Traite des personnes : 20 journalistes du Togo et du Bénin formés pour mieux cerner et bien aborder la thématique

Société Civile Médias
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(Société Civile Médias) – Après les magistrats et les Officiers de police judiciaire (OPJ), place aux hommes et femmes de médias. A Lomé, 20 journalistes, dont 10 du Togo et 10 autres du Bénin, renforcent leurs capacités sur la traite des personnes. Débutée le lundi 20 février à Lomé, la rencontre de formation de cinq jours, initiée par Expertise France dans le cadre du projet « Appui à la lutte contre la traite des personnes dans les pays du Golfe de Guinée » (ALTP), entend leur donner les outils nécessaires pour mieux cerner les contours de cette thématique afin de bien l’aborder dans leur travail.

Cet atelier de perfectionnement réunit des journalistes ayant déjà une expérience d’enquête ou de reportage sur la Traite des êtres humains, ou ayant déjà participé à des formations sur cette thématique.

A expertise France, on estime que le phénomène de la traite des personnes profite à la fois de la vulnérabilité des victimes, manipulées par des fausses promesses, et de l’impunité des employeurs ou des passeurs, qui sont rares à être dénoncés ou poursuivis. Ceci étant, le rôle des médias est donc primordial pour soulever ces questions auprès du grand public, amener la société à réfléchir aux causes qui sous-tendent le trafic et la traite des êtres humains et à comprendre pourquoi et comment cela fonctionne.

Vue des participants à l’atelier de formation

« En informant le grand public, les journalistes œuvrent à prévenir le recrutement de potentielles victimes, à informer les potentiels employeurs et trafiquants des risques qu’ils encourent, et à mobiliser les acteurs institutionnels et la société civile pour qu’ils se saisissent de ces questions pour participer à la sensibilisation, assister les victimes et poursuivre les coupables », explique Kodjovi Wilfried Agbo, chargé de projet Togo/Bénin.

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Cependant, vu que la traite des personnes est une notion juridique complexe, tout comme les différents concepts liés à la migration, les journalistes se doivent de maitriser toutes les terminologies y afférentes, de même que les méthodes à utiliser pour accéder à l’information et informer sur les modes opératoires des trafiquants entre autres.

L’atelier de formation sera donc pour eux l’occasion de cerner toutes ces notions. A la fin, les participants devront être en mesure de resituer la traite des êtres humains dans son contexte migratoire national, régional et transnational, en en saisissant les différents enjeux afférents notamment les enjeux économiques, sociétaux, politiques, géopolitiques etc. Ils devront maîtriser la terminologie de la traite (et des migrations) en sachant décrypter les termes et les expressions qui circulent dans l’espace public et médiatique. Les participants seront également en mesure de lire et décrypter les images, les figures et les représentations liées à la traite dans le cadre des migrations pour une meilleure pratique journalistique.

Eugénie Gadedjisso-Tossou, participante du Togo

Par ailleurs, les 20 journalistes invités sauront aussi enquêter sur la traite en ayant pleine conscience des enjeux éthiques et déontologiques, et en mettant au cœur de leur pratique la dignité des victimes et des personnes fragiles. Ils devront également approfondir la couverture médiatique de la traite dans le cadre des migrations en imaginant de nouveaux modes de traitement et de nouvelles façons de sensibiliser les opinions publiques.

« La question de la traite des personnes est toujours d’actualité. La preuve avec la dernière sortie de du Mouvement Martin Luther King où une jeune femme togolaise était séquestrée au Bénin voisin. Comme elle, il y a plusieurs femmes dans la situation, souvent parties pour chercher de meilleures conditions de vie. Pour moi, il s’agira avec cet atelier de mieux comprendre la thématique de la traite, les nouvelles formes de traite, les mécanismes existants en la matière et aussi comment interviewer les victimes », telles sont les attentes d’Eugénie Gadedjisso-Tossou, directrice du média AfrikElles et participante du Togo.

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Photo de famille des participants à l’atelier

Le projet « Appui à la lutte contre la traite des personnes dans les pays du Golfe de Guinée », il faut le rappeler, est financé par l’Union européenne et la France. Il est mis en œuvre par Expertise France dans six pays du Golfe de Guinée à savoir le Togo, le Bénin, la Côte d’Ivoire, la Guinée, le Ghana et le Nigeria. Son objectif est d’appuyer les autorités étatiques et ceux de la société civile à renforcer la lutte contre la traite des personnes dans les six pays concernés à travers la consolidation intentionnelle et le développement des actions préventives, l’application de la loi, la protection des victimes et la coopération régionale.