Togo : NADDAF outille les élus locaux des communes Golfe 6, Lacs 1 et Lacs 3 sur la budgétisation sensible au genre

Société Civile Médias
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(Société Civile Médias) – Au Togo, les élus locaux et agents des mairies du Golfe 6, Lacs 1 et Lacs 3 disposent désormais de connaissances pour la prise en compte de la budgétisation sensible au genre dans l’élaboration de leur budget communal. Trois ateliers de formation, organisés du 17 au 19 août par l’association Nouvelles Alternatives pour le Développement Durable en Afrique (NADDAF), a permis de les outiller sur cette thématique. L’activité se situe dans le cadre du projet « d’appui à la décentralisation et à la gouvernance locale dans les Communes fragilisées par les Risques de Catastrophes Golfe 6, Lacs 1 et Lacs 3 », financé par l’Ambassade de France au Togo à travers son Service de Coopération et d’Action Culturelle (SCAC).

Ces ateliers se sont déroulés le 17 août à Baguida pour le compte des élus locaux de la commune Golfe 6, le 18 août à Aneho pour ceux de la commune Lacs 1 et le 19 août à Agbodrafo pour les élus locaux pour ceux des Lacs 3.

D’après les responsables de NADDAF, cette formation a pour objectif général de contribuer au renforcement de capacité des participants sur l’élaboration du budget communal sensible au genre.

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Lors de la cérémonie d’ouverture de la formation des élus locaux du Golfe 6

Défini comme un outil qui profite à tout le monde, aussi bien aux hommes et aux femmes, qu’aux filles et aux garçons, la budgétisation sensible au genre favorise une distribution équitable des ressources entre les sexes et contribue à fournir les mêmes opportunités à toutes et à tous.

A en croire Sonia Dosseh Mokpokpo, Directrice exécutive de l’ONG Cercle d’Aide Femme-Enfant (CAFE) et une des deux consultantes en genre sollicitées pour la formation, elle permet une meilleure intégration des problématiques des femmes et des hommes différentiés de la population, et notamment des hommes et des femmes.

« Ainsi, la budgétisation sensible au genre permet de mieux contrôler la façon dont le budget répond aux priorités des femmes et la manière dont les collectivités territoriales utilisent les fonds publics pour réduire la pauvreté et les inégalités. Par ailleurs, cet outil garantit un meilleur ciblage des politiques publiques, favorisant une allocation des ressources de façon plus efficiente », explique Mme Dosseh Mokpokpo. Et d’ajouter que cet outil technique aide les États et autres acteurs publics à concrétiser et mesurer leurs engagements internationaux et nationaux en matière d’égalité des sexes.

Ouverture de l’atelier de formation des élus locaux de la commune Lacs 1

D’après Abel Yikpo, chargé de programme sur la souveraineté alimentaire et mode de consommation durable à NADDAF, il s’agit donc, à travers cette formation d’aider les communes Golfe 6, Lacs 1 et Lacs 3 à définir les priorités d’allouer les ressources qui répondent aux besoins de toutes les composantes de la population notamment les femmes et les hommes, et aussi de prendre en compte, d’une manière explicite, la situation défavorable des femmes et des groupes vulnérables.

La budgétisation sensible au genre passée au crible

Cinq modules clés ont meublé la rencontre et ont porté, entre autres, sur l’intégration du genre dans le processus de budgétisation ; les étapes de la budgétisation sensible au genre au niveau communal : les points d’ancrage ; le rôle des conseillères municipales dans la budgétisation sensible au genre ; les outils de suivi et d’évaluation d’impact du budget sensible au genre.

« Avec les participants, nous avons abordé les raisons de la budgétisation sensible au genre ainsi que son importance et son utilité. Nous les avons également formés sur les principes fondateurs du Budget participatif notamment la participation, la transparence et la redevabilité, l’efficacité et l’efficience, l’inclusion, l’égalité, l’équité et la transversalité. Le module sur les étapes de la budgétisation sensible au genre a permis de les éclairer sur comment faire le diagnostic, l’évaluation des programmes et des politiques, la formulation des objectifs ainsi que leur mise en œuvre. Les conseillers municipaux et agents des mairies ciblées ont également profité de la formation pour avoir une idée du rôle qu’il leur revient dans leur commune respective pour que la budgétisation sensible au genre soit une réalité », fait savoir Sonia Dosseh Mokpokpo.

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Photo de famille avec les élus locaux de la commune Lacs 1

Bien outillés pour mieux jouer leur participation

Conseillère municipale à la commune Golfe 6, Dédé Akpédjé Messan estime que cette formation arrive à point nommé dans la mesure où la plupart des communes n’ont jusqu’alors pas tenu compte de la budgétisation sensible au genre dans dans l’élaboration de leur budget.

« Ça fait deux ans que nous existons, mais notre budget communal n’a pas tenu compte des besoins réels des hommes, des femmes, des jeunes et des personnes vulnérables. Du coup notre budget n’est pas sensible au genre. Cet atelier vient donc nous réveiller de notre sommeil et nous montrer la nécessité d’inverser la tendance pour que nos populations puissent vraiment ressentir la présence des communes à leur côté », reconnait-elle. Et d’ajouter que grâce à cette formation, le prochain budget du Golfe 6 prendra en compte le besoin réel de la population.

« Si les circonstances exigent que les femmes soient priorisées, on le fera. Si ce sont les hommes qui doivent l’être on se battra pour cela. On tiendra maintenant compte des besoins réels de chaque couche de notre population. Nous promettons donc aux organisateurs de mettre en application ce que nous avons appris au prochain conseil budgétaire pour leur prouver que ce que les formateurs nous ont appris ne sont pas tombés dans des oreilles de sourd », promet Dédé Akpédjé Messan.

Vue de la formatrice (Sonia Dosseh) lors de la formations des élus de la commune Lacs 3

Adjoko Enyonam Mensah, conseillère municipale dans le Lacs 3, estime pour sa part que sa commune est jeune et sans véritable notion sur cette thématique pourtant très stratégique.

« Nous méconnaissons le budget sensible au genre et son importance. Mais avec cette formation nous maitrisons désormais les arguments de défense de nos lignes prioritaires. Grâce à ce que j’ai appris je parviendrai à convaincre nos populations de la nécessité de payer les impôts et taxes afin que nous puissions utiliser les recettes qui en seront issues pour répondre à leurs attentes », fait-elle savoir.

Pour Yannick Le Roux, responsable du Service de Coopération et d’Action Culturelle (SCAC), en plus d’être engagé dans l’accompagnement du processus de décentralisation au Togo, l’ambassade de France accorde également une grande importance à la question du genre.

« Nous attendons de cette formation qu’elle aboutisse à un développement local qui soit le plus adapté aux attentes des populations, notamment celles vulnérables. Cette formation des conseillers municipaux et agents communaux va donc favoriser l’élaboration de budgets en adéquation avec les besoins des populations des trois communes ciblées », a indique M. Le Roux.

Les élus locaux de la commune Lacs 3 lors des travaux de groupe

A noter qu’avant cette série d’atelier sur la budgétisation sensible au genre, le projet « d’appui à la décentralisation et à la gouvernance locale dans les Communes fragilisées par les Risques de Catastrophes Golfe 6, Lacs 1 et Lacs 3 », avait formé les conseillers municipaux des trois communes sur l’élaboration du plan de développement communal (PDC). Il prévoit, très prochainement, la création d’un pool de femmes qui auront une meilleure connaissance de leur rôle dans le processus de la décentralisation.