Togo : « Levons-nous pour le corps de toutes les femmes », One Billion Rising Togo lance ses activités de l’année 2022

Société Civile Médias
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(Société Civile Médias) – Cette année, One Billion Rising Togo (OBR Togo) entend mener plusieurs actions en faveur de la lutte contre les violences à caractère sexuel faite aux femmes en milieux scolaire et rural. Et l’essentiel de ces actions portera sur le thème « Levons-nous pour le corps de toutes les femmes ». Pour ce mouvement, il s’agit d’amener les femmes à s’aimer elles-mêmes et à renforcer leurs capacités pour se défendre. C’est donc par une séance de causerie-débat sur les violences faites aux filles et aux femmes, organisée au Lycée Moderne d’Adétikopé (banlieue nord de Lomé), qu’OBR-Togo a lancé ses activités 2022.

Tenue le vendredi 28 janvier, cette séance de causerie-débat a permis à une quarantaine d’élèves de cet établissement, d’échanger, dans un premier temps, sur la paix. Présidente de l’association Femmes Leaders pour le Développement des Communautés à la Base (FELEADEC), Tatiana Bafeya les a entretenus sur l’importance de cultiver cette valeur essentielle pour le vivre-ensemble en communauté.

Vue partielle des élèves présents

Les causeries ont par la suite été focalisées sur les violences que subissent les femmes et les jeunes filles. Une réalité que les élèves ont touché du doigt à travers la projection du film-documentaire intitulé « Silence brisé » dont les témoignages, à la fois poignants et choquants, portaient sur les violences sexuelles subies par certaines filles, notamment le viol.


« Les élèves étaient à la fois surpris et choqués et même très touchés par ce qu’ils ont entendu. Mais pour nous, il est très important de les mettre au courant de ce qui se passe parce que ces situations constituent le quotidien de plusieurs femmes, même si beaucoup l’ignorent. Il s’agit aussi d’amener les élèves à s’exprimer sur le sujet, à en parler autour d’eux et à, si possible, témoigner s’ils en sont victimes », explique Armande Blakime, Coordinatrice de One Billion Rising Togo.

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Délier les langues aux élèves, le film-documentaire d’OBR-Togo y est parvenu vu qu’il les a amener à s’exprimer sur leur vécu, sur ce qu’ils voient dans leur communauté et à se donner des conseils. Les garçons ont conseillé les jeunes filles sur les attitudes à tenir et se sont conseillés eux-mêmes sur les comportements à adopter vis-à-vis des femmes pour éviter les violences à leur endroit. Les filles ont également libéré leur parole pour parler du sujet et donner d’utiles conseils à leurs camarades garçons. Bref chacun à su tirer ses leçons après la projection.

Armande Blakime (debout) et Tatiana Bafeya (assise au fond) échangeant avec les élèves

La séance de causerie a par ailleurs été pour OBR-Togo l’occasion de partager les dispositions légales qui protègent les droits des femmes au Togo avec les élèves.

« Cette séance de causerie-débat et surtout le film documentaire m’ont permis de me rendre compte que la violence faite aux femmes est plus grave que ce qu’on pensait. C’est vraiment émouvant et écœurant de savoir que des filles autour de nous subissent ce genre de chose alors qu’on pouvait les prévenir », déplore Roukiya Evelyne Salifou, élève en classe de 1ere C4. «L’essentiel de mon message après avoir participé à cette activité est de dire aux filles qu’il faut qu’on se méfie beaucoup, parce que les gens qui nous font du mal sont d’abord autour de nous. Il ne faut donc pas donner sa confiance à tout le monde. Et si, malheureusement, on est victime, il faut surtout parler parce que c’est cela qui aidera d’autres filles et femmes à ne pas subir la même chose », ajoute Mlle Salifou.

Lors de la projection du film-documentaire

Un des élèves garçons ayant participé à la séance, Aboubakar Fadol Tchalla estime pour sa part avoir appris des choses qu’il ignorait auparavant, notamment en ce qui concerne le viol et les violences faites aux femmes. Pour cet élève, il est temps pour chacun de prendre conscience des répercussions négatives que ce phénomène à sur notre société.

« Partout, des efforts sont en train d’être faits pour former une jeunesse de qualité, capable d’être la relève de demain. Il est donc important pour nous jeunes de prendre conscience et de savoir bannir les violences faites aux filles et aux femmes de nos comportements si nous voulons bâtir des pays prospères pour tout le monde », préconise-t-il.

Faisant désormais partie du pool d’ambassadeurs qu’OBR Togo est en train de créer au sein du Lycée Moderne d’Adétikopé, Roukiya Evelyne Salifou, Aboubakar Fadol Tchalla et la quarantaine d’élèves ayant participé à la séance de causerie-débat sont appelés à partager ce qu’ils ont appris avec les autres élèves de l’établissement.

« Leur mission sera de sensibiliser les autres élèves, de partager les témoignages qu’ils ont vu dans le film-documentaire avec les autres afin que ces derniers sachent les bonnes attitudes à adopter, prennent conscience du fait que les violences faites aux femmes est une réalité et s’engagent à lutter pour leur éradication », fait savoir la coordinatrice d’OBR Togo dont l’activité est saluée par les responsables du Lycée Modernes d’Adétikopé, parce qu’elle vient à point nommé.

Pour Essowouna Anawi, représentant le chef d’établissement à l’activité, Adétikopé étant une banlieue qui prend de l’ampleur du point de vue de la démographie et de l’urbanisation, les sensibilisations sur la paix et les violences faites aux femmes ne peuvent être que les bienvenues. Et de souhaiter qu’à partir du lycée d’Adétikopé, que les valeurs apprises par les élèves se répandent sur toute la commune Agoè-Nyivé 6.

Les activités que mènera OBR Togo en 2022

Outre la séance de causerie-débat et la projection du film-documentaire « Silence brisé » du 28 janvier dernier, OBR Togo a planifié plusieurs autres activités pour marquer de son empreinte l’année 2022. Le mouvement prévoit très prochainement enseigner aux élèves les bases du dessin pour leur permettre d’exprimer les violences qu’ils subissent autrement que par la parole. Au moins 500 élèves sont visés par cette initiative.

OBR-Togo entend également organiser plusieurs émissions radio sur le corps de la femme et comment elle doit en prendre soin pour son épanouissement.

Dans le mois de février, il est prévu une grande rencontre d’échange et de partage avec les femmes sur les violences qu’elles subissent et les clés de leur épanouissement en cette période de crise sanitaire.

Photo de famille après la causerie-débat

Le mois de mars sera, quant à lui, marqué par un atelier « I’m Remarkable » (Je suis exceptionnelle en français) à l’endroit des jeunes filles et femmes dans le cadre de la Journée internationale de la femme. Cet atelier entend les amener à célébrer leur savoir-faire et à libérer leur potentiel dans le but d’améliorer leur motivation et leurs compétences.

Le mouvement prévoit par ailleurs un ciné-débat dans une école en juin prochain.

En rappel, One Billion Rising est la plus grande action de masse qui vise à mettre fin à la violence à l’égard des femmes dans l’histoire de l’humanité. La campagne, lancée en février 2012, était un appel à l’action fondé sur la statistique stupéfiante selon laquelle une femme sur trois sur la planète sera battue ou violée au cours de sa vie. Au Togo, le mouvement a commencé en 2017.