Togo : Le CICR et ses partenaires forment 12 kinésithérapeutes sur la prise en charge de l’amputation trans-tibiale et l’approche interdisciplinaire

Société Civile Médias
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(Société Civile Médias) – Le Comité International de la Croix-Rouge (CICR) poursuit ses activités de renforcement des capacités et de formation continue des professionnels de la réadaptation. Ceci, en vue de garantir aux patients l’accès à des services de qualité. Deux mois après le séminaire organisé à l’endroit de 12 orthoprothésistes du Togo et d’ailleurs sur la prise en charge de l’amputation trans-tibiale, l’organisation, par le biais de son Programme de réadaptation physique (PRP+), a cette fois réuni 12 kinésithérapeutes pour une formation portant sur la même problématique et la rééducation à la marche post-appareillage avec une approche interdisciplinaire. La rencontre, qui s’est tenue du 5 au 9 septembre à Lomé, a été organisée en collaboration avec l’Ecole Nationale des Auxiliaires Médicaux de Lomé (ENAM-L), le Centre national d’appareillage orthopédique et de rééducation (CNAO) et le Centre National Hospitalier Universitaire HKM (CNHU-HKM) de Cotonou.

Vue des participants au cours de la formation

En matière de réadaptation physique, les kinésithérapeutes sont considérés comme des pions essentiels. Au PRP+ du CICR, on estime que ces professionnels doivent avoir les connaissances nécessaires pour offrir une prise en charge de qualité et doivent connaitre leur rôle dans l’approche interdisciplinaire de la prise en charge des patients avec amputation trans-tibiale.

« Dans de nombreux centres, les kinésithérapeutes n’ont pas une parfaite connaissance en matière de prise en charge d’un moignon amputé trans-tibiale. Ce n’est pas qu’ils ne maîtrisent pas leur travail, mais dans le domaine, les choses évoluent rapidement et il leur faut mettre à jour leurs connaissances à travers des renforcements de capacités comme celle-ci pour donner pleinement satisfaction aux patients », explique Gnitignon Ani Palakibawi, Ingénieur en Kinésithérapie à l’ENAM-L et formateur.

La formation, qui a réuni des kinés venus du Bénin, de la Côte d’Ivoire et du Togo, a été théorique et pratique. Elle a été l’occasion de renforcer leurs connaissances sur le bilan patient et de leur apprendre à définir les objectifs de traitement et l’élaboration d’un plan de traitement ; de renforcer leurs connaissances sur les différents types de prothèses trans-tibiales ainsi que leurs avantages et inconvénients. La rencontre leur a également permis de comprendre l’alignement statique et dynamique des prothèses trans-tibiales et d’apprendre à identifier les troubles de la marche avec prothèse trans-tibiale et les causes possibles.

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Kossi Oyéné, kiné au CHUD de Parakou au Bénin

« Dans la phase théorique de la formation, nous avons passé en revue tout ce qui concerne les principes qui sous-tendent l’amputation de manière générale et spécifiquement les amputations trans-tibiales. Nous avons également été formés sur l’évaluation et les complications qui peuvent subvenir de l’amputation chez une personne et comment les gérer. Aussi, une partie de la formation a permis de nous outiller sur les techniques de rééducation et l’importance du bandage chez une personne amputée. Nous avons également passé en revue l’analyse des différents défauts de marche que nous pouvons constater chez les personnes amputées afin de les corriger », indique Kossi Oyéné du Service de kinésithérapie et d’appareillage orthopédique du Centre Hospitalier Universitaire Départemental (CHUD) de Parakou au Bénin.

Lire aussi : Togo : L’ENAM-L, le CNAO et le CICR renforcent les capacités de 12 orthoprothésistes sur la prise en charge de l’amputation trans-tibiale

Privilégier l’approche interdisciplinaire pour le bien du patient

Pour garantir au patient l’accès à un service de qualité, le kinésithérapeute et les autres professionnels de la réadaptation physique, notamment l’orthoprothésiste, sont appelés à travailler en collaboration. Le PRP+ du CICR a donc trouvé nécessaire de former les participants à la formation sur le processus de prise en charge interdisciplinaire dans les différentes étapes de la prise en charge du patient amputé.

