Togo : Coopératives féminines, écocitoyenneté, AVE&C…que retenir du projet piloté par JVE et la Fondation ANESVAD dans les cantons de Djagblé et d’Abobo ?

Société Civile Médias
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(Société Civile Médias) – Piloté pendant 13 mois par l’ONG Jeunes Volontaires pour l’Environnement (JVE) et la Fondation ANESVAD, partenaire technique et financier, le projet « Renforcement de la Résilience des Femmes Affectées par les Maladies tropicales négligées (MTN) à manifestation cutanée et autres Membres des Coopératives Agricoles pour une Gestion Participative des Ressources Naturelles dans les Cantons de Djagblé et d’Abobo dans la Commune Zio 1 » est arrivé à terme le 30 septembre 2023 et fait son bilan. Un bilan dressé au cours d’une rencontre d’échange organisée le vendredi 29 septembre 2023 au Centre MAGBATROVA-KPOE à Gbadja Tonou dans le canton d’Abobo. Cette rencontre, qui tenait lieu de la deuxième édition du Festival de développement des Coopératives féminines de Zio (FesCo2), a servi de cadre de partage d’expérience sur les acquis et les résultats de la mise en œuvre du projet.

Le projet JVE-ANESVAD, il faut le rappeler, a pour objectif de Promouvoir l’éveil citoyen sur l’écocitoyenneté, le genre et les MTN cutanées dans les cantons de Djagblé et Abobo.

Hombalotouna ATTEGOUA, Coordinatrice du projet

Que retenir de la mise en œuvre du projet ?

A en croire ses porteurs, l’initiative a abouti à plusieurs résultats. Parmi ceux-ci, la mise en place de 8 coopératives agricoles de femmes dans les cantons de Djagblé et d’Abobo. Il s’agit des coopératives de Gbamakopé, Hlankopé, Abolavé, Adidomé, Zéglé, Ziogba, Abobo et Abobo Kpoguedé, A travers ces structures, les femmes des deux cantons pourront prendre conscience de la nécessité d’appartenir à un groupe solidaire pour collectivement réfléchir et disposer d’outils de préservation et de régénération des biens communs et du développement de leur milieu de vie.

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Le projet a également contribué à favoriser la culture de la bonne gouvernance, de la citoyenneté active, de la démocratie participative et de l’Etat de droit dans les deux cantons susmentionnés. Ceci, à travers la redynamisation de 8 CVD et la mise en place des Bureaux Exécutifs des Comité Villageois de Développement (CVD) dans 7 villages bénéficiaires. Et actuellement les achats sont en cours pour la construction de 40 cuisines à 40 ménages vulnérables en raison de 5 par village.

Renforcement des capacités des membres des Bureaux Exécutifs des CVD

« Tout le processus de mise en place de ces structures à la base a été pour les populations, un catalyseur pour renforcer et améliorer leur implication dans les affaires communautaires et a surtout permis de les préparer à devenir les premiers acteurs de leur propre développement, ceci dans une perspective de lutte contre la pauvreté et l’exclusion », se réjouit Hombalotouna ATTEGOUA, Coordinatrice du projet.

Alors que la préfecture de Zio est considérée comme une zone Co endémique aux MTN notamment la lèpre et l’ulcère de Buruli, le projet a formé les femmes des coopératives sur ce fléau responsable de séquelles et handicaps irréversibles.

« Les femmes formées sur les MTN contribuent donc à lutter contre ces maladies en informant les communautés locales sur leurs manifestions et leur prévention notamment par le biais de sensibilisations pour la détection et le référencement et en partageant avec elles les informations sur le processus de référence de tous les cas suspects vers la formation sanitaire publique la plus proche », a déclaré le Point Focal de la Fondation Anesvad au Togo,  Koffi FOMBO.

Les femmes formées sur les MTN en séance de sensibilisation pour contribuer à lutter contre ces maladies

Selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), les MTN touchent environ 1,5 milliard de personnes dans le monde dont plus de 600 millions en Afrique et affectent particulièrement les communautés à faible revenus dans les régions tropicales ou subtropicales. Elles causent plus de 500 000 cas de décès annuels. Pourtant ces maladies sont évitables si les règles d’hygiène et d’assainissement sont appliqués et traitables si elles sont décelées à temps.

Formation des femmes sur les techniques d’installation de Foyer Amelioré à Bois

Une autre activité menée par le projet JVE-ANESVAD concerne la formation des femmes des 8 coopératives sur les techniques d’installation de Foyers amélioré à bois dénommé « Adokpo Toxè ». Le projet a ainsi appuyé l’installation de 240 foyers pour encourager un changement éco-responsable dans les pratiques de cuisson au sein des communautés, et contribuer à la réduction des maladies liées à l’intoxication par la fumée intérieure et à la réduction de la pression sur les ressources naturelles notamment les forêts.

Par ailleurs, le projet a permis à 24 femmes, membres des 8 coopératives des cantons de Djagblé et d’Abobo, de disposer de connaissances précises et pointues sur les Associations villageoises d’épargne et de crédit (AVE&C). Ce système est une tontine améliorée qui permet aux membres des coopératives d’épargner de petites sommes d’argent sur un cycle de 12 mois.

Formation des femmes sur les Associations villageoises d’épargne et de crédit (AVE&C).

