Togo-violences faites aux filles et aux femmes: Dapaong dit non au phénomène et en appelle aux autorités

luzdelsol668
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(Société Civile Média) – Les femmes et filles de la région des Savanes disent non aux violences faites à leur égard. Le vendredi 30 novembre dernier, elles ont, par le biais d’une caravane, battu le pavé dans les rues de Dapaong. L’événement, qui a réuni des femmes issues de groupements, d’associations, de réseaux, de collectifs, de syndicats, se situe dans le cadre de la célébration des 16 jours d’activisme contre les violences faites aux filles et aux femmes à Dapaong. Il est organisé par le Réseau Femmes et Développement des Savanes (REFED/S) et financé par le Programme de Consolidation de l’Etat et du monde du Monde Associatif (Pro-CEMA).

En plus d’avoir des indicateurs de croissance, de la vie sociale et économique loin de l’idéal prôné par l’agenda 2063 de l’Union Africaine, la région des Savanes connaît également un fort taux de violences faites aux femmes et aux filles. Selon de récentes enquêtes, au premier trimestre 2018, plus de 88 cas d’agressions sexuelles, dont celui d’une fillette de 6 ans en 2017, ont été reçus au CHR de Dapaong et à la Direction régionale de l’Action sociale.
Par ailleurs, dans la même localité, 756 femmes, 40,4% des femmes âgées de 15 à 49 ans ont déclaré avoir subi des violences physiques, sexuelles, émotionnelles depuis l’âge de 15 ans. Des violences qui proviennent en majorité de leurs conjoints ou petits amis.

Malheureusement, ces cas de violence ne sont pas dénoncés, puisque des études ont prouvé que presque la moitié (48%) des femmes ayant subi des violences physiques ou sexuelles n’ont jamais recherché d’aide, ni parlé à quelqu’un des violences qu’elles avaient subies. Seule une femme sur 10 qui s’est retrouvée dans ce cas a déclaré avoir porté plainte auprès des autorités. La preuve que beaucoup de femmes se résignent face à la situation. A ces violences physiques, s’ajoutent des cas de violation des droits successoraux des femmes et des filles.

En outre, la région des Savanes se caractérise par une faible représentation des femmes aux postes électifs et décisionnels. Une seule femme de la Région est au gouvernement, une seule à l’Assemblée nationale et aucune dans les autres institutions du pays.

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Les femmes et filles de la Savanes se disent donc préoccupées par cette situation qui, selon elles, ne contribuera pas à l’atteinte des Objectifs de Développement Durable (ODD) dans leur milieu. Elles ont donc saisi l’occasion des ‘‘16 jours d’activisme contre les violences faites aux femmes et aux filles’’ pour insuffler une dynamique de changement auprès des autorités à travers la caravane organisées dans la ville de Dapaong.

Une vue des femmes participant à la caravane, des pancartes en main
Une vue des femmes participant à la caravane, des pancartes en main

« Les violences faites aux femmes et aux filles sont des actes qui, très souvent, passent inaperçus dans la région des Savanes. La caravane vise donc à rappeler à tout le monde que ces actes sont punissables et amener les autorités à prêter vraiment attention aux lois qui protègent les femmes et qui sont en rapport avec ces violences », a expliqué Confort KABISSA, présidente du REFED/S.

Mettre en place, au sein des commissariats, gendarmeries, Cours et tribunaux des cellules spécialisées pour la prise en charge des victimes de violences faites aux filles et aux femmes ; offrir un accompagnement psycho-social, médical et juridique gratuit aux victimes/survivantes de violences, surtout les victimes indigentes ; veiller à l’application effective des dispositions du Nouveau Code pénal en matière de violences faites aux femmes et aux filles et veille à un équilibre régional et genre dans la représentation aux postes décisionnels, notamment les postes nominatifs ; telles sont les doléances envoyées aux autorités par les organisateurs de la caravane.

« Le Pro-CEMA fait de son mieux pour encourager ce combat contre les violences faites aux femmes et aux filles. Le message que nous avons à l’endroit des femmes, c’est leur demander d’aller à l’école, de s’instruire. C’est la clé. Parce que sans l’éducation, la femme ne saura pas qu’elle à la possibilité de se plaindre lorsqu’elle est violentée. Nous allons continuer à renforcer nos femmes à travers l’éducation », a indiqué Eddi KPOGAN, Experte en Genre au Pro-CEMA, également présent à l’événement.