Togo : Une cinquantaine d’OSC de défense des droits de la femme réclament la mise en liberté de Brigitte ADJAMAGBO-JOHNSON

Société Civile Médias
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(Société Civile Médias) – Des organisations togolaises de défense des droits de la femme, une cinquantaine, apportent leur soutien à Brigitte Kafui ADJAMAGBO-JOHNSON, arrêtée le 28 novembre dernier et détenue dans les locaux du Service Central de Recherches et d’Investigations Criminelles (SCRIC). Dans une lettre ouverte adressée ce 4 décembre au ministre de la Justice et de la législation, elles se disent  »stupéfaites » par cette arrestation qui, selon elles, constitue une  »violation flagrante des dispositions du code de procédure pénale ». Tout en demandant que les droits de l’opposante et acteur de la société civile  »soient protégés en toute circonstance », ces OSC appellent le ministre en charge de la Justice à prendre des dispositions pour procéder à sa mise en liberté.

Ci-dessous, l’intégralité de la lettre ouverte adressée au ministre

LETTRE OUVERTE AU GARDE DES SCEAUX MINISTRE DE LA JUSTICE ET DE LA LEGISLATION

Depuis le 28 Novembre 2020, Mme Kafui ADJAMAGBO-JOHNSON, Coordinatrice régionale pour l’Afrique de l’ouest de Femmes, Droit et Développement en Afrique (WiLDAF/FeDDAF-AO) et Secrétaire Générale de la Convention Démocratique des Peuples Africains (CDPA), le 28 Novembre 2020 est détenue dans les locaux du Service Central de Recherches et d’Investigations Criminelles (SCRIC).  Cette arrestation se justifie, selon le communiqué du Procureur de la République, par les besoins d’une enquête dans le cadre d’une tentative de déstabilisation des institutions de la République et d’une atteinte à la sécurité intérieure de l’Etat dans laquelle serait impliquée Mme Kafui ADJAMAGBO-JOHNSON et un autre membre du mouvement DMK.

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Nous, organisations de défense des droits des femmes, sommes stupéfaites par cette arrestation en violation flagrante des dispositions du code de procédure pénale en la matière : duperie sur la convocation, non signification immédiate des charges retenues contre la prévenue pour l’interpeller, perquisition de son domicile sans mandat légal, etc.

Nous nous posons beaucoup de questions sur le bien-fondé de cette arrestation. Mme ADJAMAGBO-JOHNSON est bien connue pour son engagement pour le respect des droits humains, de l’Etat de droit ainsi que pour son intégrité et sa moralité.  Femme d’honneur qu’elle est, elle se présenterait à toute convocation de l’autorité administrative et judiciaire, d’ailleurs ne s’est-elle pas présentée d’elle-même au SCRIC dès que convoquée après sa visite à son Collègue de lutte M. Gérard DJOSSOU, détenu dans les mêmes locaux ? N’avait-elle pas collaboré avec la justice et répondu à toutes les convocations lors de la précédente poursuite judiciaire contre elle ? Pourquoi ordonner la perquisition de son domicile sans mandat, suivie de sa garde à vue sans notification immédiate de charges retenues contre elle, tout ceci au mépris des dispositions du Code de procédure pénale dont le Togo s’est lui-même doté ?

Ce constat désolant pour elle et notre pays justifie notre démarche, en tant qu’organisations de femmes défenseurs pour réclamer que ses droits soient protégés en toute circonstance.

Monsieur le Ministre, Nous, organisations de défense des droits des femmes demandons que vous fassiez prendre toutes les dispositions pour le respect total des dispositions légales et réglementaires liées à cette action.  Par ailleurs, nous sommes convaincues qu’il n’est point nécessaire de maintenir Mme ADJAMAGBO –JOHNSON et son collègue en détention si tant est que l’on procède à une enquête en vue de leur inculpation. C’est pourquoi, nous vous exhortons, Monsieur le Ministre à faire prendre toutes les dispositions contre la violation des droits humains, la protection de la Dignité humaine, principes fondamentaux auxquels le Togo, notre pays, a adhéré et inscrit à l’article 16 de la Constitution.  Pour terminer, Monsieur le Ministre, Mme B. K.  ADJAMAGBO-JOHNSON offre toutes les garanties de représentation à toute convocation au cours de la procédure judiciaire engagée contre elle. Ainsi nous vous serons reconnaissantes de bien vouloir faire procéder à sa mise en liberté. 

Monsieur le Ministre, espérant une prompte réaction de votre part, nous vous prions d’agréer l’expression de nos sentiments respectueux.

Lomé, le 04 Décembre 2020

Les Organisations de Défense des Droits des Femmes

ADA, AFDS, AFE, AFEL, AFUAD, AFVA, AIDE, AGIR, ALAFIA, ALOVED-TOGO, AMC, APDF, APMED, APROFETHO, APTV, ASDES, ASFEEN, ASI, Association St Marcel, BRACRU-TOGO, CAFE, CDIA, CDIB, CFA, CFPED, Cellule Femme AMNESTYINTERNATIONAL, Centre SOGOLON, CNFT-CSTT, CODEBA, COFESYNISTAT, COLOMBE CONAFESYTO, CREDO ACTION, ECHOPPE, Ecole et VIE, FAMME, FDA, FeComDe, FID, Floraison, Fondation SOIF, FRA-LOM, GF2D-CRIFF , Horizon Développement, LA, ODJOUGBO, OFED, ONG MOKPOKPO, PAFED, REPSFECO-TOGO, SOS-VITA-TOGO, SOTCHI