Violences sexistes et sexuelles : 200 activistes féministes réclament des données fiables et complets

Société Civile Médias
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(Société Civile Médias) – 200 activistes féministes issus de pays de l’Afrique de l’ouest signent une tribune pour exhorter leurs gouvernements à financer des systèmes de collecte de données fiables et complets sur les violences sexistes et sexuelles. Par cet acte, elles lancent la campagne #CompterPourToutes en ligne et dans huit pays. Ci-dessous, l’intégralité de la tribune publiée :

En Afrique de l’Ouest, les violences sexistes et sexuelles sévissent avec des conséquences graves tant sur les victimes que sur le statut des femmes. Au Bénin, entre 2019 et fin mars 2023, les structures de prise en charge ont enregistré 78 233 cas de violences infligées aux filles et aux femmes, selon le Système Intégré des Données relatives à la Famille, la Femme et l’Enfant, Nouvelle Génération (SIDoFFE-NG).

En Guinée, 95 % des femmes âgées de 15 à 49 ans ont déclaré avoir été victimes d’excision[1]. Au Burkina Faso, les données révèlent que 44 % des femmes mariées l’ont été avant l’âge de 18 ans, tandis que 16,2 % des femmes en âge de procréer ont subi des violences au sein de leur foyer.[2] En Mauritanie, le viol demeure un crime impuni, non défini dans les textes de loi du pays.

Au Niger, une étude sur l’ampleur et les déterminants des Violences Basées sur le Genre, menée en 2021, indique que plus de 38 % des femmes ont été victimes de telles violences. [3] Ces chiffres ne capturent pas toutes les histoires des femmes et des filles qui restent invisibles en raison du manque de données qualitatives. Ces histoires non reflétées dans les statistiques, nient les souffrances silencieuses, et les luttes quotidiennes auxquelles elles sont confrontées.

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Les représentant·e·s du système judiciaire, des forces de l’ordre, des services sociaux, du secteur de la santé et de la société civile, ont exprimé lors d’ateliers de concertation, dans nos pays, à quel point le manque de données handicape leur efficacité dans cette lutte. Sans données précises, récentes, fiables et complètes sur les violences sexistes et sexuelles en Afrique de l’Ouest, il est difficile d’évaluer l’efficacité des politiques existantes, de concevoir de nouvelles stratégies ou d’allouer les ressources nécessaires pour lutter contre ce fléau. 

CELA DOIT CHANGER !

Il est impératif d’agir de manière décisive pour garantir la sécurité de TOUTES les femmes et les filles. Mais comment mieux agir si nous n’avons pas une idée concrète de l’ampleur du problème ?

Nous, féministes d’Afrique de l’Ouest (Bénin, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Mali, Mauritanie, Guinée, Niger, et Sénégal) à travers notre campagne de mobilisation sociale et politique régionale Compter Pour Toutes, exhortons nos gouvernements à investir davantage dans la collecte et l’analyse de données qualitatives et quantitatives spécifiques sur les violences sexistes et sexuelles. Nous demandons :

Le renforcement des systèmes de collecte de données existants et la mise en place de nouvelles méthodes innovantes pour garantir une couverture exhaustive de tous les aspects de ces violences : Cela implique une série d’actions visant à améliorer la qualité et la fiabilité des données recueillies sur les violences sexistes et sexuelles ; la révision et la mise à jour régulière des protocoles de collecte de données pour garantir une approche cohérente et standardisée dans tous les secteurs ; la formation et la sensibilisation du personnel chargé de collecter ces données.

L’allocation de ressources adéquates à la collecte et l’analyse de données qualitatives et quantitatives sur les violences sexistes et sexuelles : Il est essentiel que les gouvernements allouent des ressources financières, humaines et technologiques suffisantes pour soutenir la collecte, l’analyse et la gestion des données sur les violences sexistes et sexuelles. Cela comprend le financement de l’acquisition et de la maintenance des équipements essentiels ; le soutien financier aux activités de terrain et aux enquêtes ; le recrutement et la formation d’un personnel qualifié et compétent pour collecter, saisir et analyser les données de manière précise et sensible, tout en assurant une gestion sécurisée et confidentielle des informations recueillies.

La promotion de la collaboration intersectorielle doit être améliorée entre les différents secteurs impliqués dans la collecte et l’utilisation des données, y compris la justice, la santé, l’action sociale, la police et la société civile, afin d’assurer une approche holistique et intégrée. En consolidant la collaboration intersectorielle, nous pourrons comprendre les dynamiques complexes, identifier les lacunes dans les systèmes de prévention, de réponse et coordonner efficacement les politiques publiques pour y remédier.

Nous exhortons donc les gouvernements de la région à prendre des mesures concrètes en inscrivant une ligne budgétaire, dans les lois de finances, en faveur de systèmes de collecte de données fiables et complets. AGISSONS !