Aridja Frank, le stimulus de l’émancipation politique de la femme togolaise

Société Civile Médias
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(Société Civile Média) – Dans le domaine de la promotion politique des femmes, il devient de plus en plus reconnu que les femmes doivent forger elles-mêmes leurs capacités tout en étant soutenues par un environnement favorable. C’est ce à quoi s’attèle Aridja Frank, coordinatrice régionale de la Fondation Hanns Seidel. Portrait d’une femme véritablement engagée pour l’émancipation politique de la femme togolaise.

Femme au parcours très atypique et très déterminée, Aridja Frank est diplômée en Biologie moléculaire appliquée en France. Elle était au prime abord intéressée par la recherche, mais contrainte de vivre entre la France et l’Allemagne où vivait son futur mari qui étudiait les Sciences Po, elle décide de rester à ses côtés et de faire des études dans le même domaine que lui. Au cours de ses études en Sciences Po, elle bouquine assez sur son Togo natal et découvre la mauvaise organisation des administrations publiques au cours de ses stages dans des pays de la sous-région.

A son retour au pays, elle décide de partager son enrichissante expérience dans l’administration allemande avec les siens. Elle intègre alors en l’an 2000, le bureau régional de Fondation Hanns Seidel sur place, une fondation qui lui a beaucoup donné lors de sa formation.

Des valeurs citoyennes et politiques

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Femme très engagée, Aridja Frank, tente de transmettre depuis 19 ans ses expériences acquises et de l’ensemble du patrimoine d’idées amassées en terre allemande à travers la fondation Hanns Seidel. Comment se transmet la culture politique, par quels canaux se diffuse-t-elle ? Comment devient-on citoyen ? Quelle est l’étendue de la citoyenneté et quels sont les obstacles qui la limitent ? C’est toutes ces valeurs qu’elle s’efforce d’inculquer aux Togolais. « En Allemagne, un parti politique qui arrive à faire deux fois consécutivesun score de 10% aux élections législatives, avec une représentation à l’assemblée nationale, a le droit d’avoir une fondation politique. Et cette fondation forme les militants et sympathisants à deux choses : la citoyenneté et la politique », déclare-t-elle. « On ne fait pas de la politique sans la citoyenneté. Je suis citoyenne togolaise (…) par des valeurs que je porte », martèle l’experte en Sciences Po.

Notons au passage que la fondation Hanns Seidel s’est installée au Togo depuis mai 1977 et beaucoup de cadres togolais ont été formés par le truchement de cette fondation. Avec le renouveau démocratique, il n’y a pas eu de consensus avec les partis politiques qui devaient envoyer des militants en formation. La formation politique s’est donc muée en formation professionnelle.

Pour l’émergence politique de la femme

Il est clair aujourd’hui qu’on ne peut pas parler de politique sans évoquer le leadership et l’implication des femmes à la vie politique. Le constat est amer au Togo, elles sont sous représentées aussi bien comme électrices que dans les fonctions dirigeantes, malgré les progrès réalisés en matière d’égalité des sexes. Pour Aridja Frank, c’est le combat de toute une vie.

L’éducation de la jeune fille, intéresser les filles à la chose politique dès les bancs de l’école, les rassembler régulièrement afin qu’elles apprennent à s’aimer, à se soutenir mutuellement, sont autant de causes qui tiennent à cœur à cette dame très audacieuse. « Il y en a qui pensent qu’on peut se lever parce qu’on est une femme et commencer par faire la politique. Non ! Il faut aller à l’école de la politique », déclare-t-elle.

Ceci a trait à la fois à la promotion individuelle, telle que l’accroissement des compétences civiques et individuelles, et à la promotion collective. La promotion politique implique aussi la création d’un environnement propice qui permette aux femmes d’utiliser leurs compétences pour aborder les problèmes de la société sur un pied d’égalité avec leurs collègues hommes. « A la création du GF2D (Groupe de réflexion et d’action Femme, Démocratie et Développement), nous les avons soutenus à travers la formation des para-juristes. A l’époque nous n’étions pas à l’heure de l’émergence des femmes en politique. Les conditions ne s’y prêtaient pas. En tant qu’observateurs, quand nous avions constaté que l’environnement politique était devenu propice à une formation politique pour les femmes, nous sommes à nouveau rentrés en partenariat avec le GF2D, en 2012. Nous avions fait venir deux femmes politiques allemandes pour une formation. Nous avons lancé un programme de renforcement de capacités des femmes en politique », raconte-t-elle.

Pour Aridja Frank, l’émergence des femmes en politique est en bonne voie. « Il y a des entraves qui font que les femmes n’émergent pas en politique. Mais leur absence n’est pas aussi criarde que ça. Nous devons aller pas à pas et ne pas brûler certaines étapes. Nous sommes impatiente, mais je pense que nous sommes dans le tempo », conclut-elle.

Vivement l’effectivité de cette émergence !

Edem PEDANOU (Portrait réalisé dans le cadre du projet « Egbenana » du Pro-CEMA)

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