Togo : Financement de la santé pour l’atteinte de la CSU, les élus locaux et parlementaires mis à contribution

Société Civile Médias
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(Société Civile Médias) – Au Togo, le financement de la santé est principalement assuré par les ménages qui payent directement pour les soins de santé. Le taux de ces dépenses se chiffre à 61%. Un chiffre trop élevé pour Joint Learning Agenda (JLA) qui estime qu’à cette allure, il sera difficile pour le pays d’atteindre la Couverture santé universelle (CSU) d’ici 2030 conformément aux Objectifs de Développement Durable (ODD). Le programme, qui se bat depuis deux ans pour l’amélioration du financement de la santé pour l’effectivité de la CSU au Togo entend désormais associer les élus locaux et les parlementaires à la lutte. Elle a lancé un plaidoyer à leur endroit ce vendredi 19 mai à Lomé.

La Couverture Sanitaire Universelle, il faut le rappeler, est un système de santé qui vise à garantir à tous les citoyens un accès équitable et abordable aux soins de santé, sans distinction de leur situation financière ou sociale. Cette approche est largement considérée comme une étape clé pour améliorer la santé et le bien-être des populations. Au Togo, le gouvernement en a fait un objectif majeur et s’est engagé à atteindre la CSU d’ici 2030.

Table d’honneur lors de la conférence de presse, avec le représentant du ministère de la Santé (veste bleue)

Mais à en croire Manzama-Esso Kola, Chef d’équipe des points focaux du programme JLA, cet objectif sera difficile à atteindre quand on sait que 61% des dépenses de santé au Togo sont supportées par les ménages.

« La CSU a plusieurs piliers. Et l’un de ces piliers est que les dépenses des ménages en matière de santé soient vraiment réduites. Tant qu’elles sont élevées, il sera difficile pour le Togo de parvenir à cet objectif », fait-il observer.

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Par ailleurs, le Togo est trop dépendant de l’extérieur en ce qui concerne ses problèmes de santé. Or, soutient M. Manzama-Esso, aucun pays ne peut réellement aller vers la CSU s’il compte sur le financement des autres. Il lui faut nécessairement lever des ressources sur le plan local.

Aussi, alors que le Togo s’est engagé depuis 2002 à augmenter d’au moins un point chaque année la part du budget alloué à la santé jusqu’à atteindre les 15% recommandé par l’engagement d’Abuja d’avril 2001, on constate que cette part évolue en dents de scie variant de 6,63% en 2002 à 5,15% en 2022 avec un pic de 8,33% en 2020 en raison de la mobilisation accrue pour lutter contre la Covid-19.

Lire aussi : Togo : 20 OSC élaborent un Plan de plaidoyer pour relever les défis du financement de la santé et la CSU

Vue des participants à la conférence de presse

Mettre à contribution les élus locaux et les parlementaires pour mobiliser des ressources sur le plan local

En vue de l’atteinte de la CSU, Joint Learning Agenda se fixe aujourd’hui comme objectif d’œuvrer pour que les ménages dépensent de moins en moins pour leurs problèmes de santé. Et pour y arriver, le programme veut mettre à contribution les communes (à travers les élus locaux) et les parlementaires togolais. Et c’est ce que vise le plaidoyer qu’il a lancé à l’endroit des Elus locaux et des parlementaires ce vendredi 19 mai à Lomé.

« Les communes sont à l’avant-garde du développement et elles peuvent nous aider à aller vers la CSU si elles mobilisent les moyens pour financer la santé de leurs communautés. Ce que nous essayons de faire comprendre aux communes c’est qu’elles ne peuvent pas se développer en ayant en leur sein des gens qui ne sont pas bien portant. Pour se développer, il faut avoir des bras valides. Elles ont donc intérêt à financer la santé de leurs populations pour qu’en retour, celles-ci puissent avoir la force nécessaire pour travailler pour le développement local », fait comprendre le Chef d’équipe des points focaux du programme JLA.

Après cette rencontre avec la presse, le programme JLA prévoit d’aller sur le terrain pour échanger avec les acteurs concernés, notamment les élus locaux et les parlementaires, avec qui un travail sera fait d’arrache-pied pour les convaincre de la nécessité de mobiliser des ressources au niveau local. L’objectif, à terme, est d’avoir des communes l’engagement de prévoir dans leur budget une ligne qui finance la santé.

« Au-delà, nous estimons qu’il faut que les premières autorités du Togo puissent faire du financement de la santé ou de l’augmentation du budget de la santé une priorité nationale pour que le Togo ait des citoyens en bonne santé pour son développement », indique Manzama-Esso Kola.

Manzama-Esso Kola, Chef d’équipe des points focaux du programme JLA

A noter que le plaidoyer à l’endroit des élus locaux et des parlementaires, qui est dans sa phase pilote, ne prendra en compte, dans un premier temps, que les communes qui sont chefs-lieux de région.

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JLA, il faut le rappeler, est un programme d’apprentissage conjoint sur le financement de la santé et la CSU. Ce programme a été mis en place par un consortium d’organisations mondiales de santé (la Facilité de financement mondial (GFF), le Fonds mondial, le Partenariat pour la santé de la mère, du nouveau-né et de l’enfant, l’OMS, la Banque Mondiale, GAVI et UHC2030) coordonné par des partenaires régionaux de la société civile à savoir Impact Santé Afrique (ISA) et WACI Health.

Lancé il y a deux ans, le projet a formé plus de 400 organisations de la société civile dans 20 pays anglophones et francophones d’Afrique subsaharienne dont le Togo.