(Société Civile Médias) – La Fistule Obstétricale est une lésion aux effets dévastateurs qui survient après l’accouchement, quand la femme a eu un travail long et difficile et qu’elle n’a pas bénéficié en urgence des soins médicaux de qualité requis. Il s’en suit une incontinence permanente d’urine et/ou des matières fécales. Les femmes touchées par cette lésion sont souvent abandonnées par leurs maris ou les membres de leur famille. Considérée comme « maladie de la honte », beaucoup l’interprètent comme étant le résultat de l’infidélité conjugale, de l’envoûtement ou de la malédiction imputée à la sorcellerie. WiLDAF-Togo pour sa part s’est engagé à faire de la lutte contre la fistule obstétricale, l’un de ses principaux défis.
Fistule obstétricale : causes, conséquences et guérison
La fistule est une pathologie invalidante, conséquence de la pression constante de la tête du bébé sur le pelvis de la mère provoquant une déchirure entre le vagin et la vessie (Fistule Vésico-Vaginale) ou entre le vagin et le rectum (Fistule Vésico-Rectale) ou les deux à la fois. Les causes de cette maladie sont entre autres : le mariage précoce et les maternités précoces ou trop rapprochées dues à l’accès limité à la planification familiale, l’accès limité aux soins médicaux et gynécologiques, l’accouchement à domicile ou sans l’assistance du personnel de santé, le non accès aux soins obstétricaux d’urgence notamment la césarienne ou une césarienne pratiquée dans des conditions inappropriées, des soins de santé maternelle de mauvaise qualité.
Dans de nombreuses zones rurales, les filles sont souvent données en mariage dès leurs premières règles : entre 10 et 15 ans. La survenue d’une grossesse chez une mère-enfant dont le bassin n’est pas suffisamment développé peut causer des complications lors de l’accouchement sans assistance médicale entraînant ainsi la fistule obstétricale chez la fille.
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En l’absence de services de santé maternelle de qualité, la fistule obstétricale peut provoquer des ulcères, des infections, des maladies rénales ou même la mort dans certains cas d’isolement ou d’abandon de la victime.
L’intervention chirurgicale est le seul moyen et le moyen le plus sûr pour soigner la fistule obstétricale. Il est important d’offrir aux femmes en travail des soins d’urgences adéquats, d’informer et de sensibiliser les femmes et les couples à l’espacement des grossesses par les méthodes de planification familiale.
Le combat de WiLDAF-Togo contre les fistules obstétricales
Dans beaucoup de communautés rurales et même urbaines au Togo, les femmes souffrant de fistule obstétricale font l’objet de rejet, d’humiliation et de stigmatisation. Sur le plan socio-économique, les conséquences de cette maladie sur la vie des femmes sont nombreuses. N’étant plus dans une disposition sanitaire correcte, elles se retrouvent dans l’incapacité d’exercer une activité génératrice de revenus. Préoccupé par la gravité des conséquences que la fistule obstétricale a sur la situation socio-économique des victimes et compte tenu de son rôle de promotion et de défense des droits humains des femmes pour l’équité et l’égalité de genre, WiLDAF-Togo met en œuvre depuis 2008, le programme de lutte contre la fistule obstétricale. Ce programme consiste à prévenir la maladie par la sensibilisation, à faciliter l’accès des victimes aux soins médicaux, à assurer le soutien psychosocial des victimes avant et après la réparation.
Réseau panafricain non gouvernemental et à but non lucratif, Wildaf (Women in Law and Developpement in Africa) promeut les droits des femmes et leur participation au développement local, national et international. Il compte à ce jour 50 organisations membres réparties sur toute l’étendue du territoire togolais. Depuis 2010, cette ONG met en œuvre le projet « Redonnons le sourire aux femmes victimes de la fistule obstétricale par leur insertion dans la communauté » dans le cadre du programme de lutte contre la fistule obstétricale. Les organisations de femmes, les femmes en milieu urbain et rural sont leurs groupes cibles. A travers des réunions publiques, des émissions sur les médias, des campagnes d’information et de sensibilisation, Wildaf Togo effectue du lobbying et des plaidoyers.
Selon les statistiques actualisés que WilDAF-TOGO a mis à notre disposition, 381 cas ont été pris en charge dont 268 guéris de 2013 au premier semestre 2020. L’intervalle d’âge des patientes est compris entre 14 et 60 ans.
Par ailleurs, WilDAF-TOGO assure la réintégration sociale des femmes guéries et s’implique dans leur réinsertion socioéconomique assurée par le Ministère de l’Action Sociale de la Promotion de la Femme et de l’Alphabétisation. Le programme est mis en œuvre dans les six (06) Régions du pays : Grand Lomé, Maritime, Plateaux, Centrale, Kara et Savanes.