, de la cendre et de l’eau », explique Eddi Kpogan-Amouzou, Directrice exécutive de l’ONG PASDIB.

Aussi, vu que les femmes ont des difficultés à transporter leurs récoltes des champs à la maison, un tricycle leur a été offert pour résoudre ce problème. L’engin servira aussi à converger l’arachide vers le lieu de décorticage. Les femmes ont également été dotées d’une roulette pour le déplacement de la décortiqueuse.

Le tricycle offert aux femmes par le projet