Togo : Les élèves bénéficiaires des cantines scolaires mangent-ils local ?

Société Civile Médias
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(Société Civile Médias) – Présente à la troisième édition du Festival La Marmite, événement dont elle est partenaire, l’Organisation pour l’Alimentation et le Développement local (OADEL) a réuni des acteurs autour d’une table ronde sur « les enjeux de l’alimentation scolaire et de la pérennisation des cantines scolaires ». Occasion d’échanger sur les défis et approches de solutions pour assurer une alimentation saine aux élèves bénéficiaires de ce programme mis en œuvre depuis plusieurs années au Togo.

Piloté par l’Agence nationale d’appui au développement à la base (Anadeb), le programme des cantines scolaires vise à inciter les jeunes élèves du cours primaire à rester scolarisés plus longtemps en leur assurant une alimentation scolaire suffisante et équilibrée. L’initiative est beaucoup plus expérimentée en milieux ruraux, considérés comme les plus vulnérables.

Vue des participants à la rencontre

« Mettre en place des cantines scolaires permet de retenir les élèves à l’école. Et l’expérience a montré que dans les localités où ce programme est mis en œuvre, le taux de réussite à l’école a nettement augmenté », estime Tata Ametoenyenou, Directeur exécutif de l’ONG OADEL, au cours de cette rencontre tenue le jeudi 16 mai au Palais des congrès de Lomé.

Des données rendues publiques en mars dernier par l’ANADEB à l’occasion de la 9e édition de la Journée africaine de l’alimentation scolaire (JAAS), on retient qu’au cours de l’année scolaire 2022-2023, près de 218.395 élèves des établissements primaires publics du Togo ont été touchés par les cantines scolaires. A l’horizon 2025, le programme cible une couverture de 300 000 élèves.

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Les élèves bénéficiaires des cantines scolaires mangent-ils local ?

Au Togo, des mesures sont prises pour qu’il en soit en ainsi. C’est dans ce cadre que la loi relative à l’alimentation scolaire a été instaurée depuis 2020 avec pour objet de garantir à chaque élève de l’enseignement de base, particulièrement aux élèves situés dans les zones les plus vulnérables, l’accès à une alimentation scolaire suffisante et équilibrée et de promouvoir le développement de la production locale.

Selon l’article 5 de cette loi, les produits entrant dans l’alimentation scolaire devront provenir prioritairement de la production locale.

Des mamans cantines formées par l’ANADEB pour bien préparer les repas à partir des denrées locales.

« La loi prévoit que 40 % des ressources financières allouées à chaque école dans le cadre du programme national d’alimentation scolaire doivent être utilisées à l’acquisition des denrées alimentaires directement auprès des producteurs agricoles locaux », explique Kodjo AMETEPE, Responsable de l’alimentation scolaire à l’ANADEB, d’après qui depuis l’instauration de cette loi, l’agence s’évertue pour que les produits locaux rentrent effectivement dans l’alimentation des élèves.

« Nous avons travaillé avec la Coordination Togolaise des Organisations Paysannes et de Producteurs Agricoles (CTOP) pour voir comment est-ce que les producteurs peuvent accompagner le programme vu que les produits entrant dans l’alimentation des élèves doivent être directement achetés auprès des producteurs. Il est vrai que dans un premier temps, on remettait l’argent aux mamans cantines, qui s’occupent de la préparation des repas, afin qu’elles aillent faire les achats dans les marchés locaux. Mais avec les différents échanges que nous avons eus avec la CTOP, nous avons trouvé qu’il est mieux que les produits soient directement achetés auprès des producteurs pour s’assurer de la provenance et surtout de la qualité des produits. Et c’est comme cela que nous procédons depuis », précise M. AMETEPE.

A noter que l’ANADEB a formé les mamans cantines en vue de renforcer leurs capacités pour la préparation des repas scolaires à partir des denrées locales.

Ainsi donc, en plus de contribuer à fournir des repas de bonne qualité aux élèves, les cantines scolaires appuient également les producteurs dans l’écoulement de leurs produits.

Mais nourrir les élèves avec des produits agricoles locaux ne se fait pas sans difficultés. Un des problèmes importants qui se posent est celui de la cherté des produits alimentaires locaux avec ses répercussions sur les budgets alloués aux cantines.

L’autre problème relevé à la table ronde par le responsable de l’alimentation scolaire de l’ANADEB est lié à la disponibilité des produits, notamment le riz, le maïs, le gari, le haricot. Des vivres recherchés par l’ANADEB mais produits parfois en quantités limitées, ce qui ne permet pas aux cantines scolaires d’avoir suffisamment de stocks.

Des élèves bénéficiaires des cantines scolaires

Un autre défi, à en croire le directeur exécutif de l’OADEL, est lié à la qualité des produits fournis par les producteurs. D’après Tata Ametoenyenou, en dépit de la volonté de nourrir les élèves avec des produits alimentaires locaux, ce problème se pose parfois obligeant les cantines scolaires à s’approvisionner autrement et parfois avec des produits alimentaires importés.

« Cette question de démarche qualité à implémenter auprès des organisations paysannes est aussi importante. Ce qui suppose des formations sur le processus de production et de stockage », souligne M. Ametoenyenou qui propose également qu’en dehors des producteurs locaux, que les cantines scolaires soient accompagnées par des unités de transformation agroalimentaire.