La caisse est gérée par le groupe et les membres ont la possibilité de faire des prêts à un faible taux d’intérêt (défini par le groupe lui-même) qui revient dans la caisse de la coopérative pour booster leurs activités génératrices de revenus. Ce système de tontine amélioré permettra aux Coopératives d’opter pour des épargnes hebdomadaires afin de s’accorder des micros crédits internes à faible taux d’intérêt dans le but de booster leurs activités génératrices de revenus. Le projet leur a d’ailleurs offert des kits nécessaires pour la réussite de ce système.

Des bénéficiaires témoignent

Cultivatrice à Adidomé, dame Abla, Présidente de la Coopérative Gbenodzou, salue l’idée de la mise en place des 8 coopératives par JVE et ANESVAD dans les cantons de Djagblé et d’Abobo. Pour elle, au-delà du rôle prépondérant que jouent ces structures dans l’autonomisation économique et financière des femmes, elles contribuent à les unir.

« Avant, chacune de nous évoluait de son côté, ce qui n’était pas une bonne chose dans la mesure où nous ne pouvions parvenir à rien individuellement. Mais la création des coopératives a contribué à nous mettre ensemble. Maintenant nous pouvons mener des activités ensemble, réfléchir ensemble, mettre en œuvre des projets ensemble. Et nous avons remarqué que cela a plus d’impact et nous permettra de jouer un rôle essentiel dans le maintien ou la relance de l’activité économique locale », fait remarquer Abla.

Madame Ayawa, membre de la coopérative N’tifafa de Gbamakopé, salue pour sa part la formation reçue par les femmes sur les Associations villageoises d’épargne et de crédit.

« Pour mener ou étendre nos activités, nous faisons souvent des prêts auprès d’institutions de microfinance avec des intérêts parfois très élevés. Et les rembourser n’est vraiment pas chose évidente, surtout quand tu es confrontée à des difficultés dans l’activité que tu mènes. Mais grâce aux AVE&C, nous pouvons avoir des possibilités de crédit abordables. Les AVE&C créent en quelque sorte un espace sécurisé au sein duquel nous pouvons épargner, accéder au crédit, bénéficier d’un soutien lorsque nous sommes confrontées à des situations d’urgence personnelles », indique-t-elle.

Faire le bilan et célébrer les succès du projet

C’est l’objectif que visait la deuxième édition du Festival de développement des Coopératives féminines de Zio tenue le vendredi 29 septembre autour du thème « De la vulnérabilité à la résilience communautaire : garantir la participation des femmes et des groupes vulnérables dans la gouvernance locale et la gestion durable des ressources naturelles des communautés pour une vie saine ».

Autorités administratives, traditionnelles et responsables du projet lors du FesCo2

L’événement, qui marque officiellement la fin du projet, a connu la participation d’autorités administratives et traditionnelles, d’autres ONG, les représentantes des coopératives de la JVE de Tsiko et de Vogan, ainsi que des bénéficiaires du projet.

En plus de célébrer les grands succès du projet, le festival a été marqué par la capitalisation des leçons apprises lors de son exécution et le partage d’expérience et de connaissances entre les coopératives sur diverses thématiques notamment le leadership féminin, les Energies alternatives, le micro-financement interne, les ressources naturelles, les MTN, le Genre.

Vue des femmes des coopératives, principales bénéficiaires du projet

Aussi, des thèmes de discussion spécifiques au contexte des coopératives ont été animés par les spécialistes des services déconcentrés de l’Etat, des ONG et des bénéficiaires du projet.

Un des grands moments du festival a été l’exposition, par les coopératives, des produits relevant de leurs activités notamment les produits agricoles et agroalimentaires transformés et les foyers améliorés produits grâce à la formation reçue dans le cadre du projet.

Un sketch avec les femmes pour démontrer l’importance du Foyer amélioré

Les participants ont également mis en valeur leurs diversités culturelles à travers des danses et diverses autres activités.

« Ce que nous attendons des bénéficiaires du projet c’est la poursuite de la mise en œuvre de ce qu’elles ont acquis comme compétence notamment leur autonomisation. Sur le volet concernant les AVE&C par exemple, elles ont été outillées et équipées, et nous espérons qu’elles vont concrétiser cela. En ce qui concerne les MTN et la formation qu’elles ont eu sur ce fléau, nous espérons les voir à l’action en détectant les cas suspects et en les référant vers les structures sanitaires », indique le point focal de la Fondation ANESVAD au Togo.

Koffi FOMBO, Point Focal de la Fondation ANESVAD, lors de son intervention au FesCo 2

Présents à la cérémonie de clôture du projet, le chef de village de Ziogba, Représentant le Chef canton d’Abobo, le représentant du Maire de la commune Zio 1 et le Secrétaire Général de la Préfecture du Zio, n’ont pas manqué de remercier l’ONG JVE et la Fondation ANESVAD pour l’ensemble des résultats obtenus grâce à l’initiative. Ils ont encouragé les femmes à mettre en pratique ce qu’elles ont appris afin de pérenniser les acquis du projet dans leurs localités respectives.

Le conseil d’administration et la direction exécutive de la JVE a saisi cette occasion pour remettre des prix symboliques aux responsables des coopératives, aux membres du comité de pilotage et au personnel du projet.

Photo de famille avec les parties prenantes du projet