Togo : Quand le Covid-19 affecte le secteur du recyclage des déchets

Société Civile Médias
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(Société Civile Média) – En plein essor au Togo grâce au travail de certaines structures qui se sont spécialisées dans le domaine, le recyclage des déchets tourne au ralenti depuis quelques mois. A l’instar des autres secteurs, il a également été touché par le Covid-19. Et quand on sait, qu’en réponse à la pandémie, les populations produisent plus de déchets que d’habitude, il y a de quoi s’inquiéter pour l’environnement.

Masques, gants, lingettes, gels hydro-alcooliques, ces objets et autres équipements de protection n’avaient pas nécessairement leur place dans le quotidien des Togolais. Mais en raison de la pandémie, ils sont devenus essentiels pour la sécurité des populations et leur protection contre le virus. C’est ainsi qu’on les retrouve un peu partout ces derniers temps, notamment sur des dépotoirs  et parfois à même le sol après leur usage.

Mais au Togo, comme ailleurs dans le monde, la propagation du Covid-19 a eu pour conséquence la prise d’un certain nombre de décisions qui ont affecté le fonctionnement de plusieurs secteurs. Celui du recyclage n’a pas été épargné. Par peur de contracter le virus, les collecteurs des déchets ne descendent plus sur le terrain et les centres de tri sélectif ont dû fermer leurs portes.

« Les mesures qui ont été prises pour limiter la propagation ont touché également ceux qui sont responsables de la collecte des déchets. Les collecteurs de ces déchets ont peur de manipuler des masques non désinfectés au risque d’être contaminé. Ce qui a les poussés à abandonner le travail », fait observer Gado BEMAH, directeur exécutif de l’ONG Science et Technologie Africaine pour un Développement Durable (STADD Togo) et promoteur de Green Industry Plast Togo, une entreprise sociale de collecte de déchets.

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Les collecteurs de déchets absents et les ménages n’en n’ayant plus, on constate une prolifération des dépotoirs sauvages à Lomé et dans les villes de l’intérieur du pays. La reprise des classes, il y a quelques semaines, a contribué à accentuer le phénomène. Les masques et autres objets de protection contre le Covid-19 se sont multipliés. Alors que l’année scolaire 2020-2021 commence le 26 octobre prochain, l’inquiétude demeure.

« Les enfants vont bientôt reprendre les chemins de l’école mais la solution n’est pas encore trouvée. Des mesures doivent être prises pour faire face à ce problème de recyclage des déchets », s’inquiète M. BEMAH.

Gado BEMAH

Déchets potentiellement contaminés, un coup dur sur le plan sanitaire

Les activités de collecte, tri et recyclage de déchets ont subi un coup dur en raison du Covid-19. En effet, après la collecte des déchets auprès des ménages, les services de pré-collecte procèdent à leur tri. Cette opération consiste à mettre de  côté les déchets qu’ils revendent au service de recyclage.

Mais, à cause de la pandémie, des masques et autres objets de protection déjà utilisés en cette période de Covid-19 se mélangent aux autres déchets ménagers. Toutefois, selon les spécialistes du domaine, les masques et gants peuvent contenir non seulement le coronavirus,  mais aussi d’autres microbes, virus ou parasites issus des gouttelettes que rejettent les porteurs et dont on ignore la durée de vie. Ceci  entraine ainsi la contamination des autres déchets, mettant en danger les collecteurs de déchets, ces derniers  ne portant pas forcément de masques et des gants de protection.

« Les déchets potentiellement contagieux sont mélangés avec les autres matières recyclables.  Et cette situation met également en danger la vie des trieurs informels qui sont sur les décharges  et des agents des services de recyclage. Même si nous avons fait de la collecte des déchets une profession, nous ne sommes pas pour autant prêts à courir le risque d’être contaminés », explique Komlan NYAMADZI, responsable des collecteurs de déchets dans la zone de Kégué, banlieue nord de Lomé.

Selon Rodrigue NYAGAMAGO, infirmier-major, cette situation aurait pu être évitée si une gestion rationnelle se fait des déchets. D’après ce spécialiste, les objets pouvant être contaminés comme les gants, masques ou les lingettes désinfectantes doivent être mis dans un sac scellé puis dans un contenant à déchets.

« Ces matières ne doivent pas être mises dans les bacs de collecte des matières recyclables ou des matières organiques, ni dans les toilettes. Les risques de contamination demeurent faibles si les contenants sont consignés », conseille-t-il. « Il est cependant préférable de les garder jusqu’à ce que la situation rentre dans l’ordre. Si vous utilisez des sacs réutilisables, il est recommandé de les laver régulièrement afin de réduire le risque potentiel de contamination », ajoute M. NYAGAMAGO.

Chute du prix des matières recyclables

Selon Gado Bemah, les prix des matières recyclables, que ce soit le fer, le plastique, le carton ou les verres, ont considérables chuté avec la survenue du Covid-19.

« Tous les types de déchets ont été impactés sévèrement par cette crise et l’accès au marché est de plus en plus difficile », se plaint-il. Et d’ajouter qu’avec la chute des prix et la baisse de rentabilité, les structures de tri et de recyclages se sont retrouvées dans l’obligation de réduire leurs charges et leur personnel afin de pouvoir maintenir l’équilibre financier.

Jean de Dieu SOVON