Maria Arranz Arranz, Conseillère technique en réadaptation fonctionnelle au CICR

D’après Maria Arranz Arranz, Conseillère technique en réadaptation fonctionnelle au CICR, l’objectif est de favoriser une étroite collaboration entre kinés et orthoprothésistes d’un même centre pour qu’ils puissent travailler avec la même vision et les mêmes objectifs, dans l’intérêt du malade. Un module qui satisfait les attentes de Parfaite Akpéné Adjeoda, Kiné au Centre Régional d’Appareillage Orthopédique (CRAO) de Dapaong au Togo.

« Dans le plan de traitement, il ne faudrait pas qu’on soit seuls. Nous kinés avons notre part à jouer, mais il y a d’autres techniciens qui doivent également jouer leur partition et nous sommes appelés à travailler ensemble. Cependant, chez nous à Dapaong par exemple, il n’y a pas vraiment cette collaboration entre nous », déplore-t-elle avant de dire en quoi l’approche pluridisciplinaire lui sera utile. « Après cette formation, j’irai faire aux collègues de notre centre le compte rendu de tout ce qu’on a eu à apprendre. L’idée est de leur permettre de mesurer l’importance d’une meilleure collaboration entre nous pour le bien des patients », a-t-elle fait savoir.

Parfaite Akpéné Adjeoda du CRAO de Dapaong

La formation a également été marquée par une phase pratique avec des simulations. Après des projections de vidéos qui ont permis aux participants à la rencontre de détecter les défauts de marche quand le patient se déplace, ces derniers ont fait un tour au CNAO où ils ont repris le même exercice, cette fois avec des patients réels.

Directeur du CNAO, Innocent Lakna Tokpessa n’a pas manqué de saluer le partenariat entre sa structure et le CICR, de même que l’implication de l’ENAM-L et du CNHU-HKM dans cette formation.

« La réadaptation ne saurait être l’apanage d’une seule entité. Pour une prise en charge holistique du patient, il faut forcément de la complémentarité et une collaboration entre différentes structures intervenant dans le domaine. Voilà pourquoi nous étions très enthousiastes quand le CICR est venu proposer cette manière de faire. Nous espérons voir cette forme de collaboration se pérenniser », a-t-il souhaité.

Le CNAO, il faut le rappeler, a pour mission de permettre aux personnes en situation de handicap de reprendre leurs activités quotidiennes. Ses services sont entre autres l’appareillage ; la rééducation en kinésithérapie ; la rééducation orthophonique, la Psychologie et l’Ergonomie.

Innocent Lakna Tokpessa, Directeur du CNAO Lomé

Au Togo, cette structure se révèle un partenaire privilégié du CICR qui a fait de l’aide aux personnes handicapées et de la réadaptation physique une de ses priorités depuis sa création. C’est dans ce cadre que l’organisation a mis en place son ‘‘Programme de réadaptation physique (PRP)’’ dont l’objectif est de garantir un accès à la réadaptation physique, notamment les services de physiothérapie et des aides à la mobilité (prothèses, orthèses, aides à la marche et fauteuils roulants). Le PRP travaille avec le ministère de la Santé du Bénin, de la Côte d’Ivoire et du Togo pour le renforcement du secteur de la réadaptation.

En 2021, le CICR, à travers la délégation d’Abidjan, a renforcé le secteur de la réadaptation physique par le biais de plusieurs activités. Ainsi donc, 140 personnes en situation de handicap et particulièrement vulnérables financièrement (dont 95 au Togo, 42 au Bénin et 3 en Côte d’Ivoire), ont bénéficié de services de réadaptation physique grâce au support financier du CICR. Aussi, 18 patients du CRAO de Kara au Togo ont bénéficié de frais de transport pour accéder aux services de réadaptation. Du côté formation, 52 professionnels en ortho-prothèse et en kinésithérapie ont bénéficié du renforcement des capacités sur plusieurs thèmes touchant les soins de réadaptation.