Togo – ONG PASDIB : Trois ans pour développer les compétences entrepreneuriales des femmes rurales des communes Bas-Mono 1 et 2

Société Civile Médias
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(Société Civile Médias) – Difficultés d’accès aux débouchés et problèmes de mévente, pourrissement de leurs produits, manque d’équipements pour la petite transformation ou la conservation, récoltes insuffisantes dues aux aléas climatiques…nombreux sont les défis auxquels sont confrontées les femmes agricultrices des communes Bas-Mono 1 et 2. Des défis qui maintiennent ces femmes dans la précarité en dépit des efforts qu’elles déploient. A l’ONG PASDIB (Programme d’Appui à la Société Civile pour un Développement Intégré à la Base), on estime qu’il est urgent non seulement de rendre professionnel les pratiques culturales de ces femmes rurales, mais aussi de faire d’elles de vraies entrepreneures. C’est dans ce cadre que cette organisation a initié le projet dénommé « Projet de développement des compétences entrepreneuriales des femmes leaders rurales des communes Bas-Mono 1 et 2 » officiellement lancé le vendredi 1er juillet à Afagnan.

Le projet est initié avec l’appui financier de la fondation HANNS SEIDEL. A en croire les responsables de l’ONG PASDIB, qui ne sont pas à leur première expérience avec les femmes paysannes des deux communes, l’initiative est loin d’être le fruit d’un hasard.

« En 2020, un diagnostic rapide a été fait en faveur des groupements de femmes agricultrices des deux communes pour mieux cerner les causes de la non amélioration de leur condition de vie face à l’évolution et aux difficultés de nos jours. C’est à l’issu du résultat de cette étude que nous avons jugé opportun de soutenir les paysannes de ces communes plus précisément les 10 groupements de 25 femmes au moins dans l’entrepreneuriat », explique Edi Afi Kpogan-Amouzou, directrice exécutive de l’ONG.

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Intervention du Secrétaire général de la préfecture de Bas-Mono lors du lancement

Une des femmes agricultrices d’Afagnan et présidente du groupement ‘‘Jupiter’’, Makpossinou Gnagblodjro confirme les résultats très peu reluisants du diagnostic fait par l’ONG PASDIB. D’après cette dernière, nombreuses sont les difficultés auxquelles elles et les autres femmes agricultrices des communes Bas-Mono 1 et 2 sont confrontées en dépit des efforts qu’elles déploient dans le cadre de leurs activités agricoles.

« En plus d’être confrontées aux problèmes de mévente, nous subissons les aléas du climat. Nos produits agricoles, notamment les tomates et les piments, pourrissent la plupart du temps faute de débouchés. Aussi, quand il ne pleut pas suffisamment, nos récoltes de maïs et d’autres céréales sont maigres et nous nous en sortons perdantes après plusieurs mois d’efforts. Tout cela ne nous permet pas d’avoir suffisamment de revenus pour nous occuper de nos familles. Si le projet de l’ONG PASDIB peut nous aider à booster nos activités, il ne peut qu’être le bienvenu », souhaite Mme Gnagblodjro.

Développer les capacités entrepreneuriales des femmes paysannes

Lancé le vendredi 1er juillet 2022 à Afagnan en présence des autorités locales, le projet de l’ONG PASDIB consistera à développer les capacités entrepreneuriales des femmes membres de 10 groupements productrices, transformatrices et commerçantes de tomate, d’arachide, de maïs, de haricot et d’autres produits dans les communes Bas-Mono 1 et 2. Il s’agira de promouvoir les bonnes pratiques au niveau de tous les maillons d’activités des femmes rurales ciblées pour leur permettre de vivre réellement de leurs activités agricoles.

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Vue des bénéficiaires du projet lors de la cérémonie de lancement

Pour ce faire, les bénéficiaires de cette initiative seront renforcées par le biais d’un ‘’Atelier de formation visant à développer leurs compétences entrepreneuriales dans le domaine de l’agriculture/transformation et la commercialisation de leurs produits agricole’’. Cet atelier de formation se tiendra en deux volets. D’abord une formation générale de trois jours, puis une formation de proximité pour permettre une bonne réplication des thématiques.

