Togo / Projet CRG : 130 enfants et jeunes bientôt aptes pour exercer le CCAP et participer à la gestion des affaires publiques locales

Société Civile Médias
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(Société Civile Médias) – Au Togo, des organisations d’enfants et jeunes (OEJ) s’outillent pour bien conduire des actions de contrôle citoyen de la gestion des affaires publiques les concernant, au niveau des communes. Dans le cadre du projet « Renforcement de la Société Civile pour la gouvernance des droits de l’enfant au Togo, CRG », une formation sur la thématique du Contrôle Citoyen de l’Action Publique (CCAP) est organisée à l’intention de 130 enfants et jeunes de 9 OEJ ciblées. L’objectif est de renforcer leur participation dans le développement des communes et à la gestion des affaires publiques locales.   La première session de cette formation s’est déroulée les 4 et 5 mars à Lomé.

A en croire ses organisateurs, cette formation des OEJ sur le CCAP se justifie par le fait qu’après trois années de mise en œuvre du projet CRG, les acteurs intervenant dans le développement des communes, y compris les organisations de la société civile et OEJ, maîtrisent peu certains concepts pouvant renforcer leurs rôles et responsabilités pour un développement participatif des communes.

Vue partielle des participants à la rencontre

« Sur le projet CRG, il est prévu des initiatives à mener avec les enfants et jeunes sur le CCAP. Or, nous avons constaté que ni les OEJ, ni les organisations d’adultes et même les acteurs intervenant dans le développement des communes n’ont pas suffisamment d’informations sur cette thématique. C’est dans ce cadre que nous avons souhaité former d’abord les OEJ dans ce sens. Par la suite, elles bénéficieront d’un appui financier de la part du projet pour mener des initiatives portant sur le CCAP dans les différentes communes », explique Emilie SAMBOE, Coordinatrice du projet CRG à Plan International Togo.

Dans cette perspective, une formation de formateurs a été organisée à l’endroit de l’équipe du projet CRG et des partenaires du 21 au 24 février dernier à Kpalimé. Bien outillés, ces formateurs ont la charge de transmettre les connaissances acquises sur le CCAP aux OEJ bénéficiaires du projet.

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Emilie SAMBOE, Coordinatrice du projet CRG à Plan International Togo

Une première session avec 7 OEJ

Prévue en quatre sessions dont trois à Lomé et une à Kpalimé, la formation des OEJ a démarré avec la première session, tenue les 4 et 5 mars à Lomé avec 7 OEJ.

L’activité se déroule sous le lead de l’AEJT-DE (Association des Enfants et Jeunes du Togo pour le Droit de l’Enfant) qui co-agit sur le projet CRG avec d’autres associations d’enfants et jeunes et qui s’est vu confier le troisième axe qui porte sur la participation et l’engagement citoyen des enfants et des jeunes dans les actions les concernant.

Pour Benjamine AGBODJAN, Coordinatrice de l’AEJT-DE, cette formation des OEJ sur le CCAP est la bienvenue, dans la mesure où elle permettra aux enfants et jeunes d’être regardant sur les décisions qui se prennent dans les communes les concernant.

« Nous avons opté pour une formation sur le CCAP pour donner aux enfants des connaissances pouvant leur permettre d’aller vers les communes et de vérifier par eux-mêmes ce qui se fait dans leur intérêt. On parle par exemple de la budgétisation sensible aux droits de l’enfant au niveau de nos communes, mais la question est de savoir si ces budgets sont réels et effectifs. S’ils le sont, que font concrètement les communes de ces budgets ? Autant de questions auxquelles les jeunes chercheront à trouver des réponses. Mais ils doivent maîtriser les astuces et moyens à utiliser pour avoir ces informations. Voilà pourquoi cette formation sur le CCAP est importante pour eux », indique la première responsable de l’AEJT-DE.

Pierre KONLANI, un des formateurs

Les notions de Droit et devoir, CCAP et Bureau du citoyen passées au peigne fin

Le CCAP étant avant tout un droit protégé et encadré par la législation togolaise, les participants à la formation ont d’abord été éclairés sur leurs droits et devoirs. Sur ce point, un accent a été mis, au cours de la formation, sur le droit que la loi donne aux citoyens pour s’informer sur la manière dont les autorités en générale et les autorités communales en particulier, gèrent les biens publics.

Cette démarche, appelée Contrôle citoyen de l’action publique, est utile dans la mesure où elle contribue à instaurer une culture de la transparence et de l’inclusion et à amener les élus et les organes de gestion des collectivités locales à rendre compte de leurs décisions.

