Togo : Les employés licenciés de la SOFANAT se disent « abandonnés » par la CSTT

Société Civile Médias
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(Société Civile Médias) – Licenciés en avril dernier, en pleine crise sanitaire, les 170 employés de la Société de fabrication de nattes (SOFANAT) ne sont pas du tout ravis de la façon dont la CSTT (Confédération Syndicale des Travailleurs du Togo) traite leur dossier. S’estimant « abandonnés » par leur syndicat de base, ils accusent les responsables de cette organisation de prendre position en faveur de leur employeur.

Pour rappel, le licenciement des 170 employés est intervenu suite à leur opposition à la décision unilatérale de leur employeur de réaménager leurs horaires de travail, dans le cadre des mesures prises par le gouvernement togolais pour lutter contre la propagation du coronavirus. Des horaires qui sont passés de 8 heures de travail par jour (durée réglementaire et habituelle) à 12 heures de travail. A l’époque, ce licenciement a été dénoncé par l’ONG Solidarité et Action pour le Développement Durable (SADD) qui parlait de violation flagrante des dispositions en vigueur dans le monde du travail au Togo.

Sept mois après, les 170 employés congédiés ne baissent pas les bras. Soucieux de retrouver leur poste, ils ont dénoncé, ce week-end, le « silence de l’administration du travail »  vis-à-vis du dialogue social avec leur employeur, ainsi que la façon dont la CSTT a géré cette crise.

« La CSTT a accepté de nous accompagner dans cette crise, mais ce qu’elle a fait par la suite, nous ne l’avons pas compris jusqu’alors »,  a dénoncé Joachim TEPE, un des délégués syndicaux de la SOFANAT, lors d’une conférence de presse organisée samedi 31 octobre à Lomé par l’Union syndicale des travailleurs de la Zone franche d’exportation (USYNTRAZOFE) et les délégués du personnel de la SOFANAT.

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Il est d’abord reproché à la centrale syndicale d’être passé en négociation avec les propriétaires de la SOFANAT sans l’avis des employés licenciés. « Nous n’avons pas accepté cette attitude parce que nous représenter sans notre consentement, c’est agir contre nous », estime Joachim TEPE.

La CSTT est également accusée d’avoir voulu organiser les travailleurs de la SOFANAT pour affronter les employeurs en rang dispersé.

« Dans le contexte précis, la CSTT a demandé aux travailleurs d’accepter l’entretien individuel que propose l’employeur. Mais en plus de ça, lorsque l’employeur a commencé à exiger la lettre de demande d’excuse, nous avons une fois de plus fait recours à la CSTT qui nous a demandé d’aller écrire cette lettre. Et pour tester la bonne foi de cette organisation, les travailleurs sont revenus voir ses responsables pour leur demander de les aider à produire une lettre d’excuse exemplaire afin de ne pas commettre d’erreur. Mais la CSTT a opposé un refus à cette demande parce qu’elle ne voulait pas répondre de ce qu’il en découlera », relate M. TEPE.

Pour les employés licenciés de la SOFANAT, il y a de quoi douter de l’accompagnement de la CSTT au vu des comportements de ses responsables. Et au regard de la persistance de la crise, l’USYNTRAZOFE a décidé de suspendre provisoirement sa participation aux activités de l’organisation syndicale.

« Nous l’avions fait dans l’espoir que la CSTT nous réinviterait pour redéfinir une nouvelle stratégie afin de trouver une issue à cette crise, mais jusqu’à ce jour, elle n’a pas fait ce pas. Ce que nous regrettons », déplore Joachim TEPE qui dénonce également le silence de l’ensemble des centrales syndicales du Togo dans ce dossier.