Dans les détails, la formation générale portera sur plusieurs modules, notamment la citoyenneté.

« Avant que les femmes ne puissent émerger dans leur environnement de vie, il faudrait qu’elles connaissent leurs droits et devoirs, qu’elles sachent vivre en harmonie les unes avec les autres. Voila ce qui explique cette formation à la citoyenneté à l’issue de laquelle des clés de connaissance en droits et devoirs des femmes selon le Code togolais seront élaborées et mis à disposition des femmes membres des 10 groupements ciblés », explique la directrice exécutive de PASDIB.

La formation à la citoyenneté sera suivie d’une autre en entrepreneuriat qui consistera à apprendre aux femmes comment s’organiser au niveau des maillons des filières agricoles. Alors qu’elles sont confrontées à des problèmes liés à la conservation, la transformation et la commercialisation de leurs produits, elles seront également outillées sur cet aspect, sans oublier qu’elles auront aussi des notions sur comment chercher des marchés pour l’écoulement de leurs productions.

« Il ne suffit pas de produire et de transformer. Il faut aussi trouver des marchés pour vendre les produits. La formation pratique dont elles vont bénéficier permettra de faire d’elles de vraies entrepreneures et de leur donner diverses astuces pour savoir comment et où écouler leurs produits pour ne pas courir le risque de les voir pourrir. Aussi, vu qu’elles sont des agricultrices, elles auront des notions sur la gestion intelligente de l’environnement afin que les aléas climatiques n’aient pas de répercussions sur leurs activités », indique la coach Obi Tchamsi, sollicitée par l’ONG PASDIB pour la formation.

Par ailleurs, en plus de ces phases de formation, PASDIB prévoit organiser les paysannes autour d’une plateforme selon leurs maillons d’activités, pour favoriser la collaboration entre elles et les élus locaux. L’idée est de leur permettre de s’informer, de bénéficier des avantages qu’offre l’Etat et de participer pleinement au développement de leur commune. Et à la fin de ce projet, l’ONG espère opérer un certain nombre de changements qui auront des répercussions significatives sur les activités des femmes et leur épanouissement.

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La Directrice exécutive de l’ONG PASDIB au cours de son interview avec les médias

« A l’issue de ce projet, nous voulons voir 250 femmes agricultrices au moins devenir des entrepreneurs autour de cinq filières agricoles à savoir le maïs, le manioc, la tomate, le haricot et l’arachide. Nous voulons les voir faire de ces filières leur métier pour que l’activité qu’elles y mènent puissent leur permettre de réellement s’en sortir, de s’occuper de leurs familles, de la scolarité et de la santé de leurs enfants et de s’épanouir elles-mêmes. Car, dès que la femme est épanouie, c’est toute la famille, le quartier et la communauté qui l’est également », conclu Mme Kpogan-Amouzou.

Créée en février 1999, l’ONG PASDIB a pour but de contribuer activement à la réduction de la faim et à la lutte contre la pauvreté. Elle prône le développement humain durable par l’autopromotion de la base. Ses groupes cibles sont les femmes et les hommes des milieux défavorisés.

En 2021, PASDIB a déjà appuyé les femmes agricultrices des communes Bas-Mono 1 et 2 à travers le projet “Lutte contre les Violences basées sur le genre et la précarité socio-économique des femmes rurales dans la région Maritime du Togo/commune Bas-Mono 1 et 2”, mis en œuvre pendant six mois.

L’initiative, qui a touché plus de 500 femmes des groupements, a permis de trouver une solution aux difficultés que vivent ces dernières afin de les sortir de la précarité et de lutter contre les Violences basées sur le genre dans les deux communes.

Photo de famille à la fin de la cérémonie de lancement