Toutefois, pour aboutir, le CCAP doit se faire dans les règles de l’art et selon certaines conditions. D’après Pierre KONLANI, assistant sur le projet CRG et formateur lors de la première session, cinq grandes étapes sont nécessaires pour réussir ce travail.

« La première étape consiste à identifier le sujet de travail sur le CCAP, par exemple l’utilisation du budget communal en faveur des enfants. Dans cette étape, il faut aussi identifier une porte d’entrée c’est-à-dire une personne contact qui peut faciliter le travail aux OEJ dans la structure dans laquelle elles veulent faire leur  CCAP. La deuxième étape consiste à collecter les informations nécessaires sur le sujet, le thème ou le problème choisi. A l’étape 3, il faut procéder à l’analyse des informations collectées pour confronter celles reçues auprès de la structure avec celles qu’on avait », explique le formateur.

Selon M. KONLANI, la quatrième étape consiste à produire un rapport et à partager les informations analysées avec l’autorité.

« Il faut discuter avec les autorités pour savoir si elles ont des explications par rapport aux éventuels manquements qu’on a décelés. C’est au cas où les explications n’ont pas été satisfaisantes qu’on passe à la cinquième et dernière étape qui consiste à négocier le changement qu’on souhaite avoir. Mais ce changement, on ne peut pas l’obtenir par la violence ou des manifestations par exemple. Il faut plutôt procéder par le dialogue et faire des émissions pour expliquer le problème, avoir des alliés et amener l’autorité à œuvrer pour le changement souhaité. Cest à cette étape qu’intervient le plaidoyer », précise Pierre KONLANI.

La coordinatrice du projet CRG suivant les participants lors des travaux de groupe

Les participants à la formation ont par ailleurs reçu des notions sur le Bureau du citoyen, institué par l’Etat togolais pour servir d’interface entre les citoyens et la commune. Ils ont notamment été éclairés sur ce qu’est le Bureau du citoyen, ses missions, qui y travaille, comment il fonctionne et ses avantages.

En somme, cette première formation a contribué à renforcer les capacités de ses bénéficiaires qui savent désormais ce qu’est le CCAP et comment l’exercer.

Juriste en formation, activiste sociale et membre du Youth Panel Lomé, Juliette AMEGADJE retient, après cette formation, qu’appartenir à un Etat, vivre en tant que citoyen et ne pas participer à l’action publique est une erreur grave.

« Il faut que chaque citoyen résidant sur un territoire puisse s’impliquer que ce soit dans la budgétisation, la planification, les actions de l’Etat pour espérer un vrai développement et une répercussion sur les générations à venir », soutient-elle.

Quant à Abra Abigail ANIBRI, Coordinatrice nationale du mouvement Girls’ Motion, elle sait désormais comment réagir lorsqu’un problème se pose dans sa communauté.

« On a, à mainte reprises, constaté des problèmes dans nos localités mais on ne savait pas comment aborder nos autorités pour qu’ils soient résolus. Nous avons toujours pensé qu’il faut faire un plaidoyer directement. Mais cette formation m’a permis de me rendre compte qu’il faut passer par le CCAP. Dans les prochains jours, je compte transmettre le message à mes paires afin que nous soyons au même niveau d’information. Pour nous qui travaillons sur des questions de violences basées sur le genre et de santé sexuelle, c’est le moment de faire un CCAP pour amener les autorités des communes de notre zone d’intervention à prendre en compte ces questions », fait-elle savoir.

Etape de restitution des travaux de groupe

A noter qu’après cette première session, deux autres sessions se tiendront simultanément à Lomé les 11 et 12 mars prochains.

A la fin des cinq sessions de formation, il est attendu de chaque OEJ l’identification d’un sujet sur lequel va porter son initiative de CCAP. Selon la Coordinatrice du projet CRG, elles vont spécifiquement travailler sur les questions de protection des enfants et jeunes au sein de leur commune. Quelles sont les dispositions mises en place par les communes pour protéger les enfants et comment les budgets communaux destinés aux enfants sont utilisés au sein des communes ? Ce sont là les questions sur lesquelles les OEJ vont travailler.

Financé par l’Agence Suédoise de Développement International (SIDA) à travers l’ONG Plan International, le projet CRG est mis en œuvre par le FODDET (Forum des Organisations de Défense des Droits de l’Enfant au Togo), la FONGTO (Fédération des ONG au Togo), le RELUTEHT (Réseau de Lutte contre la Traite des Etres Humains au Togo) et l’AEJT-DE (Association des Enfants et Jeunes du Togo pour le Droit de l’Enfant). Son objectif est de contribuer au renforcement de la société civile en vue du respect des droits de l’enfant et de l’égalité pour les filles.