(Société Civile Médias) – Elle a consacré sa vie à lutter contre le patriarcat, la polygamie, le port du voile islamique, l’excision et toutes les formes de violences faites aux femmes. Son engagement a inspiré des générations de féministes en Égypte, sur le continent africain et bien au-delà. Nawal El Saadawi est décédée dimanche à l’âge de 90 ans.
Née le 27 octobre 1931 à Kafr Tahla, un village du delta du Nil, Nawal El-Saadawi a étudié la médecine à l’université du Caire et à l’université de Columbia, à New York. L’excision, qu’elle subit à l’âge de 6 ans, ainsi que son expérience de femme psychiatre dans sa campagne natale, lui ont permis de forger ses convictions.
Visage de la lutte pour l’émancipation des femmes dans le monde arabe, son engagement, notamment son franc-parler et ses positions audacieuses sur des sujets jugés tabous lui ont valu des ennuis avec les autorités égyptiennes, les institutions religieuses et les islamistes radicaux. Chose évidente quand on sait que l’Egypte est une société largement conservatrice.
Brisant les tabous sur le sexe et la religion, stigmatisant l’autoritarisme comme l’islamisme, elle fut brièvement emprisonnée en 1981 sous l’ex-président Anouar al-Sadate. En 1993, Nawal El Saadawi fuit son pays avant d’y revenir au début des années 2000.
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« L’écriture est devenue une arme pour combattre le système, qui tire son autorité du pouvoir autocratique exercé par le dirigeant de l’Etat, et celui du père ou du mari dans la famille », confiait, en 1999, celle qui est aussi une écrivaine prolifique.
La Femme et le Sexe, son premier essai paru en 1969 a ouvert le débat sur la pratique des mutilations génitales et a été condamné par les autorités politiques et religieuses. Il lui valut de perdre son poste au ministère de la santé.
Nawal El-Saadawi a à son actif une production littéraire abondante de plus de cinquante livres, traduits dans une trentaine de langues. Des ouvrages consacrés pour la plupart à la défense des droits de la femme.
« J’ai dédié toute ma vie à l’écriture. Malgré tous les obstacles, j’ai toujours continué à écrire », avait dit Nawal El-Saadawi qui laisse deux enfants, une fille et un garçon.