Sexisme et égalité homme-femme : WEP-TOGO outille les hommes amputés de membres pour soutenir leurs consœurs dans les activités sportives

Société Civile Médias
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(Société Civile Médias) – L’ONG WEP-TOGO travaille à déconstruire les stéréotypes sociaux qui entravent la pratique du sport chez les femmes en général et celles en situation de handicap en particulier. Ceci, à travers son projet « Promotion du sport chez les jeunes femmes amputées de membre dans la commune d’Agoè Nyivé 6 au Togo ». Mis en œuvre depuis mars 2023, l’initiative entend, entre autres, encourager les femmes en situation de handicap à la pratique des activités sportives et développer le leadership féminin chez elles. L’une des activités phares du projet est de former les hommes amputés de membre sur le sexisme et l’égalité homme-femme afin que ces derniers soutiennent les femmes dans la pratique du sport. A Lomé, 25 hommes ont été outillés dans ce sens au cours d’un atelier organisé le mardi 16 mai 2023.

Organisée en collaboration avec Winner Amputees Sport Club (WASC) et avec l’appui technique et financier de la Conférence des ministres de la jeunesse et des sports de la Francophonie (CONFEJES), cette formation a réuni des hommes des clubs sportifs pour personnes amputées du Grand Lomé et de la région Maritime.

Table d’honneur à l’ouverture de l’atelier

Alors que les stéréotypes de genre dans les communautés ne favorisent pas le sport des femmes, surtout celles qui sont en situation de handicap, il s’agit pour l’ONG WEP-TOGO (Women Environmental Programme – Togo) de permettre à ces dernières de se sentir moins lésées en mettant les hommes à contribution.

« Nous avons constaté que dans les clubs de sport pour personnes amputées, il y a plus d’hommes que de femmes. En plus de cela, les femmes ont du mal à se retrouver dans ces clubs parce qu’elles se sentent parfois délaissées. Voilà la raison pour laquelle nous avons voulu organiser cette formation uniquement à l’intention des hommes amputés de membre afin de les amener à développer la masculinité positive et à soutenir les femmes dans la pratique périodique du sport », explique Solange ADJIVON-TODJRO, cheffe programme de l’ONG WEP-TOGO.

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Solange ADJIVON-TODJRO, cheffe programme de l’ONG WEP-TOGO

Egalité homme-femme et sexisme au menu

Conduite par Mélodie OSSAH, Experte Genre et Inclusion, l’atelier a permis, dans un premier temps, d’éclairer les participants sur l’égalité entre les hommes et les femmes, notamment l’égalité civique, l’égalité sociale et l’égalité politique.

« Nous leur avons fait comprendre que l’égalité homme-femme est un principe reconnu de part le monde et acté par le Togo à travers sa constitution et ses diverses lois. Nous leur avons également parlé des types d’égalité que nous devons promouvoir, surtout l’égalité civique qui nous amène à avoir les mêmes droits, l’égalité sociale qui exige les mêmes conditions d’existence et l’égalité politique qui nous amène à avoir les mêmes chances en ce qui concerne la gouvernance et la gestion du pays », indique la formatrice.

Lire aussi : Togo : L’ONG WEP-TOGO promeut la pratique du sport chez les jeunes femmes amputées de membres de la commune Agoè-Nyivé 6

Vue, en partie, des participants à l’atelier

L’autre pan de la formation a été consacré au sexisme. Il s’agissait pour la formatrice de leur faire connaitre cette notion, d’identifier les différents types de sexisme qu’on peut rencontrer dans le sport, de les amener à identifier par eux-mêmes des comportements positifs que l’on peut adopter pour lutter contre le sexisme dans le sport et dans leur quotidien.

« Il s’agissait de leur montrer que le sexisme existe depuis le moyen-âge, mais il se fait beaucoup plus remarquer aujourd’hui dans les sociétés patriarcales comme les nôtres. Nous avons par la suite identifié les types de sport que les participants pratiquent et par rapport à ces types de sport, les propos sexistes qu’ils ont l’habitude de prononcer. Après avoir identifié ces propos, nous nous sommes focalisés sur les comportements précis à adopter pour lutter contre le sexisme et promouvoir l’égalité entre les hommes et les femmes », détaille Mme OSSAH qui attend désormais des bénéficiaires de la formation des résolutions fermes pour contribuer à l’épanouissement de la gente féminine en général et en particulier à celui des jeunes filles et femmes amputées membres des clubs de sport.

Lors de l’identification des différents types de pensées et propos sexistes dans le sport

« Pour cela, nous avons mis l’accent sur la nécessité pour eux de procéder à des sensibilisations dans leur entourage et dans leurs familles sur l’importance de l’égalité entre les femmes et les hommes. Nous les avons également exhortés à faire suffisamment de place aux femmes dans les textes de leur association et à promouvoir les femmes qui s’adonnent au sport en leur sein afin d’encourager d’autres femmes amputées de membre à s’y lancer », fait savoir la formatrice

A WEP-TOGO, le souhait est de voir les 25 hommes invités à l’atelier comprendre tout le défi lié au genre et à l’égalité homme-femme.

« Ce que nous voulons, c’est de voir ces hommes comprendre les femmes dans leur fémininité et développer des stratégies pour pouvoir les aider à la pratique du sport », fait savoir la cheffe programme de l’ONG.

Du côté des participants, le message semble avoir fait son effet. C’est du moins ce qui se dégage des propos des uns et des autres après l’atelier de formation.

Président du Comité de Coordination du Football pour personnes Amputées au Togo (CCFA-Togo), Mahidèya Daouda BAGNAH estime que la formation tombe à pic. D’après lui, elle arrive au moment même où leur association mobilise les femmes amputées de membre pour leur faire comprendre que le sport est important pour leur santé.

« Tous ceux qui ont assisté à cette formation ont eu l’opportunité de comprendre que les femmes doivent être acceptées dans les clubs de sports comme les hommes parce que le sexisme existe dans nos clubs. Nous avons souvent tendance à penser que nos sœurs ne peuvent pas faire comme nous. Mais nous avons remarqué que celles avec qui nous collaborons ont des compétences et font même mieux que les hommes. La formation éveille en quelque sorte notre conscience et nous poussera à œuvrer davantage pour que de plus en plus de femmes amputées de mettre s’adonnent au sport », promet M. BAGNAH.

Photo de famille

A noter qu’outre ses bienfaits sur l’organisme, la pratique du sport permet aux femmes amputées de membres de se réapproprier leurs corps et de maîtriser tous les mouvements. Le sport leur permet également d’affirmer leur leadership, d’avoir confiance en elles et de s’adapter à leur nouvelle situation. Des résultats que l’ONG WEP-TOGO veut contribuer à atteindre chez les femmes amputées de la commune Agoè-Nyivé 6.