Togo : « Pure Water », une eau vraiment pure ?

luzdelsol668
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(Société Civile Média) – Devenue l’apanage des consommateurs togolais, le pure water a pris une forte propension ces dernières années au Togo. Elle est consommée un peu partout et est devenue même un luxe par rapport aux sachets de 10f très souvent mal entretenus. Si cette eau vient aujourd’hui combler le manque d’eau potable pour les populations, elle met cependant en danger la vie de nombreuses personnes.

« C’est tellement pratique et abordable, avec 25 f on peut se désaltérer sainement pour ceux qui ne peuvent s’acheter de l’eau minérale », s’exclame Hélène une revendeuse ambulante. Comme cette jeune dame, beaucoup de togolais sont dupés sur la qualité de cette eau qui n’est devenu qu’un business pour beaucoup de ses producteurs.

L’origine du Pure Water remonte au Nigeria mais elle a été plus développée au Ghana d’où elle est importée. Dans son pays d’origine, les contours de la fabrication de cette eau sont réglementés et soumis à des contrôles strictes d’où le nom ‘’pure water ‘’- de l’eau pure-. Au Togo, tout le monde s’est mué en producteur d’eau pure et ce n’est pas sans désagréments. Les fautes d’orthographe que comportent certains emballages sont la preuve du niveau d’instruction peu avancé de certains producteurs. Les sachets comportent rarement des dates de péremption. Sur les lieux de production ; c’est tout un grabuge : les filtres sont réutilisés plusieurs fois, après avoir été lavés à l’eau de javel. Les mailles des filtres sont de ce fait dangereusement agrandies et n’offre plus de garantie de la sécurité de l’eau mise sur le marché. Les risques sont encore bien lourds lorsque l’environnement du travail n’est pas aussi sain comme l’exigent les normes, les lieux d’ensachage sont sales et mal entretenus dans la plupart des lieux de production.

Quant aux conditions de stockage ils sont tout simplement inadmissibles. Posés à même le sol ces paquets d’eau sont négligemment entassés dans des coins des boutiques ce qui engendrent des saveurs insipides lorsqu’ils ne sont pas écoulés à temps ; des débris se posent au fond du sachet ou des couches verdâtres qui circulent dans l’’eau.

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Dans une usine de production de Pure water a Lomé

Une eau malsaine

« Victoire « kloto » « eyram « cool » « woezon » « eau de vie » tant de noms qui font des publicités abusives en laissant croire à une eau puisée puis traitée en profondeur. Le traitement de l’eau nécessite plusieurs dispositifs et de grands moyens d’hygiène ce qui influe sur le prix de l’eau. A titre d’exemple le prix de l’eau minérale qui est vendue à 350 francs la bouteille de 1,5 litres contre le sachet du pure water contenant 0,5 litres d’eau pure est vendue à 25 francs. Les producteurs seraient t-ils moins ambitieux ? C’est ce que pense Mr joseph gérant dans une boutique de la place. « Il faut être stupide pour dépenser follement son argent en achetant une petite bouteille de l’eau minérale alors que en ajoutant 50f je peux acheter tout le paquet du pure water c’est la même eau pure et travaillée », s’extase-t-il. Beaucoup de personnes pensent, comme Joseph, que la seule différence réside dans le prix ; tenons : 100 à 299 sacs sont vendues à 225 francs CFA dans certaines unités contre 220 francs CFA dans d’autres, alors qu’il est cédé à 400francs CFA sur le marché dans la capitale togolaise.

Curieusement le prix est tellement dérisoire qu’il donne lieu à s’interroger s’il faut prendre en compte les moyens qu’il faut débourser pour obtenir une ’ ’eau pure’’ .La machine de traitement de l’eau varie entre 2,5millions et 6millions selon la qualité sans compter l’environnement hygiénique et le cadre spécial dans lesquels doivent se traiter l’eau on comprend aisément que c’est un prix qui sacrifie la qualité de l’eau. Un gérant avoue la supercherie. « Nous prenons l’eau directement de la pompe, il y a une canalisation souterraine à travers laquelle transite l’eau jusqu’au réservoir. Du réservoir, nous avons une motopompe qui aspire l’eau et la distribue aux machines que nous avons pour subir ensuite un traitement modeste à l’aide d’un filtre», confie-t-il tout en exigeant l’anonymat.

Un état de choses qui influe sur la santé des consommateurs .Interrogé lors d’une enquête sur ces conditions atypiques dans les unités de production du « pure water », Docteur Atany Bernardin NYANSA, Inspecteur et Directeur des pharmacies, laboratoires et équipements techniques au ministère de la Santé, explique que «Si la personne qui met l’eau en sachet ne prend pas soin de s’entourer de certaines précautions, il y a un grand risque de véhiculer beaucoup de maladies hydriques telles que le choléra, la fièvre typhoïde, la diarrhée, la dysenterie, les ascaridioses et bien d’autres au rang desquelles, les maladies de mains sales ». Les propos de Mathilde jeune étudiante le confirment « depuis qu’on m’a diagnostiqué la fièvre typhoïde, mon médecin m’a vivement déconseillé cette eau ».

Perspectives de solution

En réponse au mécontentement des consommateurs sur la qualité de l’eau ensachée, l’Association togolaise des consommateurs (ATC) a publié un rapport dans lequel elle fustige le mutisme du ministère de la Santé sur le problème. « Les recherches pour déterminer l’ampleur du problème et proposer des solutions pour l’amélioration sont suspendues à l’avant-projet de loi portant code d’hygiène et de la salubrité publique », ont regretté les responsables de l’ATC. Jusqu’ici cette interpellation est restée lettre morte cependant chaque consommateur doit adopter une attitude responsable en sachant où se désaltérer. « L’eau c’est la vie », dit-on.

Larissa AGBENOU