Togo : Au-delà du programme ‘NOVISSI’, régulariser la situation des Enseignants volontaires

luzdelsol668
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(Société Civile Média) – Les Enseignants Volontaires sont, depuis le 27 juin, éligibles au programme d’aide ‘Novissi’. Selon le portail officiel de la République togolaise, les femmes perçoivent 24 500 F CFA  et  les  hommes  21 000  F  CFA   pour  deux  semaines  soit   un total de 49 000 F CFA pour les femmes et 42 000 F CFA pour les hommes par mois. Le programme bénéficie à environ 13 000 EV dont 10 753 au primaire et 1 860 au secondaire. Ce geste, quoique réconfortant, ne rassure pas certains qui pensent que l’Etat devrait songer à une solution pérenne en régularisant, par exemple, la situation des Enseignants volontaires du Togo.

Au Togo, ils sont des milliers d’Enseignants Volontaires intervenant dans les écoles privées et publiques. Avec la  fermeture  des  écoles due au Covid-19, ils se sont retrouvés au chômage sans aucune source de revenu.  Après  maintes requêtes pour une assistance sociale urgente, l’Etat a enfin décidé de les accompagner à travers le  programme NOVISSI.  Un  soulagement certes, mais qui soulève certaines préoccupations et inquiétudes notamment celle de savoir le sort qui leur sera réservé après la suspension de ce programme d’aide.

« Qu’en sera-t-il de notre situation après l’état d’urgence quand les mesures d’accompagnement seront suspendues ? Est-ce à dire que nous retournerons à l’étape initiale ? Dans notre misère ?», s’interroge d’un air inquiet Dodji, un Enseignant volontaire.

En effet, les conditions de vie et de travail des EV au Togo sont loin d’être enviables. L’enseignant volontaire ne peut pas véritablement vivre de son salaire. Leurs émoluments sont calculés sur la base du salaire minimum interprofessionnel garanti (Smig).  Ainsi,  les  salaires  sont compris entre 35000 et 50000 Fcfa.

Non seulement ils perçoivent des salaires dérisoires, mais ils sont également souvent surexploités par leurs employeurs qui leur collent des heures de cours supplémentaires, la plupart du temps non rémunérées. Pour arrondir les fins  de  mois,  ils  sont  contraints de dispenser des cours dans plusieurs établissements et de cumuler les cours de répétitions.

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La survenue de l’épidémie n’a fait que péricliter leur situation. Le programme d’aide initié par l’Etat permettra aux EV de survivre en cette période de crise sanitaire, mais ne résoudra pas le véritable problème, constate Joseph, un autre enseignant volontaire exerçant ce métier depuis plus de 5 ans.

« Le gouvernement doit penser autrement au lieu de nous donner un fond saisonnier. Il doit régulariser notre situation en nous intégrant à la fonction publique. L’année dernière, les résultats du concours qui avait été lancé à notre endroit n’avait pas du tout été satisfaisants pour la plupart. Seule une infime partie avait été retenue », s’indigne-t-il avant de poursuivre : « Si nous sommes aussi nombreux, c’est qu’il y a un manque dans les établissements. L’Etat devrait remédier à cette situation, considérer notre demande et lancer plus souvent des concours à notre intention pour nous permettre d’intégrer la fonction publique ».

Rappelons que les enseignants volontaires constituent un nombre important dans le corps enseignants togolais. Chaque année, au risque d’embrasser le chômage, ils sont des milliers de jeunes diplômés à se diriger vers ce métier malgré les conditions de travail peu encourageantes.

Par ailleurs, les études ont montré que les conditions de vie et de travail des EV des pays voisins  notamment  le  Bénin,  le Burkina-Faso,  la côte  d’ivoire sont nettement meilleures à celles des EV du Togo.

Diane OLOBI (IndépendanT Express)