Togo – SDSR : Formés, des acteurs s’engagent pour l’accès de tous, y compris des minorités sexuelles, aux soins de santé

Société Civile Médias
6 Min Read

(Société Civile Médias) – Au Togo, 50 acteurs étatiques des régions sanitaires Centrale, Kara et Savanes, dont la vocation première est de protéger le citoyen, disposent désormais d’outils pouvant leur permettre d’œuvrer en faveur de l’accès de tous, y compris les minorités sexuelles, à la Santé sexuelle et de la reproduction (SSR). A l’initiative du « Mouvement Pro SSR pour tous au Togo », ils ont été formés du 14 au 16 avril sur les Droits à la SSR et les Violences faites à l’égard des minorités sexuelles. Mieux, ils s’engagent à mener des actions pour un changement de mentalité en ce qui concerne l’accès aux soins de santé des minorités sexuelles.

A l’instar de la première session, organisée du 24 au 26 mars à l’intention des acteurs étatiques des régions sanitaires du Grand Lomé, des régions Maritimes et des Plateaux, le deuxième atelier, qui s’est déroulé à Tchitchao dans la région de la Kara, se situe dans le cadre de la mise en œuvre du projet «Engagement de la société civile pour la promotion de la Santé, Droits sexuels et de la Reproduction pour Tous au Togo ». A travers plusieurs modules, les participants (issus des services judiciaires et sécuritaires, des services de l’action sociale et de la santé) ont vu leurs connaissances améliorer sur la Santé et droit sexuel et reproductifs (SDSR). Ils ont également été sensibilisés sur leurs rôles et responsabilité vis-à-vis de tout citoyen en matière de droit et ont acquis des connaissances sur les mécanismes de lutte contre les violences et les discriminations défavorables à la jouissance de la SDSR par tous.

Le Coordinateur national adjoint du SP/CNLS au cours de l’atelier

 « Vous n’êtes pas sans savoir qu’au niveau national, le Togo s’est engagé pour un développement inclusif à travers le PND. Mais nous avons, à travers une analyse de la situation, constaté qu’en termes d’accès à la SSR, il y a une frange des Togolais qui sont exclus, en l’occurrence les minorités sexuelles. Ce qui n’est pas normal. A travers cette formation, nous avons fait comprendre à ces acteurs, qui jouent un rôle clé dans la protection des citoyens, la nécessité d’œuvrer pour que chaque Togolais, qui qu’il soit, puisse avoir accès aux soins de santé », a indiqué Nadzombé Datagni, Directeur exécutif de l’ONG Appui au développement et à la santé communautaire (ADESCO), chef de file du ‘‘Mouvement pro SSR pour tous’’.

Lire aussi : Togo : Des acteurs étatiques outillés sur les Droits à la SSR et les violences à l’égard des minorités sexuelles

- Advertisement -

D’après M. Nadzombé, au terme de cet atelier, chaque ministère est appelé à faire une analyse approfondie pour voir quels sont les acquis d’inclusions, quels sont les gaps sur lesquels chaque participant, au retour, va travailler avec ses collaborateurs pour que chaque Togolais, quelque soit son statut, puisse avoir accès aux services de santé adéquat.

Vu des agents de forces de l’ordre présents à la rencontre

Des acteurs s’engagent et sensibilisent

Commissaire de la ville de Barkoisi, située non loin de Dapaong, Téné Yenga dit avoir compris, après cet atelier, que tout être humain a droit aux soins sanitaires, quelque soit son groupe social. De retour dans sa localité, il compte mener sur le sujet un véritable travail de sensibilisation, surtout à l’endroit de ses agents.

« Le travail que j’aurai à faire à mon retour est de sensibiliser les agents de forces de l’ordre de notre localité sur l’accès de tous aux soins de santé et de les préparer à une franche collaboration avec les organisations de la société civile », promet-il.

« Nous ne pouvons qu’être reconnaissants envers les organisateurs de cet atelier parce que ça nous a ouvert les yeux et nous a outillés sur le droit aux soins de santé, surtout en ce qui concerne les minorités sexuelles », se réjouit de son côté Djobo Hervé Looky, médecin de santé publique et actuel directeur préfectoral de santé de Cinkassé, localité située à 38 km au nord de Dapaong. « Nous reconnaissons qu’avoir accès à ses soins constitue un besoin de base et sommes conscients que ça doit être inclusif », ajoute-t-il.

Photo de famille

D’après M. Looky, il est temps de sensibiliser l’ensemble des acteurs de santé sur l’existence des minorités sexuelles et de les amener à servir tout le monde, sans distinction. A ses collègues auteurs de comportements discriminatoires à l’endroit des minorités sexuelles, il adresse un message.

 « Nous avons prêté serment pour servir tout le monde et nous devons nous conformer à cela. En plus, qui sait si nous n’avons pas des personnes faisant partie de ces minorités dans nos familles. Donc si nous les violentons, nous risquons de faire mal à nous-mêmes. Les personnes faisant partie des minorités sexuelles ont aussi des droits, et c’est à nous de faire en sorte que ces personnes puissent en jouir ».

La rencontre, il fait le rappeler, a été financée par le partenaire “AmplifyChange”. Elle est organisée avec l’appui technique du Secrétariat permanent du Conseil National de Lutte contre le SIDA et les Infections Sexuellement Transmissibles (SP/CNLS-IST).