Togo : L’ONG AE2D forme plus de 50 femmes en transformation de noix de karité en beurre

luzdelsol668
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(Société Civile Média) – Au Togo, la filière karité s’est redynamisée ces dernières années. Elle occupe en majorité les femmes rurales et demeure une importante source de revenus et d’emplois en milieu rural. C’est essentiellement les femmes de la partie septentrionale (nord-Togo) qui s’adonnent à cette activité à travers la production et la commercialisation du beurre de karité et de ses produits dérivés. Parmi elles, les femmes des villages d’Agbawilga, Kitangoli et Bem, situés dans la préfecture de Tchamba (environ 370 km au nord de Lomé). A l’initiative de l’ONG AE2D (Action Environnementale pour le Développement Durable), elles ont été formées en transformation des noix de karité en beurre.

Les trois villages susmentionnés sont situés dans les environs de la forêt communautaire d’Alibi-I. Ils bénéficient, depuis 2010, d’un appui accompagnement dans la valorisation des Produits Forestiers Non Ligneux (PFNL). Après un appui organisationnel, l’union des groupements de valorisation des noix de Karité a bénéficié d’un kit de transformation des noix en beurre. Cette formation vient donc apprendre aux femmes à maîtriser le processus de transformation. Elle a reçu l’appui financier du PPI 5, Programme de Petite Initiatives de l’UICN (Union Internationale pour la Conservation de la Nature), de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et de l’ONG Internationale Vétérinaires Sans Frontières Suisse (VSF-Suisse).

Comment se fait la transformation ?

La transformation des noix de Karité en beurre se fait à travers plusieurs étapes ou processus dont la collecte des noix.

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La campagne de collecte des noix va de Mai à Juin. Elle se fait dans les agro forêts à Karité en grande partie et dans la forêt communautaire d’Alibi-I. Elle se fait à la main ou avec une ramasseuse artisanale et généralement par les femmes après les activités champêtres ou très tôt le matin avant d’aller au champ.

Une femme après la collecte des noix de karité

Les graines collectées fraîchement ont un fort pouvoir germinatif. Ces noix sont ensuite acheminées et traitées dans des fours traditionnels pour le séchage. Les noix s’assèchent sous l’effet de la vapeur et de la fumée pendant 2 à trois jours. Elles sont ensuite enlevées et décortiquées puis ensachées pour la conservation. Ce système de four traditionnel permet de réduire considérablement le taux d’humidité dans les amandes. Une fois décortiquées, le séchage n’est plus important, alors qu’il est impératif lorsqu’on le fait par cuisson.

Extraction du beurre

La première étape consiste à la torréfaction des amandes. Après cette étape, les graines sont concassées dans un mortier ou à la concasseuse. La mouture est ensuite faite sur meule ou dans un moulin. La pâte obtenue est repartie ensuite dans des bassines pour le barattage à la main ou directement dans une baratteuse.

Etape de barratage

L’extraction de l’écume (l’huile brute) se fait par ajout progressif de l’eau tiède. L’eau tiède va permettre de séparer le beurre des autres composants de l’amande, notamment les impuretés qui se déposent au fond du récipient. On y ajoute alors suffisamment d’eau et le beurre, sous la forme de pâte, remonte à la surface du fait de sa masse volumique inférieure à celle de l’eau. Le beurre est ainsi récupéré à la surface sous forme de pâte blanchâtre. On peut y encore ajouter de l’eau pour le débarrasser des impuretés qu’il contient afin de le rendre plus propre.

Après cette étape, débute le raffinage de l’huile qui une fois retiré, le beurre (écume) est malaxé et remis au feu avant d’être cuite pendant environ deux (02) heures. La pâte se fond et se transforme peu à peu en liquide très noir. A l’aide d’une spatule, on remue le liquide pour accélérer l’évaporation de l’eau et le dépôt des impuretés au fond de la marmite. Peu à peu, l’huile apparait et le liquide noir s’éclaircit. L’huile apparaît progressivement à la surface. L’huile est prête lorsqu’elle devient claire et on arrête de remuer à cette étape pour ne pas mélanger l’huile aux impuretés qui sont au fond de la marmite.

Etape de l’extraction du beurre de karité

Lorsqu’ une couche épaisse se forme à la surface, on cesse de remuer. La marmite est alors ôtée du feu. L’on procède au recueil de façon délicate de l’huile pour y laisser le déchet au fond de la marmite et pour laisser l’huile se refroidir. Un jour après cette extraction, on procède à l’homogénéisation de l’épaisseur du beurre où l’huile complètement refroidie, est transvidée dans une autre marmite pour laisser à nouveau les déchets déposés. L’huile, ainsi décantée et pure, est prête à être conditionnée. La qualité de l’huile extraite est fonction de la qualité des graines (propreté) et des mesures d’hygiène observées lors du processus.

Il faut rappeler que le beurre ainsi produit est vendu localement brut, ou transformé notamment en produits cosmétiques.

(Auteurs : Hodabalo KPEMOUA, Madinassonon ALEMA, Yacoubou IDRISSA et Komi TOMEGAH)

 

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